Celui qui a raison, c'est Éric Lapointe. L'autre Éric Lapointe, celui qui a été un brillant joueur des Alouettes de Montréal. Je discutais avec lui cette semaine et il me disait à quel point il était inquiet en vue du match entre les Alouettes et les Lions de la Colombie-Britannique.

Je partage cette inquiétude. Rien de plus dangereux qu'un quart-arrière qui court bien au football canadien. Casey Printers est justement ce genre de quart-arrière. Et c'est toujours dangereux d'affronter un coach aussi expérimenté et talentueux que Wally Buono. Autrement dit, rien n'est acquis et ça risque d'être très dur.

Par ailleurs, j'ai pris avec un grain de sel la déclaration de Jim Popp concernant Marc Trestman. L'entraîneur-chef des Alouettes recevrait une offre des Bills de Buffalo pour occuper le même poste avec eux. Popp a dit que Trestman était sous contrat avec les Alouettes la saison prochaine et qu'il s'attendait à le voir respecter son contrat si jamais les Bills étaient sérieux.

C'est de bonne guerre. Popp se met dans une situation pour exiger quelques centaines de milliers de dollars des Bills s'ils veulent absolument mettre Trestman sous contrat. Mais jamais je ne croirai une seule petite seconde que Popp ou le propriétaire Bob Wetenhall pourrait empêcher Trestman de réaliser le rêve de tout entraîneur et de se joindre à la NFL. C'est une règle non écrite. On n'empêche pas un homme d'améliorer son sort et de progresser dans sa carrière. C'est la même chose dans le hockey. On ne retient pas un coach à qui on offre de devenir directeur général.

D'ailleurs, les Alouettes sont chanceux que les équipes de la grosse NFL ne regardent pas plus souvent au nord de la frontière. Jim Popp est avec l'organisation depuis l'époque des Stallions de Baltimore. Toujours, pendant plus de 15 ans, il a bâti des équipes souvent formidables, capables de remporter une douzaine de matchs par saison. Souvent plus.

Ce talent n'a pas de prix. Et rien ne dit que Popp n'aurait pas la même touche dans la Ligue nationale. Un joueur de football, ça demeure un joueur de football. Et un homme demeure un homme. Dans la NFL, il est juste plus grand, plus gros et plus fort.

En attendant, que les amateurs en profitent. Dans ses limites, le football de la Ligue canadienne offre un excellent rapport qualité-prix dans le sport professionnel.

Entre vous et moi, y a des soirs où ça coûte pas mal plus cher d'applaudir l'équipe des Molson que de se donner rendez-vous au stade Molson.

Andre Agassi et sa perruque

Eh bien! Vous vous souvenez de la crinière léonine d'Andre Agassi? De sa célèbre coupe Longueuil? C'était une perruque. Et Agassi raconte ses tourments à propos de cette foutue perruque dans plusieurs chapitres de son livre Open, an Autobiography. Le livre est fascinant. Quand le slogan d'une campagne publicitaire est Image is everything, il serait désastreux de reconnaître que le jeune punk de 22 ans qui sert de support à la campagne perd ses cheveux à un rythme affolant.

Et Agassi raconte comment il craignait de perdre sa perruque lors de certains matchs, comment ça l'ennuyait et comment la décision de se raser le coco pour les Internationaux d'Australie avait été pénible.

Mais surtout, Agassi raconte comment il a toujours détesté le tennis, un sport imposé par son père. Il explique à quel point il a souvent été mal dans sa peau, comment cela a été difficile d'apprendre à gagner et quels incroyables sacrifices il a dû faire pour arriver au sommet... deux fois.

Il raconte ses grands matchs contre Pete Sampras avec une honnêteté admirable et c'est passionnant de suivre la cour patiente et amoureuse qu'il a faite pour gagner le coeur de Steffi Graf. Mettons que ce fut aussi difficile que de battre Sampras en cinq sets en Australie.

On reste dans la tête d'Agassi et le voyage est fascinant. On apprend comment la victoire et la défaite se jouent au mental. Ça n'a pas la profondeur et la poésie de The Greatest, l'autobiographie de Muhammad Ali, ni le regard presque philosophique de The Game, le livre de Ken Dryden, mais c'est passionnant à lire.

J'espère que Open sera traduit en français le plus rapidement possible et que la version sera bonne. Ceux qui ont plus de plaisir à lire en français ou qui ne lisent pas l'anglais auront droit à un régal.

Et en passant, un qui mange une volée de bois vert, c'est Boris Becker. C'est celui qu'Agassi écorche avec le plus de plaisir. Et c'est évident. On pose le livre et on se dit qu'il y a quelques Québécois qui pourraient nous gâter s'ils prenaient la plume ou s'ils se confiaient à un professionnel capable de rendre leurs pensées et leurs émotions. Tout ce qu'a vécu Serge Savard, ça ne serait pas bon à déguster?... Ou Guy Laliberté? De la rue de La Malbaie jusqu'à la Station spatiale, y a pas de quoi brûler 500 bonnes pages?... Ou Marcel Aubut? De Saint-Hubert de Rivière-du-Loup en passant par l'AMH et les frères Stastny jusqu'à la présidence du Comité olympique canadien... Et Jacques Villeneuve? Il s'est écrit bien des énormités sur Jacques Villeneuve, mais quand Jacques va prendre le temps de raconter l'histoire de son point de vue, ça va être un régal. Juste apprendre comment il se sentait en dedans à Jerez, le 25 octobre, la veille du grand duel contre Michael Schumacher. Raconté sans pudeur, avec les peurs et les angoisses...

Souvent, le point de vue est biaisé ou le préjugé est très favorable - je pense à la biographie de Patrick Roy par son père Michel - mais ça n'empêche pas un livre d'être passionnant et éclairant.

Il ne faut pas attendre qu'un homme soit mort: c'est difficile pour lui d'écrire ses mémoires au paradis. Bien que j'aie en main le manuscrit des mémoires d'Elvis dictées à une médium québécoise. Ça fait quelques centaines de cassettes et 400 pages. J'ai appris beaucoup de choses sur ses amours avec Ann Margret.

DANS LE CALEPIN - J'ai reçu de nouveaux courriels qui me racontent ce qui s'est VRAIMENT passé le printemps dernier avec Carey Price. Bien sûr. C'est fou à quel point les gens bien informés savent tout. Bravo. Et en plus, il n'y a pas le moindre petit doute, juste une épaisse certitude. Je suis béat d'admiration.