On aurait dit qu'on avait inversé les rôles. C'est le Canadien qui a été dominant en première période, c'est Marc-André Fleury qui a tenu le fort et ce sont les Penguins de Pittsburgh qui ont excellé en défense pour remporter ce troisième match.

Mais si j'étais un fan, je serais encouragé malgré cette défaite de la Flanelle. Pour la première fois depuis une deuxième période lors du troisième match contre les Capitals de Washington, les joueurs de Jacques Martin ont été capables de rivaliser en attaque avec une bonne équipe de la Ligue nationale. En première, les Glorieux ont été rapides, ils ont été explosifs et ils méritaient d'être en avance au pointage quand ils ont quitté la patinoire pour l'entracte.

Remarquez qu'on a écrit ce paragraphe au moins une douzaine de fois depuis quelques semaines. Mais de voir les Gionta, Cammalleri, Gomez et Plekanec patiner avec autant d'aisance devrait permettre à Jacques Martin de bâtir un semblant d'attaque. On sait que pendant 20 minutes, en patinant à fond de train, le Canadien peut faire autre chose que se défendre.

Mais on sait également que le Tricolore n'arrive pas à coller deux bonnes périodes de suite en attaque. Et hier, ce fut encore le cas.

Cependant, Plekanec s'est fait voler un but par Fleury en troisième période. C'était le but égalisateur. Maxim Lapierre a touché le poteau en visant la lucarne et c'était encore là le but égalisateur. Faut pas se décourager, au contraire, il faut croire que même embouteillée dans son territoire, l'équipe demeure opportuniste et sait créer quelques chances de marquer à la moindre occasion.

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C'était un match crucial pour les Penguins. Ils étaient privés de Jordan Staal, on le sait. Mais l'absence de Bill Guerin s'est également fait sentir. S'il y avait un match qui reposait sur les épaules de Sidney Crosby et d'Evgeni Malkin, c'était celui-là. Crosby a été discret sur la feuille de pointage mais il a disputé un solide match. Il est fort, il est combatif et il a une vision du jeu qui demeure extraordinaire. Malgré quelques passes molles dans son territoire. D'ailleurs, si j'étais le coach des Penguins, j'aurais une petite séance de vidéo. Les Letang, Gonchar, Crosby et même Malkin ont la fâcheuse habitude de quitter leur territoire avec une passe risquée et de laisser le chemin libre à des joueurs du Canadien. C'est arrivé au moins une demi-douzaine de fois hier soir et dans un match aussi serré, c'est une demi-douzaine de trop.

L'absence de Staal est compensée par celle de Markov. Mais P.K. Subban chausse de grands patins et il le fait bien. Ce jeune a un talent énorme, il sait se discipliner et hier, avec plus de 22 minutes, il a eu le temps de glace d'un vétéran.

Les vraies déceptions sont rares chez le Canadien. Andrei Kostitsyn en est une grosse. Il n'est pas responsable de la paresse et de l'immaturité de son jeune frère Sergei qui a agi en parfait toton hier matin lors de l'entraînement mais il manque de vigueur et de désir de vaincre. C'est flagrant et dans une série aussi serrée, c'est impardonnable. Mon autre déception est Benoît Pouliot. Rien de brillant en attaque et aucune mise en échec. Serait-il redevenu un Wild ? Jouait-il aussi mollement pour Jacques Lemaire quand il était au Minnesota ? J'espère qu'il traverse une mauvaise passe et qu'il va se replacer parce que sinon, on va s'ennuyer de Guillaume Latendresse.

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Les Penguins ont retrouvé l'avantage de la glace dans la série. Mais ça ne veut plus rien dire, on l'a vu contre Washington et contre Ottawa. En fait, le Canadien a commis l'erreur hier de ne pas appliquer son vrai plan de match. Laisser l'adversaire lancer 40 fois au moins sur Jaroslav Halak et marquer un ou deux buts opportunistes.

Mais le match de demain peut être complètement différent. Un tir dévié, un mauvais rebond, une erreur de concentration, un rien peut changer le cours d'un match. Autrement dit, vos Glorieux sont encore dans la course, ils sont dans la bataille et rien ne dit qu'ils ne gagneront pas le quatrième match.

Je suis convaincu que les joueurs pensent ainsi et c'est le plus important. Qu'eux y croient, à ce petit miracle printanier.