Ce n'est pas d'hier que la boxe fait vibrer les Québécois. Et à son époque, Régis Lévesque n'avait pas tort quand il soutenait que deux bons boxeurs locaux s'affrontant dans une finale bien «promotée» était encore ce qu'il y avait de mieux sur le marché.

J'en ai couvert des dizaines de ces soirées à saveur de folklore dans les grandes années de Gaétan Hart, d'Eddie Melo, de Fernand Marcotte et de Donato Paduano.

Et puis, Henri Spitzer a pris la relève, aidé par Régis, en organisant des soirées de boxe mémorables à l'ancien Forum entre Mario Cusson et Dave Hilton fils. Le premier combat avait attiré 20 000 spectateurs qui avaient payé un siège qui n'existait pas. Ce soir-là, le regretté Cusson était dans une forme fabuleuse et le combat avait été déclaré nul avant la fin du troisième round à cause d'un coup de tête.

Et vous étiez peut-être là pour les combats entre Hilton et Stéphane Ouellet. Le Centre Bell enflammé, ce premier combat passionné qui s'était terminé par une victoire in extremis de Dave Hilton, et les autres qui ont suivi et qu'on écoutait via l'Internet de notre chambre d'hôtel en Italie.

Puis Interbox a fait son entrée en scène, et les fans ont pris goût aux grands combats internationaux. Nos champions contre les champions du monde. Puis nos champions sont devenus des champions du monde et la boxe s'est raffinée. Maintenant, les grands de ce monde achètent des tables à 5000$ pour inviter leurs amis à cette grande célébration d'un beau sport quand il est bien pratiqué.

C'est étrange, cette fois Régis Lévesque et Yvon Michel auront raison. Vendredi soir, nous aurons droit à un combat de boxe entre deux «locaux» et en même temps à un affrontement entre nos champions pour un titre mondial des mi-lourds. J'ai beau chercher, c'est la première fois que j'aurai cette chance d'assister à un tel événement. Les frères Hilton, Matthew le premier et Dave ensuite, n'auront pas été champions assez longtemps pour donner la chance à un adversaire local de les affronter pour un titre mondial.

Adrian Diaconu est un homme mûr, très fort, qui reste sobre dans son comportement. Comme ses compatriotes Leonard Dorin et Lucian Bute, il a trouvé au Québec une terre d'accueil. Disons que les boxeurs roumains et notre société ont trouvé leur compte dans cette rencontre. Depuis, Dorin est retourné dans son pays, mais il a fait honneur à sa résidence d'adoption quand il s'est battu chez les professionnels dans le monde.

Diaconu n'a pas le charme de Lucian Bute, mais c'est un athlète sérieux qui s'est entraîné dur pour ce combat. Il sera dangereux et coriace.

Je suis content que Jean Pascal ait rappelé hier que ses déclarations de lundi lors d'un point de presse étaient destinées à faire mousser la vente des tickets. C'est de bonne guerre dans la boxe, qui a gardé un goût du spectacle un peu primaire qui s'apparente à la lutte professionnelle. Juste un peu quand même.

Je n'aurais pas voulu que les profanes croient que Jean Pascal n'est qu'une grande gueule résonnant comme une casserole. Au contraire, c'est un jeune homme intelligent, instruit et qui se destine à une carrière dans la police. Toute victoire dans un ring prépare sa nouvelle carrière. Plus il sera populaire et respecté, plus il pourra jouer un rôle dans la vie des quartiers de Montréal qui sont parfois des barils de poudre. Rien de mieux qu'un grand gaillard comme lui pour aller rejoindre des jeunes avant qu'ils ne se mettent à déraper en étant attirés par l'argent trop facile.

Vendredi, vers 22h, ce sera deux hommes courageux et bien préparés qui donneront le spectacle. Déjà, ils méritent admiration et respect. Quelque soit le résultat du combat.

Un autre spectacle... différent

Dimanche, si un des deux gaillards a mal à la tête, Daniel Poulin, le commentateur sportif mélomane, présente un concert... un peu spécial. C'est à la Chapelle historique du Bon-Pasteur, 100, rue Sherbrooke Est. Le jeune Oliver Aldort, maître du violoncelle et du piano, donne un grand récital. Beethoven est au programme. C'est un véritable prodige. «Mens sana in corpore sano», soutient le marquis de la Pouliche pour les intimes. Mens, nom féminin, veut dire esprit. Les dérivés français sont évidents. Mental... mentalité, y en a plein. Sana est féminin et sano est un ablatif neutre. Ça donné santé, sain, alors que corpore est l'ablatif de corpus, corporis, qui veut dire corps. Corporel y trouve sa racine. Voyez que le latin est simple, dans le fond. Mais vous le saviez si vous écoutez Jean-Charles Lajoie...

Wozniak, plus athlétique

Vendredi dernier, je mangeais avec Eugène Lapierre, le grand patron de Tennis Canada, au centre national d'entraînement au parc Jarry. On parlait d'Aleksandra Wozniak et de son effet d'entraînement chez les jeunes joueuses. Aleksandra (A-Woz pour ses admiratrices) n'est pas encore Anna Kournikova, mais elle impressionne plein de gamines qui commencent à rêver qu'un jour elles pourraient l'imiter. Pourquoi pensez-vous qu'il y a tant de ces grandes joueuses russes sur le circuit? Parce que toute petites, elles voulaient être comme Anna. Être belles et riches elles aussi. Et peut-être huitièmes au monde comme le fut Anna le temps de quelques classements.

«Aleksandra travaille très fort. Elle est nettement plus athlétique», a souligné Eugène en parlant de Wozniak. Ce n'est pas sa victoire par démolition de Svetlana Kuznetsova, championne des Internationaux de France, qui va le faire mentir. Bravo.

La vente du Canadien

On croyait que la vente du Canadien pourrait être confirmée cette semaine, mais il semble que le processus ait subi un retard hier.

Un des acheteurs potentiels a bénéficié d'un délai de quelques jours pour compléter certains documents. C'est ce que soutient une source proche de BMO.

Tant mieux, on va pouvoir parler de boxe toute la semaine. Et des fonctionnaires de la Régie qui auront droit à de beaux tickets ringside pour la soirée de vendredi. On reparle de cette histoire demain.