Il s'agit d'un beau jeune homme très allumé, volubile, brillant, drôle, qui s'exprime très bien et qui ne recule devant aucune question. Le genre qui va se débrouiller n'importe où et c'est très bien parce que Francis Verreault-Paul est un Innu de Mashteuiatsh, que vous connaissez peut-être sous le nom de Pointe-Bleue, au Lac Saint-Jean.

Ancien capitaine des Saguenéens de Chicoutimi, le voici avec les Redmen de McGill où, l'an dernier à sa première saison, il a été choisi le joueur par excellence du hockey universitaire de l'est du Canada. Une machine à mettre la rondelle dans le but et à faire marquer ses coéquipiers.

Alors, Francis, la grande ville?

«La ville ne me faisait pas peur, mais j'étais inquiet à l'idée d'étudier en anglais. Je ne parlais presque pas anglais à mon arrivée, rien que l'anglais d'une chambre de hockey. Mes premiers cours auraient pu se passer en chinois et ç'aurait été pareil. J'ai réussi à passer tous mes cours de justesse - Francis étudie en psychologie (NDLR) -, mais c'était très dur. J'améliore mes notes à chaque session et j'ai l'intention de faire une maîtrise.»

Et la vie quotidienne dans la grande ville?

«Avant, je préférais Québec à Montréal. Mais après deux ans ici, j'aime mieux Montréal. Il y a une belle ambiance, il y a toujours quelque chose à faire, un nouveau restaurant à essayer...

«Je me sens maintenant chez moi, mais mon petit coin de pays restera toujours imbattable. Pour jouer au hockey, j'ai quitté le foyer à 15 ans, je m'ennuie de ma famille, de mes trois frères avec lesquels je suis très proche. J'y retourne avec plaisir chaque été.»

Et le hockey? Tu fais des ravages encore cette année...

«L'an dernier, je suis arrivé à McGill blessé. J'ai raté le camp d'entraînement et tous les matchs hors concours. Puis j'ai commencé à jouer sur le quatrième trio, il y a eu des blessés et je me suis retrouvé sur le deuxième. Et joueur par excellence dans l'Est...

«Chicoutimi est une bonne ville de hockey junior, j'ai adoré joué là pendant cinq ans. Mais j'aime aussi le hockey universitaire. Quand notre petit aréna est plein, il contient 2000 places comparé à 4500 à Chicoutimi, il y a une ambiance de party. Les spectateurs font du bruit, il y a de la musique live et on a beaucoup de plaisir.

«Les Redmen sont la plus vieille équipe de hockey universitaire. Mais ils n'ont jamais remporté le championnat canadien. Nous sommes classés parmi les trois premiers au Canada cette année, tandis que l'Université de l'Alberta est au premier rang. Nous avons participé aux séries éliminatoires l'an dernier, mais nous n'avons pas atteint la finale. Mon but ici est d'être membre de la première équipe de McGill à remporter le championnat canadien.»

As-tu une blonde, Francis?

«Oui, mais elle est à Chicoutimi. C'est l'amour à distance.»

En 2012, Francis Verreault-Paul entreprendra une nouvelle aventure. Laquelle? À 5'9 et 178 livres, il n'a pas été repêché par la Ligue nationale.

«Mon premier choix, avant de reprendre les études, serait de jouer dans la Ligue américaine, juste pour me prouver que je suis capable. Mais je suis réaliste, les joueurs universitaires sont rarement embauchés par la Ligue américaine. Mathieu Darche, un ancien de McGill, est une exception. Sinon, tout le monde me dit du bien de l'Europe. Ça serait une belle expérience de vie.»

Je vous parie qu'importe où il ira, Francis va très bien s'adapter.

Enfin, si jamais vous passez dans le coin de Roberval, prenez le temps de visiter le très joli village de Mashteuiatsh. Les gens sont accueillants, intéressants et ils prennent le temps de vous parler... en français. Ça vous changera d'Oka et des warriors.

Coup de coeur

On pensait tout savoir sur les frères Stastny, mais on n'avait pas encore vu le film que Télé-Québec présentera les 1er et 8 décembre prochains. Le réalisateur Philippe Desrosiers et le scénariste Mathieu Fournier nous emmènent loin, jusqu'en Slovaquie profonde et au coeur du régime communiste, avec des films d'archives jamais vus.

Si vous n'avez pas la chair de poule et la gorge serrée en quelques occasions, c'est que vous n'êtes pas normal.

Marian: «Quand Peter et Anton m'ont dit qu'ils allaient s'enfuir en nous laissant derrière, je leur ai dit que c'était une trahison et que jamais je ne ferais ça à un membre de ma famille. Et puis, je me suis mis à trembler.»