Ce matin, Jean Pascal se réveille en même temps que vous lisez cet article. Il est à peu près 8h. Comme la pesée officielle est déjà passée, et elle fut difficile hier après-midi, il va pouvoir préparer un petit-déjeuner pour homme. Des toasts, des oeufs, du jambon, du fromage, du jus, de quoi tenir facilement jusqu'à l'heure du lunch.

Puis, vers midi, après s'être rendu au Casino pour les dernières heures avant le combat prévu pour 15h, il va manger quelque chose de léger. Sans doute des pâtes. Avant de relaxer dans son vestiaire en faisant de la visualisation: «J'ai regardé les vidéos des combats de Nievas; je vais recréer le combat dans ma tête, me voir lancer les combinaisons, vivre à l'avance ce qui va se passer dans le ring. Tous les athlètes font cette visualisation avant un match important. Puis, je vais rentrer dans ma bulle, revoir mon plan de match et relaxer avant de me rendre au ring», a expliqué Jean Pascal hier.

Les mauvaises langues disent de l'Argentin Pablo Daniel Nievas qu'il a quelque chose du jambon. Ce n'est pas aussi évident. Il a disputé trois bons combats en 2008 et il y a deux ans, il s'est battu en Australie pour un titre mondial contre Anthony Mundine, qu'il a poussé à la limite. Et il a duré neuf rounds contre Dimitri Sartisson.

Mais si les preneurs aux livres favorisent largement Jean Pascal pour son combat au Casino, c'est qu'ils considèrent que Pascal est nettement supérieur. D'ailleurs, compte tenu des projets de GYM et de son président Yvon Michel, vaut mieux que le combat de cet après-midi ne représente pas un risque trop élevé. Même chose pour Adrian Dianonu en soirée au Centre Bell.

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J'aime beaucoup ce Jean Pascal. Il est articulé, conscient de ce qu'il peut apporter aux jeunes, pour qui il est une inspiration et un modèle, et il n'a pas abandonné ses projets de vie pour tout sacrifier à la boxe: «Je continue de m'engager dans la communauté. Je prononce des conférences, je rencontre des jeunes et parfois, quand un parent me le demande, je prends quelques minutes pour parler à un jeune qui a peut-être besoin d'un encouragement ou d'un conseil. Ma technique policière est terminée au cégep et j'attends le moment propice pour aller passer quatre mois à l'Institut de police pour devenir policier de carrière», de raconter Pascal.

Il reprend: «J'essaie d'avoir une bonne conduite. D'abord, c'est important comme citoyen, mais en plus, je veux donner un exemple. Je veux être un père exemplaire pour ma petite Angel, qui a maintenant 6 ans. La boxe est maintenant mon gagne-pain, mais je n'ai pas laissé l'école de côté. C'est trop important, c'est trop essentiel pour l'avenir du Québec. L'éducation, c'est la clé», dit-il.

Depuis deux ou trois ans, Jean Pascal remportait des victoires qui laissaient un goût amer à ses partisans. À Fort Lauderdale, au Hard Rock Hotel, il y a une quinzaine de mois, il avait nettement gagné. Mais pendant un round au moins, il avait été ébranlé au point d'avoir l'air d'un boxeur gelé debout.

Il a connu une première défaite contre Carl Froch en Grande-Bretagne, il y a quelques mois, mais c'est une défaite qui aura fait beaucoup mieux pour lui qu'une victoire quelconque: «Contre un champion du monde, j'ai repris confiance en moi. Je lui ai tenu tête parce que cette fois, je pouvais boxer avec mes deux poings, pas seulement avec une main. Ça m'a donné une reconnaissance des fans qui m'a fait du bien», dit-il.

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La boxe est sans doute le sport le plus dur qui soit. L'autre soir, Jean Pascal a rencontré Georges Laraque lors d'un souper présidé par Jacques Demers. Quand on lui demande s'il a donné quelques conseils à Tonton Georges, il part à rire: «Il n'a pas besoin de conseils, il se débrouille très bien, il me semble, répond-il. Mais s'il a besoin de conseils, ça va me faire plaisir de lui en refiler quelques-uns.»

Au rythme avec lequel le gros Georges remporte ses combats, il serait surprenant qu'il ait besoin de conseils. À part de s'entraîner fort, de faire ses étirements, de renforcer son dos avec des exercices abdominaux et de ne pas trop sourire en engageant le combat, c'est quasiment humiliant pour le pauvre adversaire.

Si vous me lisez en début d'après-midi, Jean Pascal est silencieux dans son vestiaire et est renfrogné dans sa bulle.

Si vous me lisez à l'heure du souper... ben, vous connaissez le résultat du combat. J'espère qu'il a gagné. Je l'espère sincèrement. Quand Jean Pascal gagne, c'est bon pour tout le monde...

DANS LE CALEPIN

Les fefans à François Gagnon sont vraiment incroyables. Si vous avez Internet aux toilettes, prenez le temps d'aller lire leurs commentaires. Dans son dernier blogue, ils ont établi une liste des meilleurs bagarreurs chez les commentateurs. Dave Morrissette et Enrico Ciccone trônent au sommet. Chantale Machabée précède Michel Villeneuve et votre humble chroniqueur, ce qui est insultant pour... Chantale, elle qui est tellement élégante et gentille. Par ailleurs, les fefans surestiment le Tigre, Michel Bergeron qui, à 64 ans et dans la catégorie des poids mi-moyens, ne ferait pas le poids. Mais ils sous-estiment gravement les capacités de François Gagnon. J'ai été témoin de certains incidents impliquant le Frank et il est le plus dangereux de tous. À Raleigh, il y a deux ou trois ans, quand le gars de 6 pieds et 8 pouces, 385 livres, est sorti de la cabane du stationnement pour «discuter» avec mon valeureux compagnon, ça m'a pris tout mon petit change pour faire comprendre à Big Frank qu'on était déjà en retard... ailleurs. Big Frank fait donc mon top 3, avec Dave Morrissette et Enrico Ciccone.