Les propriétaires de la Ligue nationale de hockey sont des irresponsables. Ils laissent des dirigeants détruire leur produit et ils ne disent pas un mot. Surtout, ils laissent de beaux jeunes hommes, talentueux et courageux, se faire assommer et envoyer à l'hôpital sans demander de comptes. Sans montrer que leurs milliards ne sont pas dus seulement à leur famille ou à la chance, mais aussi au jugement et à l'intelligence.

L'association des joueurs est tout aussi irresponsable. Comment ce syndicat assez puissant pour faire plier la Ligue nationale peut-il laisser détruire la santé de ses membres sans dire un mot? Comment se fait-il que l'association des joueurs ne monte pas au créneau pour forcer les gouverneurs de la LNH à modifier les règlements et à protéger leurs joueurs?

Et en dernier recours, comment cela se fait-il qu'un bon joueur comme Mike Richards s'abaisse à blesser volontairement un collègue, David Booth? Où donc est passé l'esprit du sport qui est sensé être à la base d'un match de hockey, même chez les professionnels?

Les plus cons, ce sont les gouverneurs. Pour la plupart, ce sont des anciens joueurs de hockey qui traînent encore le manque d'éducation qui était à la base de leur carrière. Ce sont les gouverneurs et les directeurs généraux qui votent les règlements et qui déterminent comment ils seront appliqués. Ce sont les Brian Burke qu'on connaît. Pas des tatas, mais des conservateurs qui s'imaginent qu'ils vivent dans une société calquée sur les années 50.

Alors que justement, dans les années 50 et 60, les joueurs, mêmes les plus rudes et les plus durs, se respectaient. Et veillaient jalousement sur la santé de leurs adversaires pour ne pas les priver de leur gagne-pain. Oui, il y avait des batailles, mais les joueurs évoluaient la tête nue et il était sacrilège de porter son bâton trop élevé ou de frapper un adversaire à la tête.

Les commotions cérébrales augmentent à une vitesse hallucinante. Jonathan Toews, le brillant jeune joueur des Blackhawks, a été l'avant-dernière victime. Et David Booth, lui, a été la cible d'une tentative d'assassinat. Même pas de suspension. Bande de caves!

Oui, des caves. Ils versent des millions à leurs meilleurs joueurs et ils ne sont pas foutus de leur fournir des règlements et des arbitres pour les protéger. La Ligue nationale de football qui, elle, est dirigée par des hommes qui ont de l'envergure, n'aimait pas voir tomber ses quarts-arrières. Elle a modifié le règlement et exigé des arbitres une protection totale et complète des quarts. Les blessures ont diminué.

Au baseball, il était habituel de voir des lanceurs viser la tête d'un frappeur trop fumant. On a modifié les règlements et on a interdit tout tir trop à l'intérieur. On a protégé ainsi les meilleurs frappeurs, ceux qui attirent les foules

Au hockey, les meilleurs, on est assez sans dessein pour les envoyer à l'hôpital.

Il y a quelque chose de désespérant à couvrir les activités de la Ligue nationale. Chaque fois qu'on a l'impression qu'on fait du progrès (comme après le lock-out), on réalise trop rapidement que les conservateurs et les esprits bornés assis au bureau des gouverneurs pèsent plus lourd que ceux qui voudraient amener le hockey dans le XXIe siècle.

Gino Rosato chez Lotus

Gino Rosato en a fait, du chemin. Quand j'ai connu le nouveau vice-président aux affaires corporatives de Lotus, il était l'homme à tout faire de Jean Todt chez Ferrari. Et quand j'écrivais une méchanceté sur Ferrari, j'avais tout de suite un relationniste de la Scruderia qui me tombait dessus. J'ai appris plus tard que les cousins de Gino Rosato (ou même parfois son ami Patrice Brisebois) le tenaient au courant de tout ce qui s'écrivait ou se disait au Québec sur la Formule 1. Tout Ferrari était au courant dans les minutes qui suivaient.

On a fait plus ample connaissance et je me suis pris d'affection pour ce gaillard bourru au grand coeur. J'ai pu constater de visu à quel point il avait la confiance de Jean Todt. Il n'y avait que Gino et Michael Schumacher à être admis en première classe dans les longs vols de retour de Melbourne ou de Kuala Lumpur.

C'est devenu un ami au fil des Grands Prix et des années. Quand Gino revenait au Québec en décembre, on se retrouvait au Cherrier et on se contait les dernières nouvelles. Son père était gravement malade et c'était toujours important qu'il puisse lire le nom de son fils dans le journal. Ça le rendait fier et c'était justifié. Son frère jumeau s'était lancé dans le casting et pas besoin de vous dire que Gino rêvait de jouer au cinéma ou à la télé. Maintenant qu'il est chez Lotus, il va peut-être avoir le temps.

Hier, Gino Rosato est entré dans un autre univers. Celui de la grosse business. La business du branding. Lotus est restée une marque prestigieuse et la décision de relancer la belle anglaise en Indy et en GT est une très bonne nouvelle. Gino Rosato a appris à la meilleure école qui soit. Quoi de plus prestigieux que Ferrari?

Paraît que Gino m'a remercié hier lors de sa conférence de presse. C'est flatteur. Mais je voudrais lui rappeler qu'à huit heures le soir à Hungaroring ou à Interlagos, quand on avait le ventre creux après une journée de F1 et qu'on était encore à 90 minutes de l'heure de tombée et du retour à l'hôtel, je voudrais lui rappeler que les assiettes de pâtes qu'il sortait de la cuisine de Ferrari pour le chroniqueur fatigué et le Torto épuisé ont été les meilleures de toutes: elles venaient du coeur! Même quand il était fâché par les critiques contre son idole Michael Schumacher.

Quand même, ça va faire drôle dans une prochaine entrevue: «Monsieur le vice-président Gino Rosato...»

DANS LE CALEPIN Une des plus belles Lotus au Québec, rouge avec l'intérieur brun clair, est cachée dans le garage du producteur Claude Héroux.