Il n'y a pas grand-chose de plus cruel dans le sport que de perdre confiance en soi, de perdre sa concentration, de ne pas être capable de s'empêcher de trembler avant de lancer ou de frapper... en fait, de perdre le plaisir de se sentir bien en jouant.

Rory McIlroy n'a que 21 ans. Il a appris à ses dépens, dimanche à Augusta, les ravages du stress et de la pression. En vieillissant, on devient plus conscient de ces moments dramatiques que vivent les athlètes. On sait à peu près comment ça devait tourbillonner dans sa tête après le triple boguey au 10e trou, comment il devait tenter de se raccrocher à la réalité, à ses qualités, à sa respiration, à tout ce qu'il avait appris et vécu sur des terrains de golf.

Mais ça déboulait et rien ne pouvait arrêter la descente. Ça arrive dans une vie. Il y a de grands chirurgiens qui se sont mis à trembler juste avant de prendre le coeur qu'il devait opérer dans leurs mains, il y a d'excellents journalistes que j'ai vu figer devant leur machine à écrire, à deux heures du matin, à une demi-heure de l'heure de tombée. Le cerveau vide, les mains tendues, incapables d'écrire 10 lignes. J'ai vu de grands gardiens de but sortir de leur filet, foncer au vestiaire, incapables de faire face à un lancer de plus. Rory McIlroy a tout vécu dans ces deux ou trois heures qui se sont éternisées.

Mais il n'a que 21 ans. C'est un Irlandais, je présume qu'il a la fougue des Irlandais et qu'il saura aller chercher l'aide dont il aura besoin. Ça peut être un psychologue sportif, un ami, une blonde, un confident. Il devra se faire dire et redire qu'il a du talent et que la prochaine fois qu'il mènera dans un tournoi après trois jours, qu'il saura comment résister à la pression. Il saura ce qu'il ne faut pas faire.

Si c'est le cas, il sera meilleur la prochaine fois. Sinon, il deviendra un autre de ces brillants athlètes qu'une défaite catastrophique aura détruits.

Et soit dit en passant, j'ai trouvé que Tiger commençait à ressembler à Tiger Woods.

Un dernier mot. Je lisais les textes de Philippe Cantin à Augusta et je revivais les sensations qu'on ressent sur ce parcours pas comme les autres. Ça veut dire que les sensations étaient fortes quand j'ai couvert le tournoi et que les textes étaient bons.

Deux équipes croulent

Le golf ne pardonne pas, on en conviendra. Mais au hockey, une équipe est composée d'une vingtaine de joueurs. Normalement, le groupe est capable de bien réagir sous la pression d'un match sans lendemain.

Dimanche, on a eu droit à deux équipes qui se sont plantées sous pression. Les Blackhawks de Chicago recevaient les Red Wings de Detroit en après-midi. Ils gagnaient et ils se retrouvaient en séries éliminatoires. Ils ont lamentablement échoué et se retrouvaient sur un fil de fer en attendant le résultat du match entre les Stars de Dallas et le Wild du Minnesota.

J'imagine les gars des Hawks dans le salon des joueurs, regroupés devant la télé et suivant le match opposant les Stars et le Wild. Criant à un but du Wild et blanchissant quand Brad Richards a marqué pour les Stars.

Les Stars avaient leur sort entre leurs mains. Tout le monde a battu le Wild depuis deux mois. Même le Canadien, 8-1.

Ben, les Stars se sont étranglés eux-mêmes. Avec l'aide de José Théodore, qui a brillé devant le but du Wild. Les Stars ont trouvé le moyen de perdre et de rater les séries. C'est tout le groupe qui a lâché.

Cela dit, il ne faut pas oublier les effets de la parité. Un match donné ne peut être facile dans la nouvelle Ligue nationale de hockey. En réalité, la différence entre les Stars et le Wild est minime et un bon gardien peut jouer un rôle fatal dans un match.

Quelle est la vraie différence entre les Bruins de Boston et le Canadien? Quelques points à peine. Rien pour gager sa paye de la prochaine semaine. Même chose entre le Lightning de Tampa Bay et les Penguins de Pittsburgh.

Savez-vous, même les puissants Canucks de Vancouver n'ont aucune garantie de succès. Ça ne prend qu'un dérapage lors du premier match pour que tout bascule. Rappelez-vous des Capitals de Washington contre le Canadien de Jaroslav Halak le printemps dernier.

C'est Marc Messier qui l'a si bien dit: «Ça prend la dureté du mental». Pour gagner la Coupe Stanley... et pour gagner le Tournoi des Maîtres à Augusta.

Lemaire: du travail bien fait

Jacques Lemaire l'avait confié à Michel Lemieux, du Soleil de la Floride, dès le mois de février. Il ne reviendrait pas derrière le banc des Devils du New Jersey. Lemaire a donné au hockey et il a décidé de prendre sa retraite une autre fois. Je pense que ce sera la bonne.

Hier, dans le New York Post, le chroniqueur Larry Brooks écrivait que Michel Therrien était un candidat sérieux pour remplacer Lemaire. C'est vrai que Therrien est sorti du bon moule pour diriger les Devils.

À Sunrise, on dit que ni Bob Hartley ni Michel Therrien ne sont dans le coup pour remplacer Peter DeBoer. Mais le nom de Therrien revient au Minnesota où il a agi comme dépisteur cette année. De plus, il a travaillé avec le directeur général Chuck Fletcher, le fils de Cliff, à Pittsburgh.

Et puis, il y a Cory Clouston, des Sénateurs d'Ottawa, qui a été le premier à se faire congédier, samedi. Il y a quelques semaines, la rumeur parlait de Guy Carbonneau à Ottawa, mais il se peut que la fin de saison catastrophique des Saguenéens de Chicoutimi n'aide pas sa cause.

DANS LE CALEPIN - Je discutais avec un avocat, fan total des Marlins de la Floride et on parlait baseball. Si ça peut vous faire plaisir, mon fan fou fini des Marlins haït Jeffrey Loria à s'en confesser. En gros, il lui reproche d'être un foutu arnaqueur et un arrogant personnage de la pire espèce. Mais il va quand même acheter le livre de recettes publié par Julie Loria, belle-maman de David Samson, qui dévoile les recettes favoris d'une soixantaine de joueurs des ligues majeures. Je n'ai pas vu le livre, mais c'est certain que quelqu'un quelque part va se faire avoir. C'est une Loria.

Photo: Reuters

Rory McIlroy s'est écroulé en dernière ronde du Tournoi des Maîtres, à Augusta, dimanche. L'Irlandais aura la chance de s'en remettre: il a 21 ans.