On est rendu au septième match. Dans La Presse, j'ai prédit une victoire des Penguins en sept. C'était avant le début de la série. Mais dans mon for intérieur, je me suis dit depuis quelques jours que l'équipe qui remporterait le match d'hier soir serait celle qui se rendrait en finale de la Coupe Stanley. Autrement dit, je ne puis plus perdre ce qui est fort commode pour un chroniqueur.

Le Canadien a bien battu les Penguins hier soir. Même si l'arbitre a refusé à Pittsburgh un but qui était bon en fin de première. Ce sont des choses qui arrivent dans la Ligue nationale de hockey. Et c'était la première fois depuis le début des séries que Jaroslav Halak ne recevait pas la première étoile après une victoire du Canadien. Ça veut dire qu'il n'est plus obligé d'être miraculeux pour que le Canadien gagne. Ça veut surtout dire beaucoup.

Les joueurs de Jacques Martin le savent.

Mais si le Canadien a battu les Penguins, c'est que Marc-André Fleury a donné trois buts sur les 11 premiers tirs qu'il a reçus. Et dans les séries éliminatoires, donner trois buts en 11 tirs, c'est pousser son équipe vers la défaite.

Ce qui est encore bien plus grave, c'est que les joueurs des Penguins savent que Fleury ne connaît pas une bonne série même s'il a été solide samedi soir. Il glisse beaucoup trop de gauche à droite, il s'éloigne trop de son but, il se fait prendre hors de position et il ne couvre pas très bien ses angles quand les joueurs du Canadien patinent en parallèle devant lui. Le deuxième but de Mike Cammalleri en est un parfait exemple. Il a lancé du revers à la droite de Fleury qui lui a donné tout le côté du but.

Si vous, simple amateur, le savez, dites vous que les joueurs des Penguins en sont conscients. Ça veut dire que demain soir à Pittsburgh, ils vont entreprendre le match avec plus de nervosité que le Tricolore. Ils savent qu'ils peuvent bombarder Jaroslav Halak en première période sans recevoir le moindre cadeau. Hier, en deuxième, Halak a donné un rare mauvais but, mais il s'est bien repris en «réussissant» trois poteaux. Depuis que Patrick Roy a entrepris de parler à ses poteaux, on sait que ceux du Canadien aiment les gardiens qui sont gentils avec eux. Et Jaro est tellement gentil.

Le Canadien a gagné et il faut souligner l'effort colossal de certains individus. Jaroslav Spacek a raté plusieurs matchs. Il a été absent pendant presque trois semaines. Hier, on pouvait espérer de lui quelques présences sur la patinoire. Il a été exceptionnel. Il a empêché des échappées en plongeant, il a coupé des passes, il a même trouvé le moyen de marquer un but, un bonus dans les circonstances. Lui aussi a du coeur.

Pendant la saison, on n'a guère vu Travis Moen. Hier soir, le grand Evgeni Malkin était en position parfaite dans l'enclave pour décocher un lancer dangereux. Moen a plongé tout croche et a arrêté la rondelle avec son dos ou son côté. On a vu sur son visage toute la douleur ressentie. Mais il a arrêté Malkin.

Et puis, soyons honnête. Marc-André Bergeron ne devait pas jouer cette saison. P.K. Subban a passé l'année à Hamilton et Ryan O'Byrne était un cas douteux cette saison. On se demandait s'il finirait un jour par être de calibre pour la Ligue nationale. Hier soir, ces trois gaillards ont tellement travaillé qu'ils ont été impeccables. Quand ils se faisaient déjouer, ils se garrochaient pour réparer la gaffe. Comme plusieurs de leurs coéquipiers, ils ont un talent limité pour certains, mais ils travaillent plus fort que les Penguins. Et puis, un but refusé injustement et trois poteaux, ça aide à gommer les différences de talent.

À cause de Sidney Crosby, d'Evgeni Malkin, de Sergei Gonchar, il faudrait encore favoriser les Penguins.

Mais à cause de Jaroslav Halak et de Jacques Martin qui a convaincu ses hommes de s'oublier totalement en faveur du groupe, de l'équipe, il n'y a plus de certitude ou de logique qui tiennent.

Je sais seulement que cette équipe est fort belle...

Un heureux anniversaire

Il y a trente ans hier soir, Don Cherry n'arrivait pas à compter jusqu'à six et les Bruins de Boston écopaient d'une punition pour avoir eu un homme de trop sur la patinoire. Guy Lafleur déjouait Gilles Gilbert avec une ou deux minutes à jouer pour égaler la marque et Yvon Lambert comptait le but gagnant pour permettre au Canadien de gagner la Coupe contre les Rangers de New York. Ça devait être la dernière Coupe Stanley de Scotty Bowman à Montréal. Cherry, lui, se retrouvait au Colorado avec sa chienne Blue où il ne fit pas grand-chose de bon. Puis, on l'a retrouvé analyste à la CBC. Ron McLean a remplacé Blue...

Photo: Robert Skinner, La Presse

Le Canadien a gagné hier et il faut soulgner l'effort colossal de certains individus, comme Brian Gionta qui n'a pas craint de se frotter à des adversaires souvent plus costauds que lui.