À la fin de la fête, la grande visite est repartie, furieuse et en lançant insultes et menaces...

La première incursion de la puissante chaîne Showtime à Montréal n'aurait pu se terminer plus mal. Le grand marché d'amateurs de boxe américains aura vu Lucian Bute assis par terre et cherchant ses esprits, Librado Andrade debout et encore tout frais... L'image d'un perdant, l'image d'un gagnant. Sauf que le Canadien a été déclaré vainqueur. Oups...

L'image compte dans l'imaginaire populaire, comme on sait, et celle de la boxe montréalaise a maintenant un problème aux États-Unis.

Mais le grand perdant de la soirée est sans doute l'arbitre Marlon B. Wright, un vétéran de la scène internationale et un officiel dont l'intégrité n'a jamais été mise en doute. Son interprétation pointilleuse d'un règlement flou - qu'est-ce au juste que le coin neutre? La moitié de l'arène? - s'est produite à un bien mauvais moment. Bute, visiblement battu, a profité de quelques secondes de répit qui l'ont sauvé.

Quand Andrade a servi à Bute un dernier et sévère coup au visage, Wright aurait très bien pu mettre fin au combat et remettre la ceinture à l'Américain. Personne n'aurait protesté.

La règle première en boxe est celle-ci: se défendre à tout moment. L'arbitre le rappelle aux boxeurs avant le début de chaque combat. Quand Bute n'était plus capable de se défendre, il aurait fallu respecter le règlement numéro un et arrêter le combat.

Mais Wright ne l'a pas fait et sa carrière vient peut-être de reculer de 10 ans!

Des neutres, S.V.P.

Reste que le monde de la boxe pourrait s'éviter bien des problèmes s'il passait un simple règlement: en combat de championnat mondial, les arbitres et les juges doivent venir de l'extérieur.

Marlon B. Wright est un arbitre de renom, mais aussi un Montréalais à 100%.

Quelqu'un a parlé «d'apparence de neutralité.» Voilà.

Vendredi soir, au Centre Bell, un arbitre allemand, par exemple, aurait évité bien des discussions et des grincements de dents.

Enfin, faut-il accorder un combat revanche à Librado Andrade? Il a perdu la grande majorité des rondes, mais il a gagné, et avec beaucoup d'aplomb, la dernière. C'est assez pour avoir la couronne... La beauté du sport est là...

Parions que l'IBF va garder Andrade comme aspirant numéro un; et, lors de sa prochaine défense obligatoire, Bute aura encore le taureau de Las Vegas devant lui.

Ce qu'ils ont dit et fait

Les émotions ont explosé tard vendredi soir au Centre Bell. Dans ces cas-là, il se dit et se fait des choses pas toujours rationnelles.

Howard Grant, le Montréalais qui sert d'entraîneur canadien à Andrade, a essayé de s'en prendre physiquement à son vieil ami Marlon B. Wright.

«Je suis écoeuré de me faire voler. Hermann Ngoudjo a été voté deux fois aux Étas-Unis. Ce n'est pas mieux aujourd'hui.»

Il faudrait nous expliquer à qui les reproches d'Howard Grant s'adressaient au juste... Et puis, le bon Howard n'a peut-être pas aidé sa cause en quittant son coin du ring dans les dernières secondes pour s'approcher de l'action. Il a attiré l'attention de l'arbitre, qui lui a demandé de se retirer, pendant que les précieuses secondes s'écoulaient.

Stéphane Larouche, entraîneur de Lucian Bute: «InterBox a été victime de malchances dans le passé. Le balancier est revenu ce soir.»

Larouche pensait à Éric Lucas en Allemagne, bien sûr, mais aussi à son protégé Stéphane Ouellet battu par Dave Hilton dans les mêmes circonstances dans les dernières secondes d'un match qu'il dominait. L'arbitre donné la victoire à Hilton cette fois.

Sauf que, M. Larouche, on ne corrige pas une erreur par une autre erreur...

David Itskowitch, représentant d'Oscar De La Hoya et de Golden Boy Promotions est ce jeune homme devenu hystérique après le combat; il a lancé toutes sortes d'accusations et d'injures injustifiées. «C'est une des pires choses que j'aie vue dans ma vie.»

Et bien, vous n'avez pas vu grand-chose, M. Iskowitch.

Un collègue l'a comparé à David Samson, le beau-fils et bras droit de Jeffrey Loria, de triste mémoire. Tout à fait juste.

Bute: «J'ai commis une erreur de jugement au 12e round. Je voulais plaire à la foule. Je n'avais qu'à danser pendant trois minutes...»

Je pense plutôt que Bute n'avait plus rien dans le réservoir au 12e round.

Andrade: son regard et son sourire méprisant à l'annonce du résultat disaient tout...