Pour les Carabins, la seule ombre dans cette journée de joie est deux petits points qu'ils manquaient pour déterminer l'avantage du terrain en cas de finale contre le Rouge et Or. Avec sa victoire de 30-8 il y a deux semaines, les Québécois se sont assurés de jouer devant leurs partisans, advenant une finale Montréal-Québec, qui risque fort de se produire.

Avantage non négligeable. Au PEPS de l'université Laval, devant 16 000 personnes, il n'est pas facile de gagner. Mais hier, les astres s'étaient alignés derrière les Carabins, et tous savent maintenant que le Rouge et Or est battable. Rien ne fonctionnait pour les visiteurs. On a même assisté à une petite leçon de football...

Superbe défense, superbes unités spéciales, belle attaque... Lequel de ses groupes l'entraîneur Marc Santerre a-t-il préféré?

«Aujourd'hui, je me sens comme un professeur qui n'a pas envie de donner de mauvaises notes à qui que ce soit.»

L'après-midi ne s'est pas déroulé sans les quelques farces plates habituelles que les partisans des deux équipes se lancent tour à tour. Hier, un petit comique de Montréal passait devant les gradins avec une affiche qui disait: «Les deux choses les plus surévaluées à Québec: 1- La poutine Ashton; 2- le Rouge et Or.» Au verso, il avait écrit: «Bienvenue en ville!»

Le DJ du CEPSUM y est allé lui aussi de ses pointes en nous faisant entendre, vers la fin du match: «Si j'avais les ailes d'un ange, je partirais pour Québec.» Et puis Sunday, Bloody, Sunday de U2...

Il n'y a pas eu de grabuge dans les gradins, et c'est tout à l'honneur des deux clans. Le sport scolaire, après tout, n'est pas un spectacle de professionnels.

De notre côté, on se disait que Montréal y a tellement goûté cet été que c'était au moins une petite revanche sur la cité du maire Labeaume... Mais pas de scènes désagréables chez les spectateurs, seulement sur le terrain.

Un joueur des Carabins est allé narguer ses adversaires devant leur banc, il a mérité une pénalité de 15 verges et il était chanceux que Marc Santerre ne soit pas dans un esprit pour engueuler qui que ce soit...

Dans les dernières secondes, le petit Mathieu Razanakolona (5'5) a été victime d'une tentative de meurtre de la part d'un adversaire beaucoup plus grand et gros que lui. Razanakolona s'est finalement relevé, mais il doit encore tituber un peu ce matin...

Beaux joueurs, les entraîneurs du Rouge et Or ont demandé à leur attaque d'écouler le temps et de ne pas tenter de jeux dans les dernières secondes, même si les visiteurs se trouvaient à la porte des buts. On a ainsi évité le pire. Un bel esprit sportif, comme il se doit.

Le grand dilemme

Reçu hier une curieuse lettre de la part de Rocco Placentino, joueur de l'Impact. Il s'excusait, le pauvre, de ne pas avoir accompagné ses coéquipiers à Porto Rico pour le deuxième match de la demi-finale.

C'est que le beau Rocco se mariait. Un mariage à l'italienne - Placentino est de Montréal - prévu depuis longtemps, avant de signer son contrat avec l'Impact.

Qu'auriez-vous fait à sa place? Hein? Après tout, le jour de votre mariage est le plus beau jour de votre vie. C'est du moins ce qu'ils disent au salon de la mariée.

Personnellement, je n'ai jamais vécu ce moment céleste. Mais étant le fils d'une mère italienne, je sais que l'opinion de Rocco ne pesait pas lourd dans la prise de décision.

Le grand malheur

Faut le faire quand même... Après toutes ces semaines et mois de palabres, vous pouviez dire adieu à la saison du Canadien dès le premier match de la saison.

On vous racontera que les p'tits gars vont se serrer les coudes, que Spacek et Hamrlik vont remplacer Markov - ils sont tous les deux dans la dernière phase de leur carrière -, mais à long terme, rien de remplacera celui qui passait parfois 30 minutes sur la glace, à forces égales, avantages et désavantages numériques.

Sans Markov, le Canadien devient une équipe très, très moyenne... Souvenez-vous de la fin de saison sans lui l'an dernier: zéro en huit, dont un balayage en séries éliminatoires.

Deux hommes peuvent sauver le Canadien: Carey Price, qui donne de beaux signaux, et Jacques Martin, avec un jeu très serré... et un peu plate. Ainsi va la vie.