Pendant la belle aventure du Canadien, je retiens une connerie terrible: les huées des spectateurs au Centre Bell, samedi, pendant le quatrième match de la série contre les Flyers de Philadelphie. Qu'est-ce qu'ils avaient dans la tête?

Les p'tits gars venaient de nous offrir cinq semaines de plaisir, cinq semaines où toute une province était réunie autour d'une équipe de hockey qui a éliminé, contre toute attente, deux clubs champions. Cinq semaines où des hommes, des femmes et des enfants, des gens qui ne se seraient jamais parlé se rangeaient tous du même côté.

On dit toujours qu'il s'agit d'une minorité de spectateurs, de quelques écervelés qui n'attendent qu'une occasion pour gâcher un bel événement. Reste qu'ils sont toujours là, année après année, et qu'ils sont de trop.

En fait, le Canadien a injecté une forte dose d'adrénaline à une ville qui en avait perdu l'habitude au printemps. Et une multitude de jeunes et nouveaux partisans ont vécu pour la première fois une aventure que leurs aînés connaissent bien: le long marathon jusqu'à la Coupe. Les nouveaux fans, que le marketing du Canadien a mis dans sa petite poche, n'ont pas tous bien réagi. Plusieurs s'imaginaient qu'après les Capitals de Washington et les Penguins de Pittsburgh, le reste ne serait qu'une formalité. Manque d'expérience flagrant.

Je me demandais pourquoi, certains soirs pendant la saison régulière, le Centre Bell était aussi animé quand le Canadien tirait de l'arrière que quand il menait. Je me demandais si les spectateurs s'intéressaient au match, s'ils étaient vraiment partisans ou s'ils n'étaient là que pour le party. La réponse est la troisième hypothèse, surtout pour le party, bien sûr.

Ces jeunes qui gueulent et grimacent devant les caméras qu'on va gagner ce soir et qu'on va gagner la Coupe, c'est sûr, c'est sûr... ne s'intéressent pas vraiment au match, ils veulent une fête et des produits dérivés, des tonnes de produit dérivés.

Je les observe souvent. Ils ont un maillot à 300$ sur le dos et en achètent un autre, puis un autre... Jamais une génération d'amateurs de sport n'a consacré une aussi grande part de son budget à des affreux vêtements de sport. Et on ne parle pas du prix des billets, de la broue, de la bouffe, etc....

Les sociologues et les psy devraient nous l'expliquer.

Pourquoi est-il essentiel de se déguiser en clown bleu-blanc-rouge?

Mais n'ayez crainte, mes jeunes amis dépensiers, le CH vous adore.

On garde qui?

Vous avez peut-être comme moi une curieuse et désagréable sensation de fin de party quand vous voyez Carey Price remplacer Jaroslav Halak. Notre ex-sauveur a toute une côte à remonter. Si vous et moi avons cette drôle d'impression, imaginez les joueurs du Canadien...

Alors, on recommence. Est-ce qu'on vide nos coffrets pour garder Halak à long terme? Et que fait-on de l'autre?

Et Tomas Plekanec? Il voudra beaucoup, il est libre sans compensation. Et Andrei Kostitsyn?

Pierre Gauthier et son équipe auront des décisions à prendre, mais ils ont un nouveau noyau de leaders, de bons leaders. Ajoutez-leur Andrei Markov et vous avez une nouvelle et intéressante édition du Canadien en 2010-2011.

J'ai bien aimé la réaction des Gomez, Gionta, Camalleri, Gill et Gorges après la dernière défaite. Il n'était pas question d'être fiers d'avoir éliminé les premiers du classement général puis les champions de la Coupe Stanley. Ils étaient là pour gagner la Coupe Stanley et ils ont échoué. Certains étaient furieux, d'autres, dont l'immense Gill, pleuraient.

Finalement, l'idée d'un grand nettoyage, d'un nouveau leadership, était la bonne.

On a déjà hâte à l'an prochain. De ça aussi, nous avions perdu l'habitude.

Éric Lucas

Nous voici à Québec où notre homme Éric Lucas va tenter de tous nous confondre - c'est lui qui le dit, «je vais confondre les sceptiques». On souhaite surtout qu'il ne se fasse pas mal dans sa folle aventure. Son adversaire, Librado Andrade, est un boxeur qui ne cogne pas vraiment fort, mais souvent, ce qui est aussi dangereux pour le cerveau. Pas le sien, celui de Lucas.

Sachez que les gens de Québec étaient de féroces partisans du Canadien ces dernières semaines. On dit qu'au Québec, le hockey est rassembleur. En voici la plus belle preuve. Les Québécois plantaient volontiers des aiguilles dans des poupées du Canadien à une époque. Et ils le feront peut-être encore un jour. On le leur souhaite.

En passant, il s'agit du 15e anniversaire de la disparition des Nordiques, un triste souvenir qu'on n'a pas manqué de souligner dans les médias cette semaine.

Enfin, le maire Labeaume n'y est pas. Il est «en mission» en Allemagne pour prononcer une conférence et étudier les infrastructures du tourisme d'affaires. «Québec a été lousy dans ce domaine», a déclaré le politicien de Roberval.

Je sens que l'Allemagne, qui en a pourtant vu d'autres, ne sera plus jamais la même...

Photo: Reuters

Les joueurs du Canadien, dont Andrei Kostitsyn, Jaroslav Halak, Carey Price et Hal Gill, ont démontré un bel esprit d'équipe, même éliminés.