La revanche entre Bernard Hopkins et Jean Pascal est le plus gros événement de boxe présenté à Montréal depuis le combat entre Sugar Ray Leonard et Roberto Duran. Et en dollars d'aujourd'hui, c'est encore plus gros.

«C'est pas compliqué, la présentation du combat coûte 5 millions. C'est après des revenus de 5 millions que les parties impliquées commencent à faire des profits», a expliqué Yvon Michel hier matin.

Le réseau HBO a payé 2,5 millions pour les droits de télévision. Avec une prévente de 14 000 billets, Yvon Michel espère une foule d'environ 17 000 personnes. Mais tous les gros billets onéreux ont déjà été vendus, ce qui garantit déjà une recette de plusieurs millions.

En plus, il y aura les revenus de la télévision internationale qui seront connus mardi prochain et ceux de la télévision payante au Canada et au Québec.

«Golden Boy et GYM sont partenaires à 50/50. Il faut assurer les bourses des boxeurs, la location du Centre Bell, le marketing et l'organisation. De plus, il a fallu payer une licence à part à Gary Shaw, le promoteur de Chad Dawson, et négocier une entente avec Jean Bédard d'InterBox pour Adrian Diaconu. La promotion des trois prochains combats de Diaconu sera organisée conjointement par GYM et InterBox. Mais de ramener Adrian à HBO contre Dawson était un bon coup pour InterBox. Jean Bédard n'a pas été difficile à convaincre», d'expliquer longuement Yvon Michel.

À la porte du boy's club

Tant InterBox avec Lucian Bute et Showtime que GYM avec Jean Pascal et HBO sont maintenant à la porte du «boy's club». Le club des grands magnats de la boxe. Depuis quelques années, le Québec a fourni plusieurs champions du monde comme Matthew Hilton, Dave Hilton, Éric Lucas, Leonard Dorin, Joachim Alcine, Adrian Diaconu et les deux champions actuels, Bute et Pascal.

«Richard Schaefer, le patron de Golden Boy Promotions, est un Suisse. Il n'est pas aussi chauvin que certains Américains. C'est plus facile de faire des affaires avec lui. De plus, notre réussite au Québec surprend les promoteurs américains. Comment pouvons-nous sortir autant d'excellents boxeurs sur la scène internationale? Nous devenons des partenaires intéressants et payants pour eux. De plus, tant HBO que Showtime comptent beaucoup sur la boxe pour fidéliser leur auditoire. Une soirée de boxe qui intéresse 10 millions de téléspectateurs coûte encore moins cher au réseau que le tournage d'un film», de reprendre Yvon Michel.

Il faut cependant dire que si on a laissé beaucoup d'espace à Yvon Michel et à Alexandra Croft jusqu'à aujourd'hui, Golden Boy et HBO vont occuper le plancher au cours des prochains jours. «C'est extrêmement compliqué, vous n'avez pas idée des demandes seulement pour les accréditations de presse», a souligné Mme Croft hier.

D'habitude, GYM et InterBox arrivent à caser tous les journalistes autour du ring. Cette fois, on sait qu'une centaine d'entre eux, y compris Radio-Canada, TVA et Mike Bilodeau du FM98, seront sur la galerie de presse du Centre Bell pour la finale.

C'est que la demande dépasse tout ce qu'on a vu au Centre Bell et au Forum...

Cet homme est épeurant!

Bernard Hopkins fait peur. Je ne sais pas ce qu'il a, mais cet homme arrive à intimider sans dire un mot. Son regard vous glace et vous met mal à l'aise.

C'est arrivé à deux ou trois journalistes, hier, lors de la conférence de presse organisée par Golden Boy et GYM.

Dans mon cas, j'ai fait un signe voulant dire que c'était beaucoup de bla-bla quand les gens de Golden Boy ont commencé à vanter Hopkins au micro. Puis, dans les secondes qui ont suivi, j'ai accroché le regard de Hopkins.

Peut-être joue-t-il une game, peut-être se fait-il un point d'honneur d'imposer sa volonté à tous ceux qui osent le regarder droit dans les yeux, mais j'ai eu droit à ce regard pendant trois, quatre ou cinq minutes. Je n'ai pas regardé ma montre, je soutenais le regard de Hopkins en me disant que le moineau se fatiguerait en premier.

Il ne s'est pas fatigué et si quelqu'un ne m'avait pas tapé sur l'épaule pour me demander de me tasser un peu, on serait encore là... à se regarder. Cet homme a quelque chose d'intimidant. Et son comportement est soit préparé et calculé pour déboussoler un adversaire, ou bien c'est le comportement d'un homme en perpétuelle colère.

Faut dire qu'on parle d'un homme jeté en prison à 17 ans avec une peine de 18 ans à purger. C'est en voyant un compagnon de cellule violé et tué pour un paquet de cigarettes que Hopkins s'est juré qu'il s'en sortirait. Il s'est tourné vers la boxe. Il est devenu une légende et un grand champion... mais sans gagner l'amour des amateurs... à part ceux de Philadelphie.

Il est souvent impliqué dans des disputes à saveur raciale et n'est pas l'homme le plus facile à côtoyer dans la boxe. C'est un euphémisme.

Hier, c'est encore lui qui a imposé son rythme et ses intentions à la conférence de presse. Jean Pascal a souri devant certaines remarques de l'entourage de Hopkins.

Marc Ramsey, l'entraîneur de Pascal, soutient que son boxeur est un homme en colère lui aussi. En colère contre Hopkins qui le traite dans le fond comme un enfant qui va recevoir la fessée.

Chose certaine, Jean Pascal s'est préparé pour une bataille qui risque de dérailler. Les saloperies et les coups de cochon vont être nombreux. Entre les câbles, heureusement d'ailleurs, les poings peuvent encore rétablir l'équilibre.