La rue Crescent, toujours un peu pute, se donne ce week-end aux gens de NASCAR, quelques semaines après s'être offerte à ceux de la F1.

Évidemment, la faune NASCAR n'est pas aussi glamour que l'autre. Tandis que la F1 vous accueillait, angle Sainte-Catherine, avec un verre de tequila gratuit, ceux de NASCAR vous recevaient hier avec un verre de Dr Pepper versé d'une bouteille de plastique grand format.

Il s'agit d'un monde plus graisseux, mettons, un monde de samedis après-midi passés dans le garage à fignoler son moteur. Les hôtesses font d'ailleurs plus Chevrolet que Ferrari. Certaines ont des poitrines beaucoup trop grosses pour leur bien-être.

L'une d'entre elles offrait des shooters de GOFAST, une boisson énergisante. Une autre vous photographiait bras dessus, bras dessous avec sa plantureuse collègue, mais pour avoir la photo, on vous remettait un coupon et il fallait aller la chercher dans un bureau quelque part, «pour être certain que vous serez le seul à voir la photo.

C'est bien de se soucier du bonheur des couples...

On pouvait se faire photographier avec une voiture aussi.

Nos amis de Canadian Tire présentaient leur Machine à dollars. On vous enferme dans une sorte de boîte téléphonique, on fait virevolter des dollars Canadian Tire avec un courant d'air puissant et vous gardez les dollars que vous avez réussi à capter après avoir fait un fou de vous en public.

«Pour vivre une expérience», j'ai tâté du moteur. Il fallait placer quatre fils de bougies d'allumage dans les bons trous et installer un filtre à huile. Il fallait le faire plus vite que les autres concurrents pour gagner un prix. Je n'ai pas gagné.

Je me suis inscrit à un autre concours dont le prix est une semaine à Miami avec des places pour la course Daytona-NASCAR. Sign up right here!

J'ai donné mes nom et prénom et le jeune homme m'a donné mon adresse avec code postal, ce qui m'a un peu fait peur, moi qui ne suis même pas sur Facebook. Et puis il a essayé de me vendre une assurance automobile, mais je ne possède pas d'automobile.

Si jamais je gagne le prix, je vous le donne. Promis.

Pour le concours de remplacement de pneus, j'ai passé mon tour.

Tout ça avec comme fond une musique d'un autre temps, tout en boum boum gadzing gadzing, une musique de danse, je pense, et sous le regard bienveillant de Big Brother Budweiser qui est partout, comme Dieu.

C'était l'heure du midi, quand les bureaux se vident, et les curieux qui passaient profitaient joyeusement d'un beau vendredi après-midi ensoleillé.

La fête NASCAR a bien commencé. Si elle est plus modeste que celle de la F1, elle est plus chaleureuse et, surtout, beaucoup moins surfaite.

Retour au bureau par la Sainte-Catherine et devinez quoi. Le joueur de cuillères en bois devant Ogilvy vend maintenant des cuillères. Vingt-cinq dollars la paire. Ça fait un beau cadeau pour quelqu'un qui n'en a pas.

Un peu plus loin, toujours la même longue file devant la boutique Apple. Qu'est-ce qu'il y a de neuf? Un téléphone qui sert de salle de spectacles et de stéthoscope en même temps? Ces gens-là n'ont-ils rien d'autre à faire que d'attendre sur le trottoir pour acheter d'autres gadgets?

Il y a d'ailleurs des portiers tout en noir qui contrôlent la file comme les portiers de Chez Parée un samedi soir.

Un peu plus loin, coin Peel exactement, un clarinettiste jouait doucement The Sound of Silence de Simon et Garfunkel. Au milieu de cette foule pressée, fallait le faire.

Merci monsieur et voici 2$. Ça vaut bien ça. À condition que vous ne sortiez pas de cuillères en bois.