Larry Smith s'en va. Démission comme le veut la version officielle ou congédiement gracieux, ça ne change rien à son bilan. Il a ramassé une équipe qui était en faillite dans les faits et il en a fait une superbe machine sportive, sociale et commerciale qui pourrait aller défendre sa Coupe Grey à Edmonton à la fin du mois.

Quand Larry Smith a accepté la présidence des Alouettes, on oublie que l'équipe jouait dans une indifférence totale au Stade olympique. Il y avait 1800 abonnements et c'était presque tous des amis ou des partenaires d'affaires. Je me souviens d'un dimanche où Larry attendait les fans à la porte du grand stade désert pour les remercier d'avoir encouragé l'équipe. Il aurait pu leur demander leur nom, il aurait eu le temps.

J'ai rencontré et interviewé le président de ces Z'oiseaux moribonds un nombre incalculable de fois. Il était toujours débordant d'enthousiasme, triomphant d'énergie et amoureux de son sport et de son équipe. Déjà, à l'époque, les Alouettes gagnaient et les hommes clés qui vont poursuivre l'aventure après son départ étaient en place.

Il a quitté les Alouettes une première fois pour s'en aller à la présidence de The Gazette. L'équipe a gagné une Coupe Grey, en 2002, pendant son absence. Son successeur, l'ineffable Ellis Skip Prince, a fini par «démissionner» à son tour, bouté dehors par Don Matthews qui ne pouvait le sentir à 3 km de distance. Et par plein de rumeurs qui couraient au sein du personnel.

C'est Larry Smith qui est revenu au bercail et qui s'est attaqué à de nouveaux défis. Dont l'agrandissement du stade Percival-Molson et la poursuite de l'engagement des Alouettes au sein de la société québécoise. S'il y a une entreprise à Montréal qui mérite des félicitations, ce sont les Alouettes. Chaque jour, et souvent deux fois par jour, quelqu'un des Alouettes rencontre des Québécois pour promouvoir le sport et l'organisation.

D'ailleurs, si le Canadien trône tout seul au sommet des cotes d'écoute à la télévision spécialisée, les Alouettes demeurent une excellente propriété pour Gerry Frappier et RDS. D'ailleurs, il est dommage que Smith ait autorisé le passage des Alouettes de CKAC à NRJ. Pas tant à cause de la compétence des artisans du réseau, mais parce que l'amateur de football va naturellement vers le 730 quand il veut entendre parler de sport.

On va analyser de long en large les circonstances du départ de Smith. Selon ma modeste expérience, un homme dans la cinquantaine n'abandonne pas une présidence à moins d'avoir un emploi au moins aussi prestigieux ailleurs. Si Larry Smith ne confirme pas d'ici quelques semaines où il s'en va, ça voudra dire que Bob Wetenhall lui a fait comprendre plus ou moins directement qu'il vaudrait mieux qu'il parte. Comme c'est arrivé chez le Canadien. Un président part quand il ne peut plus rester, c'est aussi simple que ça.

Les deux dernières années n'ont pas été faciles pour Larry Smith. Des anciens de l'organisation m'ont raconté de long en large ce qui se passait de tout croche au sein du personnel. Richard Blais, vétéran de l'équipe, a été tassé pour faire de la place à Wes Smith, le fils du président. Les échos que j'avais n'étaient guère flatteurs pour le jeune homme. Et le faible niveau de location des loges au nouveau stade n'a pas aidé. Les pertes de revenus se chiffrent dans les centaines de milliers de dollars. D'ailleurs, Larry a implicitement confirmé hier que Wes avait été congédié il y a quelques mois. On peut comprendre l'agacement et le mécontentement de Bob Wetenhall qui a préféré ne pas assister à la conférence de presse de M. Smith, hier.

Autre sujet de friction, Jim Popp. Le directeur général et architecte de cette formidable dynastie du football canadien était en poste avant même l'arrivée à la présidence de Larry Smith. Et si les deux hommes s'entendaient bien dans les mondanités et pouvaient travailler ensemble, Popp négociait ses contrats personnels directement avec le propriétaire.

Hier, Smith a été discret sur ses projets d'avenir. Je sais que Marcel Aubut compte sur lui au sein du Comité olympique canadien. Et tous les partis politiques, à part le Bloc et le PQ, aimeraient compter sur un Larry Smith dans leurs rangs. Que ce soit chez Labatt ou chez Ogilvie, il a toujours laissé une entreprise en meilleure santé qu'à son arrivée.

Chez les Alouettes, il y a quelques bémols. La location des loges n'est pas terminée, mais je présume que le nouveau président va avoir de bons amis prêts à l'écouter et à lui donner un coup de main. Quand à la succession à prévoir d'Anthony Calvillo, c'est un problème qui revient à Jim Popp. On le voit, sans son quart-arrière vedette, les Alouettes ne sont qu'une équipe parmi les autres dans la Ligue canadienne.

Depuis deux mois, j'ai croisé Pierre Boivin chez Ferreira à trois ou quatre reprises. C'est un endroit qu'aiment fréquenter les propriétaires d'entreprise pour rencontrer des amis ou des candidats intéressants. Curieusement, il y a une dizaine de jours, c'était à Larry Smith d'y être attablé.

Bob Wetenhall devrait y faire un tour. Peut-être qu'il convaincrait Pierre Boivin d'aller donner un coup de main à son organisation. Juste pour le plaisir...

DANS LE CALEPIN Carlos Martinez, massothérapeute cubain installé à Montréal et près des athlètes de GYM et d'Interbox, souligne que Pedro Diaz est de l'école cubaine qui a formé tous les champions amateurs et olympiques des dernières décennies. Mais il est trop jeune pour avoir été l'entraîneur de Teofilo Stevenson.