«C'est lundi ou mardi qu'on va avoir notre réponse de la FIA. Si c'est oui, c'est là que le gros stress va commencer.»

Ça se passait avant la course NASCAR d'hier à l'île Notre-Dame. Jacques Villeneuve est venu saluer les invités du promoteur François Dumontier dans sa loge. Il était accompagné de Sandrine Gros d'Allion, sa blonde à l'époque de son championnat du monde en ChampCar et en Formule 1.

Villeneuve était déjà concentré pour une course qui allait s'avérer très dure dans la fournaise du circuit Gilles-Villeneuve. Mais il ne pouvait s'empêcher de penser à cette décision qui risque de bouleverser sa vie. La Fédération internationale de l'automobile va décider d'ici mercredi si elle accorde une licence à Villeneuve et ses partenaires pour former l'écurie Durango et ainsi disputer la prochaine saison de Formule 1. «Si c'est oui, c'est une énorme aventure. Je suis prêt», a-t-il lancé pendant qu'on s'arrachait l'ancien champion du monde.

Villeneuve a beaucoup piloté et couru depuis quelques années. Dans toutes sortes de catégories. Contrairement à Michael Schumacher, qui avait pris une retraite totale de la course, Villeneuve a su garder bien affûtés ses réflexes et son instinct de la piste. On l'a encore vu hier quand il a fait le podium devant son public.

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Il faut négocier longuement et régler tous les détails si on veut afficher un drapeau sur un circuit de Formule 1 ou de NASCAR. Et la plupart du temps, il faut également payer pour étaler ses couleurs. Le Canada le faisait à l'époque des glorieuses commandites fédérales.

Évidemment que les Mohawks ne s'embêtent pas de ces détails. Hier, un des pilotes, résidant à Kahnawake, était commandité par Snake's Poker pour la série Canadian Tire. Pas de gêne et pas de problème, on a installé un mât devant le garage et le drapeau des Warriors a flotté sur la piste devant la foule et les caméras de télévision.

Bah, c'est pas pire qu'organiser un vaste réseau de ventes de cartons de cigarettes de contrebande à 10 minutes de Montréal!

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François Dumontier a fait du bon travail. Évidemment, les cadets de la police ont joué à James Bond tout le week-end et ont arrosé les gens du NASCAR de contraventions, mais il faut bien les préparer à jouer leur grand rôle de policier au Québec. Se cacher pour donner des tickets. Pour le reste, de ce que j'ai pu constater de visu, ça roulait fort bien.

Dumontier et les ministres fédéral et provincial Denis Lebel et Raymond Bachand négocient une entente qui apporterait un million à son organisation. «Mais ce n'est pas une remise en question de la course. Nous ne voulons pas ce million pour le mettre dans nos poches. Nous voulons nous en servir pour nous rendre dans les courses du Nord-Est américain et faire la promotion de notre évènement, de Montréal et du Québec. Si nous pouvons attirer des visiteurs américains en plus grand nombre, on fait d'une pierre plusieurs coups. Ces visiteurs vont dépenser leurs dollars à Montréal et nous allons rendre notre course NASCAR encore plus importante», de souligner Dumontier.

René Guimond, vice-président chez Cogeco, était le grand patron du marketing en 1982 quand les Expos ont présenté le match des Étoiles du baseball majeur. «Nous avions conclu ce genre d'entente avec le ministère du Tourisme du Québec pour profiter de l'évènement et faire la promotion de la province. Les résultats avaient été extraordinaires», s'est-il rappelé.

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Gérald Tremblay, notre tranquille maire de Montréal, est venu faire son tour hier. Sans doute a-t-il droit à des sentiers secrets parce qu'il est arrivé facilement au circuit. D'autres, qui pourtant conduisent depuis 36 ans dans Montréal, se sont butés à un accès fermé de la 15 vers la 40 Ouest, puis, après être reparti vers le nord pour aller prendre Acadie Sud, se sont retrouvés, toujours sans indication, devant le même accès barré. Après, ils ont tenté de se faufiler entre les cônes orange, Avenue du Parc, ont été déportés vers l'Ouest à cause des rues fermées au centre-ville, puis n'ont pu se rendre au Delta à cause des cônes décoratifs orange dans le secteur. Après, dans la navette se rendant au circuit, on s'est frottés aux cadets qui venaient d'envahir Kaboul.

À un moment donné, tu te demandes pourquoi on dépenserait un million pour convaincre les Américains de venir à Montréal pour le week-end de la course puisqu'ils ne pourront entrer dans Montréal de toute façon. Le pont Champlain est impraticable, les rues sont fermées, les indications sont nulles à suer et de toute façon, les granoles ne veulent pas voir d'autos supplémentaires sur l'île. Et s'ils arrivent par Dorval, ils tombent sur le rond-point qu'on refait depuis maintenant trois ans. Monsieur le maire a gardé son sourire. L'accès à la 40, c'est le provincial, le pont Champlain, c'est le fédéral et le rond-point de Dorval, c'est les compagnies de chemins de fer. «Elles, les compagnies de chemins de fer, ce sont les pires», s'est cependant fâché M. Tremblay... en souriant. Voyez, faut pas critiquer la Ville, c'est la faute des autres si y a rien qui roule dans notre Ouagadougou.

DANS LE CALEPIN Marc Cantin ne fait pas un mauvais travail à la description de la course. Mais c'est qui le «Jacquôt» dont il a parlé tout l'après-midi? Dominique Fugère, lui, est un très bon analyste. Il connaît sa spécialité, il est enthousiaste et il explique très bien les dessous de l'action. Et puis, on souhaite à Didier Schraenen le plus prompt des rétablissements. Vivement, qu'on le retape à neuf qu'on retrouve sa bonne humeur...