Ça fait du bien de se comparer. Ça rassure. Les Québécois ne sont pas les seuls à s'être fait arnaquer par Jeffrey Loria et David Samson. Grand Galop et Petit Trot viennent de flouer de gauche à droite et de haut en bas toutes les autorités politiques du sud de la Floride.

Jacques Ménard et les hommes d'affaires du Québec Inc. n'ont plus à être gênés. Il y a pire qu'eux.

Grand Galop et Petit Trot ont pompé du cash par dizaines de millions avec les Marlins de Miami. Ils ne se payaient pas de forts salaires, disaient-ils, pour convaincre les autorités du comté et de l'État d'investir près de 600 millions dans la construction d'un stade. Sauf qu'ils avaient formé une socitété de gestion, la Double Play Company, qui, elle, s'est versée 8,6 millions en frais d'administration pour gérer les Marlins. Les deux administrateurs de Double Play Company sont évidemment Grand Galop et Petit Trot.

Ils ont fait mieux. Ils ont prêté de l'argent aux Marlins et se sont payé des intérêts de 1,83 million et de 1,26 million par année avec leurs prêts. Ce faisant, les Marlins continuaient à être techniquement déficitaires et à toucher jusqu'à 75 millions du fonds de péréquation du baseball majeur. Les profits réels des Marlins atteignent 37 millions par année puisque l'équipe a la liste de paye la moins élevée du baseball. D'ailleurs, le commissaire a forcé Grand Galop et Petit Trot à augmenter la masse salariale de l'équipe. Petit Trot, depuis, se fend les mâchoires à expliquer à la radio et à la télé que les Marlins «ont des frais de marketing dans les huit chiffres, une des plus élevées du baseball».

Nous, au Québec, savons que David Samson ment plus vite qu'il ne respire. Les chiffres publiés par les médias floridiens prouvent que si les Marlins consacrent 9,8 millions au marketing, ils sont avant-derniers dans tout le baseball majeur. Par exemple, les Rays de Tampa Bay dépensent plus de 23 millions en marketing, les Pirates de Pittsburgh sont à 17 millions et on ne peut avoir la moindre idée de ce que peuvent dépenser les Red Sox de Boston ou les Braves d'Atlanta...

C'est certain que les politiciens et certains groupes de pression sont frustrés et révoltés par les manoeuvres de Grand Galop et de son âme damnée, son ancien beau-fils, Petit Trot. Malgré tout, les autorités vont de l'avant avec le projet de stade parce que les études économiques montrent qu'à long terme, l'économie du sud de la Floride va profiter de l'investissement. Surtout que, faut-il le rappeler, la Floride ressemble à un État dévasté par la guerre tellement il y a des vitrines placardées et de commerces abandonnés. À Lake Worth, au moins deux Winn Dixies, des Metro de la place, ont fermé au cours des dernières semaines. Et à la sortie de Tampa, sur la 60 en direction du Turnpike pour revenir à West Palm Beach, j'ai vu au moins quatre stations-services fermées. Quand aux États-Unis, on n'a plus les moyens d'acheter de la bouffe et du «gaz», c'est que la fin du monde est vraiment prévue pour 2012.

DANS LE CALEPIN - Par ailleurs, ce n'est pas le projet d'un stade qui est mauvais. Ce sont les deux tripoteux et filous qu'on a trop bien connus à Montréal qui le sont.

Photo: Pierre McCann, archives La Presse

David Samson et Jeffrey Loria ont floué le Québec dans les dernières années des Expos. Le duo sévit maintenant en Floride.