Il y avait cohue hier à la librairie Indigo du centre-ville. On avait du mal à circuler. Est-ce qu'Umberto Eco dédicaçait ses livres?

C'était plutôt Hulk Hogan, in person, en personne, et la foule scandait Hogan! Hogan! Hogan! Il est finalement arrivé, avec verres fumées, maillot sans manches, entouré d'agents de sécurité et de cordons... Je le pensais plus grand. Ils en mettent toujours plus, en lutte professionnelle, comme on sait.

Cinq cents personnes avaient acheté des bracelets dans la semaine qui précédait et seulement ces chanceux pouvaient approcher le héros du jour et faire dédicacer leur livre à 29.99$, My Life Outside the Ring. Ça ne sent pas le prix Pulitzer, si vous voulez mon avis, mais «ça vend bien», nous a dit un employé de la maison.

Pas d'entrevues, règlement de la librairie.

Hulk Hogan, 56 ans - je le soupçonne d'en avoir oublié quelques-uns -, fait un retour à la lutte professionnelle. Il nous a dit qu'il a connu deux années de fou et qu'il a besoin de notre aide.

Il a bien fait de nous le dire parce que ce n'est pas moi qui aurais osé lui en parler, au cas...

Deux années de fou, donc: un divorce qui l'a ruiné, un fils qui a causé un grave accident en faisant la course en voiture dans la rue, une fille qui devait connaître une carrière de chanteuse mais qui a englouti une petite fortune et résulté en un énorme flop.

Hulk a besoin de nous. Il a surtout parlé de ses combats à venir, lui qui, tout jeune, levait le géant Ferré au bout de ses bras.

Je n'ai pas pu m'empêcher de rire de ses blagues. Le monsieur a toujours du charisme, un charisme un peu triste cette fois, comme si ça demandait un effort. Le héros est pas mal ridé, la peau pend un peu par endroits et sa démarche n'est plus aussi fringante. Mais le sourire est toujours celui du Hulkster.

Bonne chance, gros bonhomme.

Rigodon-don-don

Se promener au centre-ville n'était pas agréable hier. En plus des bourrasques et de la poudrerie, il y a toujours ces sournois trottoirs enneigés et glacés par endroits.

En passant devant Eaton et La Baie, je n'ai pas vu l'éternel joueur de cuillères en bois. J'espère qu'on lui a décerné l'Ordre du Québec, une pension, qu'on lui a demandé de rester chez lui et qu'on a brûlé les cuillères.

Quelle plaie, celui-là.

Quelqu'un m'a dit qu'il était français d'origine. En France, on ne penserait jamais faire du bruit avec des cuillères. Elles servent plutôt à manger.

Norvège

Enfin, en ces temps irritants, n'oubliez pas le proverbe norvégien: «Il n'y a pas de mauvais temps, il n'y a que de mauvais vêtements.»