C'était beau, ce que me racontait, hier, mon copain français: «Une équipe est née, Ronald, et comme c'est souvent le cas, elle est née dans la douleur...»

Un peu plus et il me faisait pleurer.

Sauf que cette fois, le Canadien, qui est en effet devenu soudainement une belle équipe, affrontera un adversaire qui travaille très bien en groupe. Il ne s'agit plus de quelques vedettes qui tentent de tout faire seules.

Alors que les Capitals de Washington ressemblent plutôt à un cirque, les Penguins ont des allures d'entreprise sérieuse, professionnelle et efficace.

Nous avons donc ici une belle petite équipe contre une bonne grosse équipe. À commencer par les TROIS joueurs de centre, Crosby, Malkin et Staal.

Il faudra que Halak fasse encore des miracles, mais quelque chose me dit qu'il va manquer de carburant. On lui en a trop demandé.

Pour le reste, la défense du CH n'a rien à envier à celle des Penguins et Halak n'a rien à envier à Fleury.

Mais pendant que les vedettes des Capitals jouent de manière individuelle, Crosby et ses acolytes sont des fabricants de jeu, ils ne pensent pas à marquer tout seuls, comme le fait Ovechkin. Ils pensent à faire marquer leurs coéquipiers. Grande différence.

Les Penguins en six.

Le Canadien ne s'écrasera pas, il va seulement manquer d'énergie. Le petit 48 heures de repos pèsera lourd dès ce soir.

Mais bon, on a vu des choses bizarres se produire, n'est-ce pas?

J'espère me tromper parce que Montréal n'est pas la même quand le CH disparaît en mai. Ne serait-ce que pour l'ambiance et la bonne humeur, il faut souhaiter une autre surprise.

Jaroslav

Dans les minutes qui ont suivi la fin du sixième match, les spectateurs du Centre Bell ont fait des «salams» à l'endroit de Jaroslav Halak, qui venait d'arrêter 53 lancers. Malgré une suite d'ovations monstres, le bonhomme a salué brièvement et froidement ses partisans.

Il faut peut-être reculer dans le temps pour comprendre, se rappeler comment Bob Gainey insistait pour mettre Carey Price à l'avant-plan, malgré les bonnes performances du Slovaque. (Guy Carbonneau, qui préférait Halak, doit rigoler aujourd'hui.)

Le jeune gardien ne s'est jamais plaint publiquement. Sa situation était pourtant frustrante et humiliante.

Son agent a fait des démarches maladroites pour défendre son homme, il a tenté de forcer la main de Gainey pour produire une transaction -il a presque réussi-, mais Halak, lui, est resté la discrétion et la classe absolues. Il faut admirer le caractère de ce garçon.

Où serait le CH aujourd'hui si les Flyers de Philadelphie avaient accepté l'offre de Gainey?

Et combien de chandails numéro 41 de Halak voyez-vous sur nos trottoirs? Des 31 de Price sont nombreux, par contre. (Ça risque de changer...)

Alors pour les ovations et les «salams», merci, mais non merci.

On comprend.

On comprendra aussi si Halak, joueur autonome avec compensation, n'est pas très coopératif avec la direction de l'équipe au cours de l'été. Il sera en demande.

Espérons qu'il a une place dans son coeur pour le pardon.

Le but d'Ovechkin

Alors c'est reparti: le but d'Ovechkin était-il bon?

À mon avis, il y avait infraction et la décision de l'arbitre était la bonne. Sauf que ces gestes ne sont jamais punis. Sur dix infractions semblables, deux seront peut-être pénalisées.

Pourquoi avoir décidé d'agir ce soir-là, dans un septième match, contre l'équipe locale?

On parle d'une décision courageuse. Peut-être, mais les autres fois? Incompétence? Lâcheté?

C'est bien là la faiblesse des officiels, faiblesse qui confond et fait rager les joueurs: le manque de constance.