Les fans et surtout les fefans sont en train de capoter avec Carey Price. Le Sauveur d'hier est en train de devenir le Pourri d'aujourd'hui.

Autant on était excessifs dans les louanges, autant on l'est dans les blâmes. Faudrait juste qu'on respire par le nez. Carey Price est presque encore une recrue. Il a 21 ans et n'a que très peu d'expérience dans la Ligue nationale. C'est normal qu'il n'ait pas la maturité ni la solidité d'un vétéran de 30 ans. C'est normal que les entraîneurs des 29 autres équipes aient étudié son style et aient découvert quelques lacunes qu'on exploite plus souvent.

Les Patrick Roy de ce monde sont rarissimes. Et d'ailleurs, il faudrait rappeler aux fefans que le grand Casseau a dû partager la défense du but du Canadien avec Brian Hayward pendant plus de trois saisons, Hayward disputant entre 35 et 39 matchs par saison. Sans oublier que Roy a laissé passer sa part de mauvais buts dans les cinq ou six premières saisons de sa carrière.

Que Price éprouve des difficultés, c'est juste normal. Ce qui complique les affaires, c'est que la direction du Canadien et les médias partenaires de l'organisation l'ont présenté comme la huitième merveille du monde. LE joueur de concession. Mais on oublie que la huitième merveille n'a que 21 ans et qu'à 21 ans, le poids d'une équipe est lourd sur les épaules.

Ça ne sert à rien de paniquer. C'est beaucoup plus long pour un gardien d'apprendre les feintes et les forces de 600 joueurs que ce peut l'être pour 600 joueurs d'apprendre les failles d'un gardien. Ce dont il faut être certain, c'est que Roland Melanson est capable de faire ce travail avec Price. Quelqu'un comme mon confrère François Gagnon est convaincu que c'est le cas. Comme je fais confiance au jugement de François, je n'irai pas plus loin.

Ça va prendre encore quelques semaines, c'est possible. Price a pris quelques mauvaises habitudes et c'est toujours difficile de perdre de vilaines habitudes. Mais il est talentueux, il est jeune et, je l'espère, il est bien encadré. Comme le Canadien a encore quelques points en banque et que l'équipe a des réserves, il a le temps de se raplomber pour les matchs importants à venir.

Surtout qu'en attendant, Jaroslav Halak est capable de faire le travail. Comme Brian Hayward le faisait dans le temps avec Casseau. Avant qu'il ne devienne le grand Patrick.

Par ailleurs, ce n'est pas juste Price qui a besoin de retrouver tous ses moyens. C'est toute la défense des Glorieux qui a tendance à être poreuse. Mike Komisarek fait de vaillants efforts, mais il est erratique. Dans son cas, je suis convaincu que c'est une question de concentration. Il va se débarrasser de quelques distractions et il va redevenir le colosse qui protège bien son gardien. Francis Bouillon traverse une période difficile lui aussi. Mais c'est un cercle vicieux. Les gars de l'attaque ont du mou dans le jeu, la pression retombe sur les défenseurs, qui finissent par commettre des erreurs et à la toute fin, de qui les fefans parlent en sortant la varlope ? Le goaler.

Tant que Guy Carbonneau va garder son calme, il n'y a pas de raison de paniquer.

DANS LE CALEPIN - Internet est un instrument de travail fabuleux, personne ne le niera. Mais il peut aussi mener à de malheureuses bourdes. La semaine dernière, Michel Villeneuve a travaillé une partie de l'après-midi à vérifier des informations qu'on lui avait transmises par courriel. L'info venait d'un conseiller financier du père de Brad Richards qui disait avoir le mandat de préparer la venue de Brad Richards au Québec. Villeneuve, Dany Dubé, Ron Fournier et les journalistes de la station ont fait leur boulot. Ils ont tenté de vérifier la véracité des informations. Leur correspondant, à leur demande, leur a même envoyé le numéro de cellulaire de M. Richards. Les journalistes ont tenté de composer le numéro, mais on tombait sur une boîte vocale. Finalement, on s'est contentés de dire en ondes qu'une information voulait que Bob Gainey se soit informé auprès des Stars de Dallas de la possibilité d'obtenir Brad Richards.

C'était un canular et l'auteur de la mauvaise blague, un étudiant universitaire, m'a envoyé copie des courriels échangés avec les journalistes et avec Michel Villeneuve. « Il était passé trois heures de l'après-midi quand j'ai décidé de voir le chemin que je pouvais faire avec une rumeur «, m'a expliqué le blagueur. Il a eu CKAC, 98,5, RDS et plusieurs autres médias qui ont fait mention de cette histoire.

Cela dit, c'est peut-être amusant mais malheureusement, une bonne info envoyée par quelqu'un de sérieux sera négligée par des journalistes qui se seront fait brûler. Je reçois de nombreuses informations de cette façon. Quand je connais la personne, c'est plus facile. Sinon, je tente de vérifier ou je refile l'info à quelqu'un qui pourra vérifier. Mais je suis parfaitement conscient que tout est possible avec internet et que n'importe qui peut raconter n'importe quoi.» C'est de plus en plus fréquent, a expliqué Villeneuve, hier soir. Nous recevons deux ou trois courriels de ce genre par jour. On tente de vérifier quand c'est possible. C'est de plus en plus compliqué. «

Internet, c'est comme la langue d'Ésope. C'est la plus belle chose au monde quand ça chante l'amour et que ça déclame de la poésie, et c'est la pire quand elle raconte des mensonges ou débite des méchancetés.

Quant à Brad Richards, il va falloir attendre la finale de la Coupe Stanley pour le voir à Montréal.