Nous voici de retour au circuit Gilles-Villeneuve et pour les gens des médias, il y a du neuf. Autrefois, nous pouvions nous installer avec nos ordinateurs, entourés d'écrans et de tableaux, et regarder passer les voitures. Les vraies, en fibre de verre et en caoutchouc.

Les temps changent. Nos collègues sont maintenant entassés dans des tentes, entourés d'écrans et de tableaux, mais il n'y a pas de place pour eux le long de la piste. Nos collègues ne verront jamais les voitures en personne pendant tout ce week-end. Ils les entendent, Dieu qu'ils les entendent, ils sont à 50 mètres, mais ils ne les voient jamais.

 

Tout ça est un peu absurde, non. Aussi bien rester à la maison et regarder sur son écran plasma 42 pouces. Même les entrevues d'après-course. On verrait déjà beaucoup mieux ce qui se passe.

Il reste que cette situation cocasse nous laisse présager un avenir bizarre pour les médias. Je vois le jour où seulement les caméramen verront le spectacle live, et même là, à travers leur lentille.

Seuls les spectateurs et les gens dans les loges auront droit à l'événement. Pas nous.

Malheurs tchèques

J'ai fini par trouver une tente où, en plus des voitures et des tableaux, un écran montrait le match France-Uruguay. Nous étions quelques-uns devant, ceux pour qui les essais, les chiffres et les résultats sont du chinois.

Est arrivé Zdenek, le bon vieux Mister Z, un journaliste tchèque établi à Montréal depuis plusieurs années. Il est spécialiste du hockey, mais il travaillait hier pour une chaîne de télévision tchèque.

Qu'est-ce qui se passe, amis tchèques? Votre équipe n'est même pas en Afrique du Sud? Vous avez été éliminés par les Slovènes?

Les gars riaient, mais un peu jaune. Ils secouaient la tête.

Et qu'est-ce que vous faites ici? Est-ce qu'il y a un pilote tchèque? Même pas?

Mister Z, qui est un joyeux drille, m'a raconté qu'il y a six ou sept ans, il y avait un pilote tchèque en F1... «Mais il a été congédié parce qu'il fumait du pot.»

On va garder ça entre nous, Zdenek.

Cheap poutine

Alors on enfonce bien ses bouchons dans les oreilles, on se promène et finalement, j'ai trouvé un petit coin dans la foule où je voyais passer des voitures dans une épingle, ou une aiguille, je ne sais pas trop.

Elles sont belles, elles sont spectaculaires, mais quand on en a vu passer 20, je ne vois plus l'intérêt.

Direction bouffe pour voir si les prix ressemblent à une dette olympique. Pendant que des plats intéressants se dirigent vers les loges, la bouffe du peuple est plutôt simple. Hot-dogs (4,50$), hamburgers (5$), pointes de pizza (5$), petite bouteille d'eau (4,50$). Ce n'est pas plus cher qu'ailleurs et moins qu'au Centre Bell.

Le matin, un kiosque offre la pizza déjeuner, aux oeufs, fromage et bacon. Sans doute l'idée d'un cuisinier grec sorti tout droit d'un La Belle Province.

J'ai opté pour ma poutine bisannuelle à 4,50$. J'en mange deux par année parce qu'il me faut six mois pour la digérer. On m'a servi une poutine un peu cheap sur la sauce... Déception.

Et puis le bruit des moteurs a cessé et les gens se sont précipités par centaines vers une sortie. Où allaient-ils? Il y avait d'autres courses à venir...

Un monsieur m'a expliqué qu'ils allaient se délier les jambes et c'était une bonne idée parce que le soleil était apparu et qu'il y a des endroits agréables pour se délier les jambes autour du circuit Gilles-Villeneuve.

Justement, on vous souhaite du beau temps pour le week-end. Je ne pourrai pas y être, malheureusement. Je sens qu'un virus est sur le point de me foudroyer... Je le sens...