Il paraît que de tels événements sont bons pour le moral d'une ville. J'y crois. Je suis moi-même retourné au bureau en sautillant et en chantonnant We're simply the best/Better than all the rest. C'est con, mais ça fait du bien.

Et puis, cette parade des Alouettes était tellement joyeuse. Je l'ai suivie pendant une bonne partie du trajet sur Sainte-Catherine. Il y avait le maire Tremblay, le propriétaire Robert Wetenhall, le président Larry Smith en tête, et dans la deuxième voiture, le DG Jim Popp, sa femme et leur trollée d'enfants, ce qui constitue presque une équipe (ils ont six enfants blonds).

Les cheerleaders et les joueurs suivaient, le contact avec la foule était chaleureux, les beaux chevaux de la police de Montréal étaient fiers et puis - c'est ce que j'ai trouvé de plus beau - des milliers de partisans, le peuple de Montréal, marchaient lentement, sagement, derrière le cortège, comme pour une promenade du dimanche. Ils se faisaient plaisir en honorant leur équipe, qui est très belle en effet. Des gens de tous âges et de toutes formes, des bébés qui dormaient dur dans leur carrosse.

Pendant tout l'événement, je n'ai vu personne se comporter de manière déplacée. Bravo à tous. Il faut savoir que les fans de football québécois sont une bande à part. Très civilisés et disciplinés. Rien à voir avec les fans de hockey.

Et nous sommes arrivés à la place des Festivals, qui semblait avoir été faite pour accueillir la parade de la Coupe Grey. Les habitués du festival de jazz nous disent qu'il y avait environ 25 000 personnes.

Malheureusement, il y a toujours un animateur de foule dans ces événements. Une grande gueule qui nous parle comme si nous étions des déficients mentaux, qui insulte notre intelligence et qui nous fait honte devant la visite. Celui-là s'appelait Blondin et il devrait être interdit de micro à vie. Il est finalement disparu pour laisser la place à Jacques Moreau, ce qui était une grande amélioration.

Moreau a présenté tout le monde, même le dentiste officiel des Alouettes, les secrétaires, le préposé l'équipement. Le maire Tremblay a été un peu hué et il devait s'y attendre. Quand on dort au gaz à la tête d'une ville, on doit assumer.

Les coachs et les joueurs ont suivi et la fête a éclaté pour de bon. Dieu qu'on était joyeux et remplis d'amour pour nos Alouettes ! Ils ne nous ont pas déçus.

Matthieu Proulx, un vrai animateur de foule: «Ils nous ont dit à Calgary que les fans des Roughriders étaient les meilleurs. Aujourd'hui, je voudrais qu'ils vous entendent jusqu'à Regina!» On a fait notre possible.

On a applaudi les joueurs un par un, Avon Cobourne a montré son trophée de joueur par excellence de la finale, Anthony Calvillo, la Coupe Grey: «Je me souvenais de la parade de 2002 et je disais aux jeunes joueurs qu'ils n'oublieraient jamais cette journée. Vous ne nous avez pas déçus!»

Et puis la foule a exigé qu'un des joueurs qui se faisait discret au fond de l'estrade, Ben Cahoon, se présente en avant. Un très bel hommage. Les fans ont scandé One more year, One more year et Cahoon, 37 ans, le corps usé par son audace, a avoué qu'il avait envie de dire oui. C'était touchant.

Et puis, la musique a joué de plus en plus fort et les Alouettes nous ont montré qu'ils n'étaient pas seulement les meilleurs footballeurs au pays, mais les meilleurs danseurs aussi. Même les Blancs.

Ben Cahoon a fait le «moon walk» de Michael Jackson: Anthony Calvillo, d'habitude si réservé, était déchaîné... et même l'entraîneur Mark Trestman a dansé comme un ado avec ses joueurs. La foule ne se tenait plus.

We're simply the best/Better than all the rest.