Il y avait une fébrilité nouvelle derrière le banc du Canadien. Bien sûr, les nouveaux propriétaires, les trois frères Molson, étaient attendus avec curiosité.

Mais les anciens avaient un sourire encore plus accueillant que d'habitude: «C'est bon de voir des jeunes prendre la relève. L'équipe est entre bonnes mains», a noté Jean Béliveau en venant prendre place avec sa belle Élise et une de ses petites-filles.

Le grand Jean les aura tous vu passer depuis 1953 et tous lui auront rendu hommage d'une façon ou d'une autre. Mais les trois jeunes Molson, il a fait plus que les voir passer et arriver, il les a vus naître.

Un peu plus loin, Dickie Moore était fringant comme un gamin. Ce diable d'homme s'est remis de vilaines fractures comme dans ses plus belles années. Quand il gagnait le championnat des compteurs de la Ligue nationale avec un poignet cassé.

Même le docteur Kinnear était tout joyeux et excité. Je le soupçonne d'avoir été tout près de maman Molson quand elle était enceinte de ses fils.

Et eux? Ils étaient tranquilles, sans doute un peu écrasés par l'événement. Le premier match au Centre Bell, leur édifice, leur équipe. Avouez que c'est quand même quelque chose, comme le dirait Mario...

Ils ont dû remarquer que le joueur le plus applaudi, et de loin, a été Andrei Markov, et que le coach Jacques Martin a reçu la plus belle ovation de tous ceux qui ont participé au match. Les autres étant Maxime Lapierre et Guillaume Latendresse.

Et puis, signe que les temps changent, chaque joueur s'est présenté en disant «Je suis Un tel...» Il n'y a pas si longtemps, le capitaine disait: «I am Saku Koivu.»

Par ailleurs, même si l'équipe est composée pour la moitié de nouveaux joueurs, les fans ont été aussi chaleureux que par les années passées. C'est parfait, le cash va continuer d'entrer.

Parlant de cash, le maire de Québec Régis Labeaume n'a pas encore tenu sa conférence de presse que j'ai commencé à recevoir des lettres dénonçant tout investissement public dans un nouveau Colisée. J'espère que les politiciens ont évolué et que ce ne sont pas quelques lobbies de la gogauche qui vont faire s'effoirer un des rares projets collectifs qu'on pourrait mettre en branle.

Réglons une fois pour toutes, ou du moins pour quelques mois, un dangereux sophisme. On ne privera pas un malade de son lit d'hôpital en investissant dans un édifice moderne dans la capitale, on va au contraire être capables d'en installer deux dans de plus belles chambres.

La construction d'un Colisée sera génératrice d'emplois en période de récession. Les gouvernements Harper et Charest ont d'ailleurs mis en place des programmes d'infrastructures pour aider la population à traverser cette période difficile sans trop en souffrir. Et ce sont d'ailleurs des pinottes comparé aux trillions dépensés par Barack Obama pour tenter de sortir les États-Unis de leur trou économique.

Par la suite, une équipe de la Ligue nationale et des activités qui feront vibrer vont générer assez de retombées économiques pour que l'État dégage des revenus intéressants pendant des années.

Et on ne parle pas des retombées sportives et sociales de la présence d'une équipe de la LNH dans une ville canadienne.

Certains se demandent comment la ville de Québec pourra faire vivre une équipe dans la nouvelle LNH. La masse salariale des Nordiques en 1994 était de 18 millions par saison. En dollars d'aujourd'hui, on parle d'environ 25 millions. La différence est moins dramatique qu'il n'y paraît quand on aligne les bons chiffres.

De plus, les droits de télévision des Nordiques étaient minimes. Dans le contexte contemporain, avec les réseaux de sports qui s'en viennent, dont TVA-Sports et peut-être Radio-Canada-Sports, on peut croire qu'ils pourraient toucher entre 15 et 18 millions. Ce qui serait encore loin des 25 millions versés au Canadien.

Et le service de la dette sur des Nordiques payés environ 250 millions serait deux fois moins élevé que celui du Canadien. Dans une situation économique favorable et un dollar canadien à plus de 90 cents, c'est jouable. Et les spécialistes soutiennent que les États-Unis en ont au moins pour 10 ans à s'en remettre.

Rien n'est encore conclu, il faut le rappeler et le souligner. Le maire Labeaume est en train de mettre en place les premières pièces de son édifice politique. La conférence de presse de ce matin à Québec va en dire plus. Et il a quelques surprises intéressantes dans sa besace.

De toute façon, les gens s'ennuient des Nordiques. L'Avalanche, c'est bien. Mais les Fleurdelisés, c'est mieux.

DANS LE CALEPIN

Michel Villeneuve a signé hier un nouveau contrat de trois ans avec CKAC. Michel n'a pas consenti une clause d'exclusivité à la station, mais il ne cache pas qu'il trouve fatigantes les journées de 8h à minuit et demi qu'il se tape depuis trois ans. Il se pourrait que La zone à Radio-Canada ait à se chercher un nouvel animateur pour la prochaine saison. Par ailleurs, Jean-Charles Lajoie, le spectaculaire animateur de la station, soigne des bobos qui l'ont expédié chez son médecin. Quant à Paul Arcand, il a fait son voyage de noces à Saint-Hyacinthe le week-end dernier et il en est revenu enchanté. Madame aussi.