Ça ne veut rien dire puisque j'ai amplement le temps de m'être trompé. Une fois de plus. Mais en début de saison, j'ai écrit que j'estimais que Jacques Martin aurait besoin d'une vingtaine de matchs pour donner une certaine cohésion au groupe de joueurs que lui offrait Bob Gainey.

Et j'ajoutais que selon mon humble opinion, Jacques Martin était la seule raison qui me faisait dire que le Canadien participerait aux séries éliminatoires.

La dernière semaine des Glorieux semble me donner raison. Pour une fois. Mais il faut ajouter le nom de Carey Price à celui de Jacques Martin. Price a été solide et s'est enfin montré digne de tout le battage publicitaire qui a marqué son arrivée à Montréal. Au cours des derniers matchs, il a tenu le fort quand l'équipe commençait ses matchs au ralenti et a permis des retours qui seront fort importants en avril prochain.

J'ai toujours douté du talent de Roland Melanson avec les jeunes gardiens du Canadien. Ce n'était qu'une impression, mais on aurait dit qu'il voulait tellement robotiser leur technique que les gardiens perdaient leur identité devant le filet. C'est un Price plus confiant et plus audacieux qu'on retrouve cette saison. Et ça marche. Faut pas essayer d'être parfait, faut arrêter les pucks.

Par ailleurs, ces succès ont été remportés alors qu'une vingtaine de millions de dollars en salaires reposent dans une infirmerie. Un gardien inspiré, un coach qui impose un système de jeu et des jeunes qui se défoncent au travail, c'est souvent suffisant au hockey pour remporter sa large part de matchs. C'est dans les séries éliminatoires, quand on s'approche de la Coupe, que le talent devient essentiel. Et encore là, il ne faut pas oublier que les Hurricanes de la Caroline ont gagné la Coupe Stanley contre les Oilers d'Edmonton il y a quelques années à peine. Fallait que les astres soient alignés.

Les statistiques vont être connues plus tard dans la saison, mais il semble bien qu'on subisse une épidémie de blessures comme on n'en a jamais vue dans l'histoire de la Ligue nationale.

Il y a le Canadien, mais il y a aussi les autres équipes de la LNH qui sont sévèrement pénalisées par les blessures. Les genoux, les épaules, la tête, on dirait un épisode de E.R. ou de Dr House.

Il y a quand même des incongruités qui méritent d'être soulignées. Georges Laraque a écopé d'une suspension de cinq matchs pour avoir causé une blessure à un genou à un adversaire. Mais Andrew Ladd, qui a tenté de tuer Matt D'Agostini en le frappant à la tête, comment ça se fait qu'il s'en tire sans même une tape sur les doigts? Et toutes ces tentatives de blesser, malheureusement réussies trop souvent, comment ça se fait qu'on discute et qu'on rediscute encore au lieu d'envoyer un signal fort que la tête d'un joueur est au moins aussi importante que son genou?

Hier soir contre les Penguins de Pittsburgh, c'était 30 millions qui manquaient au Canadien. Ça donne quoi d'investir des dizaines de millions si les conditions de jeu ne permettent pas de présenter ces beaux joueurs aux clients?

Il y a une réflexion à faire. Les joueurs sont plus rapides, plus imposants, plus forts et de moins en moins respectueux les uns envers les autres. Les tirs sont fracassants et je ne sais pas si c'est à cause des équipements, mais personne ne semble montrer la plus petite touche de prudence dans le jeu.

Il est évident que l'Association des joueurs ne veut rien faire pour protéger ses membres. L'objectif de l'Association est de créer des conditions de négociation qui permettent à ses membres de gagner des millions. Qu'on crée quelques zombies à chaque saison ne semble pas peser lourd dans la balance.

J'ai reçu une grande quantité de courriels à propos de Guillaume Latendresse. De ce nombre, certains étaient d'une mesquinerie et d'une saloperie à faire lever le coeur.

C'est toujours un choc et c'est désolant. Mais quand on réfléchit, on se rassure. Il y a plus de six millions de Québécois francophones. De ce nombre, 5 998 000 n'ont pas écrit ou appelé les tribunes téléphoniques pour vomir sur Latendresse et, au passage, sur Annie Villeneuve. Et sur les 2000 qui restent, il y en a quand même 1800 qui se sont exprimés poliment et avec respect. Certains en critiquant le jeu ou l'attitude professionnelle de Latendresse, mais dans les limites de la décence. C'est leur droit, après tout, Latendresse exerce un métier public. Il en reste donc quelques centaines qui ont pollué tout ce qu'ils pouvaient salir de leurs vomissures. En crevant de jalousie parce que le jeune est beau et riche. Et qu'il est capable de dire trois phrases en s'exprimant correctement. Ce qui le rend suspect.

Il faut toujours faire ce raisonnement quand on a le mauvais feeling que les maniaques du Canadien ne sont pas de bien belles personnes. Que sont 200 merdiques quand il y a 5 998 000 amateurs potentiels qui peuvent être bien corrects?

DANS LE CALEPIN Il y a bien plus important cette semaine que les matchs du Canadien. Il y a Lucian Bute, qui va se battre samedi soir devant les caméras de HBO en direct de Québec. Pour Bute, c'est une occasion en or de se hisser dans les grands noms de la boxe internationale. Là où il pourra ramasser les belles piastres qu'il mérite d'ailleurs. Et il faut aussi suivre de près les efforts de nos Alouettes en finale de la Coupe Grey. Il y avait 550 000 téléspectateurs, dimanche, pour suivre le match contre les Lions. Plus les 53 000 qui étaient au Stade olympique, ça veut dire que 600 000 Québécois ont tripé sur leur équipe. Pour une semaine, on pourrait peut-être se rappeler qu'il y a autre chose que la Flanelle dans le sport...