Ouf! Au moins, Carey Price a arrêté un premier tir hier soir. Et sa première période, digne d'un gardien de but professionnel, a rassuré les fans et les observateurs.

On ne cesse de rappeler à quel point Carey Price est jeune pour expliquer ses difficultés des dernières saisons. Il a 23 ans.

Mais 23 ans, c'était l'âge de Ken Dryden quand il s'est installé entre les poteaux pour conduire le Canadien à la conquête de la Coupe Stanley au printemps 1971. Au passage, il avait raflé le trophée Conn-Smythe.

On se rappelle de ses exploits, mais ce qui revient en tête de tous ceux qui ont côtoyé l'équipe à l'époque, c'est la maturité de Dryden. Il était le rempart, celui qui corrigeait les gaffes des autres et le pilier de la défense dans les situations difficiles.

Hier, l'excellent Mario Langlois, de CKAC, lisait des passages du livre de Ken Dryden, The Game, un des trois meilleurs livres sur le sport que j'aie jamais lus. Cette maturité et cette capacité d'introspection m'émerveillaient encore après toutes ces années. Les paragraphes sur les huées et les applaudissements de dérision que Langlois a lus en ondes étaient poignants.

Puis, je me suis souvenu de l'attitude guerrière de Patrick Roy quand il est arrivé à 20 ans avec l'équipe et qu'il a mené la Flanelle à la Coupe. En m'attardant sur les difficultés qu'il a eues lui aussi à s'établir comme numéro un. Brian Hayward ne lui a jamais fait de cadeau. La compétition était féroce mais jamais elle n'a fait crouler Casseau.

J'écris ces lignes non pas pour déprécier Carey Price mais pour souligner que, dans son cas, la relance passe par «la dureté du mental». En fait, si je me fie à ce qu'écrivait Ken Dryden en jetant un oeil connaisseur sur sa carrière, c'est à l'étranger que Jacques Martin doit faire jouer Carey Price. Le plus souvent possible. Quand il aura retrouvé ses moyens et son aplomb, il sera plus confiant et quelques huées dispersées dans le Centre Bell ne le dérangeront pas.

De toute façon, Jacques Martin et Pierre Gauthier n'ont pas le choix. Il n'y a plus de numéro un dans l'organisation. Faut que Price le redevienne.

Les chandails des Nordiques: une grave erreur!

Quand j'ai vu Josée Vermer et les autres ministres et députés conservateurs poser dans un chandail des Nordiques, j'ai pensé qu'ils avaient prévenu le PMO, c'est-à-dire l'institution qui dirige vraiment le Canada, le bureau du premier ministre.

Comme aucun député et ministre n'a le droit de changer de petites culottes sans prévenir qui de droit à Ottawa, ça ne pouvait faire autrement.

Sauf que deux «branchés» importants auprès du bureau du premier ministre Stephen Harper soutiennent qu'il s'agissait là d'une très grave erreur et que Mme Vermer et ses équipiers avaient agi spontanément sans prévenir le PMO. «Ç'a provoqué un important ressac dans le Canada anglais. Alors que la stratégie du maire Régis Labeaume voulait qu'on parle d'un édifice multifonctionnel en but des Jeux olympiques, l'action de Mme Vermer et des autres députés a attiré les projecteurs sur le point le plus vulnérable de la campagne pour obtenir le financement d'un nouvel aréna. Le hockey professionnel et ses millionnaires. Ce qui a obligé M. Harper à prendre position contre une aide au sport professionnel», m'ont expliqué ces deux personnalités intéressées au dossier.

Ça ne veut pas dire que le maire Labeaume n'aura pas son Colisée mais ça complique la démarche. Par ailleurs, les médias de la capitale se préparent à tout mettre en oeuvre pour que la Marche bleue de samedi envoie un message très clair à Ottawa. On ne veut pas avancer de chiffre mais on espère attirer des milliers de personnes dans les rues de la Capitale. Évidemment que ça va dépendre beaucoup de la température. Mais si 50 000 personnes ont marché pour Jeff Fillion, on peut espérer que 50 001 marchent pour un édifice qui est la pierre angulaire de tout retour des Nordiques à Québec.

Une marche, c'est bien. De solides arguments, c'est encore mieux. Et de solides arguments, ce n'est pas ce qui manque dans ce dossier quand on prend le temps de réfléchir.

Les Alouettes m'inquiètent

J'ai mes billets de saison pour les matchs des Alouettes au stade Molson depuis au moins une dizaine d'années. J'ai toujours pensé, qu'à part un grand concert Gustav Mahler par l'OSM, c'était le meilleur rapport qualité/prix en ville.

Je le pense toujours. Les Alouettes sont de loin la meilleure équipe et la meilleure organisation à avoir porté les couleurs de Montréal au cours des 15 dernières années. Et cette année, ils contrôlent encore la situation.

Cependant, il y a des victoires qui sont plus inquiétantes que des défaites. Et celle de vendredi contre les Blue Bombers de Winnipeg est loin de m'avoir rassuré sur mon voyage du 28 novembre pour la Coupe Grey à Edmonton.

Gagner en donnant 40 points à l'adversaire, ce n'est pas ce qu'un coach peut espérer de mieux. Parce que si les attaques remplissent les stades, ce sont les défenses qui finissent par gagner les championnats. Et la défense des Alouettes ne me semble pas aussi régulière et efficace que par les années passées.

Et puis, les vétérans des Alouettes se font cogner rondement. La ligne à l'attaque protège encore bien Anthony Calvillo mais avec les années, Calvillo dégaine sans doute moins rapidement et impose un stress supplémentaire à sa ligne. Quant à Ben Cahoon, le valeureux receveur des Zoiseaux est encore fiable. Mais vendredi soir, il s'est fait frapper comme un sac d'entraînement par les joueurs des Bombers. Sans doute que les passes étaient un peu trop télégraphiées.

Mais comme les Alouettes dominent encore le classement dans leur division, on va se dire que ces inquiétudes sont celles d'un coeur trop aimant.

Mais je suis quand même inquiet.