En ces temps de querelles linguistiques, voici un bel exemple de coopération dans le monde des sports universitaires. Marie-Andrée Leclerc-Auger, 21 ans, évoluait l'an dernier avec les Martlets de l'université McGill, championnes canadiennes. Mais Marie-Andrée s'est inscrite à l'Université de Montréal cette année, les cours en anglais lui demandant trop de temps et d'effort.

Jusque-là, tout est normal, sauf que les règlements de sports universitaires imposent une année d'inaction aux étudiants qui changent d'école, afin d'éviter les abus.

Or, Marie-Andrée Leclerc-Auger a obtenu de la CIS, l'organisme qui régit les sports universitaires au Canada, la permission de se joindre immédiatement aux Carabins de l'Université de Montréal, la nouvelle équipe de hockey féminin qui entreprendra sa saison le 16 octobre prochain au CEPSUM. Il s'agit d'une permission rarement accordée...

Surtout que Marie-Andrée est une crack, désignée recrue par excellence au Canada l'an dernier, quatrième meilleure marqueur au pays (46 points et 18 buts en 18 matchs)...

«Je n'ai pas quitté McGill à cause du programme de hockey, qui est peut-être le meilleur au pays, mais seulement à cause de la langue. J'ai passé tous mes cours, mais je menais une vie infernale. Je n'ai jamais échoué dans un programme sports-études, mais en anglais, c'était beaucoup de travail. J'avais besoin de deux fois plus de temps que les autres filles pour écrire mes travaux; je passais beaucoup plus de temps que les autres au laboratoire. Avec les entraînements de hockey, je n'avais plus de vie... (Marie-Andrée étudie en éducation physique.) Je me suis inscrite à l'Université de Montréal et j'étais prête à rater une année de hockey...»

Originaire de Sherbrooke, la dernière de quatre enfants, Marie-Andrée a été un des piliers de la formidable équipe du collège de Saint-Jérôme, qui a connu deux saisons parfaites de suite à l'époque. À sa troisième année, Marie-Andrée a été choisie joueur pas excellence du hockey collégial au Québec avec 103 points en 26 matchs. Une crack, qu'on vous dit.

«Je passe de la meilleure équipe au pays à une nouvelle équipe. Ça ne sera pas facile, mais je vois déjà qu'on a fait du bon recrutement. Je ne pense pas qu'on puisse battre McGill à notre première année, mais c'est notre but et c'est un vrai challenge. J'aurai un rôle à jouer.

«Je suis surtout très fière de faire partie de la première équipe de hockey féminin dans une université francophone.»

L'entraîneur-chef des Carabins, Isabelle Leclaire, a appris la bonne et étonnante nouvelle, la semaine dernière. Les deux femmes se connaissent puisqu'Isabelle était l'entraîneur-adjoint de Pierre Alain à Saint-Jérôme, quand Marie-Ève emplissait les filets...

«Elle est certainement une des meilleures joueuses de la ligue. On ne s'attendait vraiment pas à cette permission spéciale. Marie-Andrée a été une joueuse dominante partout où elle est passée. C'est une très belle acquisition.»

Quant à l'avenir lointain, Marie-Andrée Leclerc-Auger se voit prof d'éducation physique, avec une famille et un rêve à réaliser, celui d'implanter le hockey féminin à Sherbrooke, au niveau collégial ou universitaire.

Parions que ce rêve va se réaliser. Cette jeune femme n'a pas froid aux yeux.

Quart-arrière demandé

Côté football, les Carabins ont remporté une belle victoire contre les Stingers de Concordia, dimanche (41-18), mais ils ont perdu leurs deux quart-arrières, blessés pendant ce même match. Les Carabins ont terminé la partie avec un receveur de passes au poste de quart...

L'entraîneur Marc Santerre: «On s'en va à Québec affronter le Rouge et Or, la semaine prochaine; le match sera présenté à Radio-Canada, on jouera devant 18 000 personnes et on ne sait pas qui sera au poste de quart.»

C'est un peu l'abattoir...

Le cas de Marc-Olivier Brouillette, le quart numéro un de l'équipe, est inquiétant. Victime d'une commotion cérébrale à la suite d'un violent tête à tête, il est toujours sous observation. Son substitut Alex Rivet s'est blessé quelques minutes plus tard. Le troisième homme, Alexandre Nadeau-Piuze, a subi une blessure au camp d'entraînement.

Vous connaissez peut-être quelqu'un sur le campus...

Le CEPSUM

Enfin, le bon vieux CEPSUM, qui date des années 1970, sera rénové à un coût de 8,6 millions, à la suite d'une entente entre les gouvernements canadiens, québécois et la direction de l'Université de Montréal.

Un nouveau terrain de soccer/rugby/football sera aménagé sur un réservoir d'eau potable de la Ville.

La nouvelle équipe de hockey féminin aura droit à un vestiaire moderne. De nouveaux centres d'entraînement pour l'élite sportive seront aménagés et le vieux gazon synthétique du stade sera remplacé.

On dirait que le sport universitaire prend de plus en plus de place, ce qui est très bien.

 

 

Photo: David Boily, La Presse

Marie-Andrée Leclerc-Auger a eu la permission de se joindre aux Carabins de l'Université de Montréal, la nouvelle équipe de hockey féminin qui entreprendra sa saison le 16 octobre prochain.