Guy Lafleur est un criminel. On le savait. Malheureusement, le juge Claude Parent n'avait pas la marge de manoeuvre pour corriger une erreur bête et inutile et accorder une absolution à Lafleur.

C'est le point de départ de l'histoire qui était vicié. Une policière, une enquêteuse et une procureure ont décidé de coincer Guy Lafleur puisque la Justice n'arrivait pas à contrôler Mark Lafleur, qui avait agressé une jeune fille. C'est le père qui allait payer. D'autant plus qu'il était aimé, riche et célèbre.L'avocat de Lafleur aurait peut-être pu conseiller autrement son client. Mais ça ne change rien à un fait. Alors que tant de bandits et de criminels, de pourritures et de voleurs se parjurent et sortent blanchis du palais de justice, un citoyen hautement honorable et généreux se retrouve avec un casier judiciaire et est empêché de pratiquer de larges pans de ses activités professionnelles.

Des mères, malheureusement, mentent et se contredisent en plein tribunal pour essayer de sauver une fille prostituée ou un fils revendeur de crack. Comme elles sont pauvres, les procureurs et les juges notent leurs contradictions et leurs mensonges, tentent d'obtenir un peu de vérité et laissent passer l'infraction parce que, de toute façon, les prisons sont pleines et que ces pauvres femmes sont trop pauvres pour payer une amende. Mais Lafleur, lui...

Deux poids, deux mesures. Ce n'est pas vrai que la justice est la même pour tous. J'espère que des politiciens vont réfléchir à certaines conséquences absurdes de leurs lois. Ils seront les premiers à demander un autographe à Guy Lafleur et à l'inviter à patronner leurs oeuvres de charité et leurs soupers partisans.

Ce qui est bien correct, d'ailleurs: il mérite tous ces honneurs.

La Régie et la boxe

Mais je comprends encore mieux depuis mercredi à quel point le juge Claude Parent était prisonnier du code.

En après-midi, je me suis rendu à la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec pour y rencontrer son président, Me Denis Racicot.

Dieu que nous sommes loin de l'ancêtre, la commission athlétique de Montréal de M. Paul-Émile Sauvageau, et de la Régie de la sécurité dans les sports de Gilles Néron!

La boxe est maintenant intégrée dans une régie qui est en fait un tribunal administratif et dans laquelle une dame qui n'a plus de courses de chevaux desquelles s'occuper tente de se recycler dans la boxe. Vous voyez le topo.

Mais je suis revenu de cette rencontre convaincu d'un point: Denis Racicot est un président compétent et intelligent. Il est juste un super fonctionnaire pris avec des règlements qui, parfois, manquent cruellement de bon sens.

Prenez cette taxe de 5% que les promoteurs de boxe sont les seuls à payer au Québec. Un reliquat de l'ancienne taxe d'amusement qu'on retrouvait cachée dans les tickets de hockey, de cinéma ou de théâtre. Cette taxe a été bannie partout... sauf pour la boxe et la boxe mixte.

Tant que c'était des petits combats amusants dans les petits clubs, les promoteurs ne hurlaient pas trop. Mais depuis quelques années, à cause de la popularité fulgurante de la boxe et du sérieux et de la compétence des promoteurs, ces derniers doivent régulièrement payer le maximum prévu, soit 135 000$ en taxes sur les revenus à la billetterie et en droits de télévision. C'est tellement tout croche que dans les soirées de boxe présentées à la télé payante, le diffuseur et le promoteur partagent les revenus. Les 50% de Vidéotron sont exempts de taxes, alors que les 50% du promoteur sont imposés.

J'ai passé plus d'une heure avec Me Racicot. Je peux me tromper, mais j'ai senti qu'il serait prêt à renégocier cette somme énorme qui nuit beaucoup dans les enchères contre les promoteurs américains et européens pour décrocher les grands combats internationaux. Disons quelque chose comme les taxes à Las Vegas. Aux alentours de 55 000$.

Mais quand il sort son livre des règlements de la Régie, on voit bien que la tâche est presque impossible. Il lui faudrait obtenir un consensus du milieu, puis soumettre l'entente à son sous-ministre, puis convaincre son ministre Jacques Dupuis pendant que Jean Bédard et Yvon Michel tenteraient d'amadouer Raymond Bachand aux Finances et les ministres gogauches du cabinet. Paraît qu'il y en a. Après, il faudrait rassurer les sous-ministres et espérer convaincre les ministres du caucus libéral pour enfin proposer l'amendement au Conseil des ministres. Si l'opposition ne jappe pas et si Mme Triolet ne lance pas ses groupuscules de pression contre les promoteurs, alors on pourra faire publier trois fois le contenu des amendements avant d'inviter les promoteurs pour leur expliquer les nouveaux règlements. Si tout va merveilleusement bien, si Jacques Dupuis et Raymond Bachand sont de bonne humeur, si Mme Marois est souriante et si Mme Triolet est occupée ailleurs, ça pourrait se faire en huit ou neuf mois. S'il y a un accroc quelconque, si Jean-Luc Mongrain se fâche, alors aussi bien dire que ça va faire comme le nouveau casino...

Mais c'est faisable. C'est jouable. Sauf que j'ai l'impression qu'il vaudrait mieux que ça se passe dans la discrétion la plus absolue. Pour ne pas qu'un comité quelconque vienne crier qu'on prive la population de deux lits à l'hôpital de Verdun.

Et l'histoire des 30 sièges réservés à 500 piastres? Elle est vraie. La loi et les règlements obligent les promoteurs à donner 30 billets au premier rang à la RACJQ. Mais c'est pour accueillir les différents employés de la Régie qui sont en service un soir de boxe. Des juges, des hommes de coin, des surveillants dans les vestiaire, des invités de la WBC: "Mais depuis mon arrivée à la Régie en 2005, je peux vous garantir qu'il n'y a plus de belle-mère invitée dans ces sièges. Ça s'est déjà fait mais c'est fini. D'ailleurs, pour la soirée de vendredi, nous avons pu remettre six sièges au promoteur parce que nous n'en avions pas besoin. Nous sommes très stricts là-dessus et à ma connaissance, il n'y a pas d'abus", d'expliquer Me Racicot.

Il faut aussi comprendre qu'il faut déléguer une trentaine de personnes de la Régie pour une petite soirée de boxe à Gatineau ou à Chicoutimi. Comme pour le gala de ce soir: "Nous sommes là pour assurer la sécurité des boxeurs et pour voir à ce que tout se passe selon les règles", de dire Me Racicot.

Un dernier point. Richard Renaud qui, dans les faits, avait remplacé l'expérimenté Mario Latraverse, a prévenu ses patrons qu'il allait abandonner ses fonctions dans les prochains mois. M. Renaud est de Québec et considère que la tâche est plus lourde que ce qu'il anticipait. Il n'a pas encore remis sa démission, mais Denis Racicot a expliqué qu'on commençait déjà à examiner quelques candidatures.

DANS LE CALEPIN- Dimanche, à l'île Sainte-Hélène, c'est la troisième marche de cinq kilomètres de la fondation Procure. L'inscription commence à 9h30, le parcours est magnifique, il y a un pique-nique et un concert de Robert Charlebois. Pour entendre notre premier Garou national, ça vaut déjà la peine de marcher deux heures dans un paysage merveilleux. Jean Pagé, le porte-parole de la Fondation, sera là comme d'habitude. Vous pourrez lui demander si les chicanes à 110% sont arrangées avec le gars des vues. Ou si Gabriel Grégoire est vraiment comme ÇA.

Ou s'il est juste comme ça.