Imaginez un tournoi de hockey pour adultes, organisé dans tout le Canada, où tous les clubs, professionnels et amateurs, sont admissibles. Des clubs de la LNH, de la Ligue américaine, même l'équipe d'étoiles de votre quartier ou de votre ligue de garage si vous prenez la peine de l'inscrire à la fédération...

On s'élimine les uns les autres pendant plus d'un an - la finale est disputée alors que le début du tournoi suivant est commencé - et le gagnant a l'honneur d'affronter le champion de France dans ce qu'on appelle le Trophée des Champions. Sept mille huit cents clubs de toute la France étaient inscrits et un petit club de Bretagne, L'En Avant Guinguamp, qui ne casse rien en deuxième division, les a tous éliminés, battant trois clubs de première division en cours de route, Le Mans, Toulouse et Rennes.

Souvenez-vous, il y a quelques années: toute la France s'était emballée pour un petit club semi-professionnel de Calais, qui a finalement perdu en finale de Coupe de France aux mains du FC Nantes.

Ce Trophée des Champions, l'En Avant le disputera au Stade olympique le 25 juilllet prochain (15h, 21 h en France) aux célèbres Girondins de Bordeaux. Le Trophée quitte la France pour la première fois de son existence.

Cédric Joqueviel, le défenseur français de l'Impact, présent à la conférence de presse hier : «Je suis vraiment surpris de voir ce match disputé à Montréal. Je ne m'attendais vraiment pas à ça. Le Trophée des Champions n'était pas pris au sérieux dans le passé. On en parlait comme d'un match amical. Mais le gagnant de ce Trophée, qui lance la saison de foot, a toujours remporté le Championnat de France les sept dernières années. Depuis quelques années, on le prend plus au sérieux.»

Les visiteurs français se sont mêlés hier à leurs hôtes montréalais et aux médias locaux... comme des cousins. Une joyeuse ambiance régnait - même qu'on se tutoyait - et il nous a fallu un peu de temps avant de comprendre la signification de ce Trophée des Champions.

Le concept n'existe pas chez nous et, à bien y penser, c'est dommage. Imaginez-vous en train affronter les Flames de Calgary avec vos copains de la brasserie devant des millions de téléspectateurs... On a tout de suite un petit faible pour les gars de l'En Avant. Et si Bordeaux perd... la honte !

L'En Avant Guinguamp devrait prendre une pâtée, non ? (C'est comme ça qu'ils disent «manger une volée»...)

«Certainement pas ! répond Aimé Dagorne, le sympathique chef d'expédition du club breton.

«Il s'agit d'un match. Un seul. Tout peut arriver. Nous avons joué à Bordeaux contre les Girondins, en novembre dernier, et ils nous ont battus 3-2. Chez eux, devant leurs partisans !»

Évidemment, le village de Guinguamp (3000 habitants, 22 000 avec la banlieue) ne se tient plus.

«Nous avons éliminé Rennes devant 80 000 personnes à Paris. Et Rennes est la capitale de la Bretagne ! Il y avait donc deux enjeux et une rivalité terrible. Nous avons eu de mal à sortir de l'aéroport de Saint-Brieu à notre retour à la maison. Il y avait du monde partout, la ville entière était bloquée par les fêtards.»

Sachez que les meilleurs joueurs de Guinguamp gagnent environ le quart du salaire des Bordelais. Parlez-moi d'un négligé des parieurs... Go ! Guinguamp ! Go !

Aimé Dagorne : «Nous visons le Trophée des Champions parce que nous considérons qu'il est à notre portée. Nous accordons une préparation spéciale en vue de ces matchs. Et nous avons eu raison...»

Girondins-Impact

La direction de l'Impact, qui a convaincu celle du football français d'amener son Trophée à Montréal, a annoncé hier qu'un match amical aurait lieu au stade Saputo entre notre club et les champions de France, le FC Girondins de Bordeaux, le 28 juillet.

Mais le Trophée des Champions sera disputé au Stade olympique. On espère 30 000 personnes et plus.

À suivre.

Et comme l'Impact présentera des matchs amicaux contre les équipes nationales d'Haïti et de Syrie plus tard au cours de l'été, on peut commencer à parler de Montréal comme d'une petite ville de foot, n'est-ce pas ?