C'est sans doute Mario Lemieux qui a dit la plus belle phrase après la conquête de la Coupe Stanley par ses Penguins de Pittsburgh. De toute façon, quel propriétaire d'une équipe de la Ligue nationale de hockey a soulevé la Coupe comme capitaine de l'équipe et 17 ans plus tard comme propriétaire?

Pierre McGuire était sur la patinoire et y allait d'entrevues pour NBC quand il a demandé à Mario si Sidney Crosby allait maintenant s'acheter une maison et quitter le domicile des Lemieux où il habite depuis son arrivée à Pittsburgh: «Personnellement, je ne suis pas convaincu que Sid a besoin d'une grosse maison. Je pense qu'il a plus besoin d'un esprit et d'une ambiance de famille et c'est ce qu'il trouve à la maison avec nos enfants», a répondu Lemieux.

Sans doute que Carey Price aurait eu moins de problème s'il avait habité chez Pierre Boivin...

Dans le fond, le grand Mario ne fait que remettre à Crosby ce qu'il a lui-même reçu quand il a fait ses débuts dans la Ligue nationale. Mario m'avait longuement parlé de ce banquier où il résidait en banlieue de Pittsburgh. Il m'avait expliqué aussi comment cet homme généreux, faisant partie des grands notables de la ville, lui ouvrait toutes les portes et faisait son éducation dans le monde des affaires et de la politique.

Je ne suis pas convaincu que Mario Lemieux serait propriétaire des Penguins aujourd'hui s'il s'était retrouvé tout fin seul dans un appartement dans le centre-ville de Montréal avec ses amis et son entourage à la recherche de sensations fortes.

Vous voulez savoir, je l'ai trouvé beau le Mario vendredi soir avec sa barbe grisonnante et sa timidité qui ne l'a jamais abandonné. Ce gars-là est propriétaire d'une équipe dans la LNH, faut quand même le faire.

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Vendredi matin, j'écrivais que Marc-André Fleury était celui qui pouvait faire la différence, celui qui pouvait voler cette Coupe Stanley. Ça finit toujours par un gardien de but qui s'élève au dessus de la mêlée. C'est ce qui s'est passé même si Evgeny Malkin, Sergei Gonchar et Maxim Talbot ont été des leaders incomparables dans ce dernier match.

Avez-vous vu travailler Malkin en défensive? L'avez-vous vu se donner corps et âme le long des bandes en territoire défensif et protéger l'enclave avec la moindre parcelle d'énergie qui lui restait? Le grand Russe méritait le trophée Smythe et il complétait ainsi une saison de rêve. Championnat des compteurs en saison régulière, championnat des marqueurs dans les séries, trophée Smythe et finaliste pour le Hart avec ses compatriotes Alexander Ovechkin et Pavel Datsyuk. Don Cherry et certains chauvins qui hantent nos tribunes téléphoniques devraient prendre bonne note. On n'a jamais trop de bons joueurs russes. En fait, on n'a jamais trop de bons joueurs.

Et puis, Maxim Talbot avait bien raison quand il a dit à Renaud Lavoie de RDS qu'il avait senti le support de tout le Québec derrière les Penguins et leurs Québécois. Vendredi soir, le salon vibrait pour les Penguins. J'ai vu certaines partisanes suivre les trois dernières minutes de jeu les yeux fermés parce que c'était trop stressant de voir les Red Wings bourdonner devant le but de Marc-André Fleury. Encore hier, l'éditeur de Flèche-Mag me lançait que les vrais Canadiens jouaient à Pittsburgh: «Incluant le propriétaire!». Disons que la plupart des fans de la Flanelle se sont rangés derrière Pittsburgh au fur et à mesure que les séries progressaient. Le propriétaire, le capitaine et les vedettes du dernier match sont tous sortis de la Ligue junior majeure du Québec. Y a moyen de faire de grandes choses avec du talent, de la confiance et beaucoup de travail.

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Ce fut une belle saison de hockey malgré quelques passages nuageux. C'est certain que la situation financière de certaines équipes comme les Coyotes de Phoenix et le Lighting de Tampa Bay est inquiétante. Mais au fil des décennies, il y a toujours eu quelques équipes de la Ligue nationale qui éprouvaient des difficultés financières. Qu'on se rappelle dans quelles conditions Mario Lemieux a fait ses débuts à Pittsburgh et comment il est devenu propriétaire des Penguins.

Par ailleurs, je trouve inquiétant que l'arbitrage fasse preuve de laxisme depuis quelques mois. Il y a eu quelques matchs cette saison qui rappelaient la tristesse des matchs d'avant lock-out. Je trouve malheureux que des connaisseurs comme Michel Villeneuve et Ron Fournier prêchent pour un retour à cette sinistre comédie qu'était l'arbitrage dans la LNH il y a cinq ou six ans.

Malheureusement, ce ne fut pas une aussi belle saison pour le Canadien. Pour moi, elle a commencé par un point de presse plutôt frisquet dans le parking devant l'aréna à St-Jovite. Bob

Gainey était bien sûr de lui. Il n'était pas pressé d'offrir des contrats à ses joueurs autonomes et on se retenait dans son entourage pour ne pas trop parler de la Coupe Stanley.

À la mi-juin, il affirmait que son meilleur coup comme directeur général avait été l'embauche de Guy Carbonneau. Six semaines plus tard, il garantissait à son coach et ami qu'il démissionnerait avant de le congédier et quelques semaines plus tard, il s'installait derrière le banc avec une belle série de matchs à domicile contre des équipes médiocres.

Ne restait plus qu'à se faire éliminer en quatre petits matchs par les Bruins de Boston. Et à se retrouver ce matin avec une demi-équipe à offrir à son nouveau coach Jacques Martin.

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Ce fut une saison qui a connu son moment fort quand Jim Balsillie a révélé à Sophie Cousineau que le Canadien était à vendre. C'était en décembre dernier. George Gillett a démenti l'information, a tenté de faire passer Sophie Cousineau pour une demeurée qui ne comprenait rien, surtout pas l'anglais, avant que je ne confirme l'histoire en mars: le Canadien était effectivement à vendre et un mandat avait déjà été donné à Jacques Ménard et à la BMO afin d'analyser les options et de trouver un acheteur en faisant grimper les prix au max.

Un de mes informateurs me disait vendredi que les chances de Quebecor étaient à peu près nulles de mettre la main sur le Canadien. Au mieux, il va en coûter au moins 20 millions de plus pour que Pierre-Karl Péladeau ne devienne propriétaire de ce symbole national... pour deux nations. On le trouve trop dangereux, m'a-t-on dit. Ce qui ne veut pas dire qu'en bout de course, ce ne sera pas Quebecor qui enlèvera le morceau. Tout se peut dans cette saga.

Et mon confrère Jean-François Bégin en a sorti une grosse en dévoilant que la famille Saputo n'est pas liée à Steven Bronfman pour acheter le Canadien. Ça ne fait que compliquer les choses... surtout qu'on peut se fier à lui. Il est d'une prudence qui l'honore dans ce genre d'histoire. Alors que d'autres à CKAC annonçaient que les Molson n'étaient plus dans la course une heure avant qu'on ne confirme le contraire. Ça arrive.