Il n'y a pas de formule miracle. J'ai couvert de nombreux matchs des Étoiles depuis 1975. Pour reprendre une expression entendue hier au Centre Bell, le match des Étoiles, c'est passionnant... jusqu'à la mise au jeu officielle. Après, c'est inqualifiable. Dans le sens premier du mot: qu'on ne peut qualifier.

Plus jeune, en assistant au ballet des stars qu'on présentait hier soir à Montréal, j'aurais pu utiliser les adjectifs «gênant», «disgracieux», «élégant» ou tout ce que vous voudrez mais dans les faits, je ne trouve pas de mot pour décrire ce que je ressens.

Il n'y a aucune agressivité dans le ton, soyez en certains. Je trouve que les grandes vedettes de la ligue, millionnaires et soumises à un rythme infernal le reste de la saison, ont raison de ne pas venir se défoncer lors d'une rencontre mondaine sur glace. Les gars sont ici pour se détendre, pour gonfler le fond de pension et pour faire la promotion de leur sport et de leur entreprise auprès des fans.

Vous allez sans doute m'écrire pour me dire qu'en valsant comme on l'a fait hier soir, on ne fait rien de bon pour le hockey, je vous répondrai à l'avance qu'on s'en fout. Le match des Étoiles sert avant tout à récompenser les commanditaires et ceux qui sont associés à la LNH. Suffisait d'aller faire un tour dans les loges des compagnies, hier avant le match, pour réaliser que la clientèle était fort différente. On était à Montréal pour le dépaysement, pour les femmes, pour la bouffe et en tout dernier lieu, pour la partie de hockey.

Il n'y a pas de formule idéale. La dernière fois qu'on a tripé hockey très fort, c'est en 1987 lors de Rendez-Vous 87. Même là, après la chute du régime communiste soviétique, ce serait impossible de répéter le drame et la passion de ces deux matchs de hockey. Marcel Aubut peut garder son numéro de téléphone portable, 514 XXX 1987, personne ne va faire mieux comme match des Étoiles.

La partie de hockey, c'est le passage obligatoire pour tout le reste. Les fans dans les rues, les expositions, les fêtes, les émissions spéciales à la radio et à la télé, la publicité gratuite pour Montréal qui, dans ces occasions, est capable de montrer son plus beau côté... et votre plaisir à vous tous.

Et puis n'oublions pas que si toutes les équipes résistent à la grande récession qui s'installe aux États-Unis, le cirque ne reviendra pas à Montréal avant 2039. Marie-Mai va être encore belle, les gars de Simple Plan vont faire de l'arthrose aux genoux et Claude Lemieux va encore jouer.

Mais les joueurs ont de la fierté. Et une fois rendus en prolongation, quand il s'est agi de jouer pour ne pas perdre, on les a vus monter d'un cran leur jeu et leurs efforts. Et que le capitaine, notre Alex à nous autres, marque un but dans la fusillade, reçoive le titre de joueur du match et une belle Honda qu'il mettra en vente pour aider les enfants de sa fondation, fait oublier les 60 premières minutes de la rencontre. En le regardant aller, vous comprenez pourquoi les joueurs du Canadien aiment le suivre...

DANS LE CALEPIN > Nathalie Normandeau n'était pas au Centre Bell. À un moment donné, c'était tellement plate, je me suis dit que je pourrais prendre quelques minutes pour tenter de retrouver ma ministre favorite. Je savais que l'Honorable Marguerite Blais assistait au match puisque je l'ai rencontrée avant les cérémonies de présentation. Mme Blais, c'est bien, mais Mme Normandeau, excusez, c'est autre chose. L'été, je couvre les courses de chars, la Traversée du lac Saint-Jean et les autres activités sportives à travers le Québec au cas où ce serait elle qui représenterait le gouvernement du Québec. Pas chanceux, je tombe soit sur Jacques Dupuis, soit sur Michelle Courchesne. Ce sont de bons ministres, du moins je l'espère, mais c'est toujours pas Nathalie Normandeau. Dans la vie, la beauté est une discrimination, c'est comme ça, faut pas que Jacques Dupuis soit jaloux. C'est pas de sa faute.

> Les temps ont changé. Il y avait une dizaine de jets privés pour le match des Étoiles. La plupart ont servi à des joueurs qui voulaient gâter leur famille en leur offrant une virée à Montréal. Il n'y a pas si longtemps, c'était un énorme cadeau de pouvoir emmener sa femme au match des Étoiles en payant son billet en classe économique et ses repas à l'hôtel. Aujourd'hui, avec des salaires de plusieurs millions par année, on ne s'embarrasse pas dans les détails. Un jet pour faire le voyage Dallas-Montréal, ça coûte un petit 35000$. C'est deux périodes de hockey.

Je ne parle pas de ce qui se passait hier sur la patinoire du Centre Bell, ce n'était pas du hockey, c'était Marie-Mai.

> C'est cette semaine que George Gillett est censé rembourser ou refinancer un emprunt de 75 millionsà un syndicat financier de la Caroline du Nord. Compte tenu des difficultés du crédit bancaire aux États-Unis, M. Gillett devra être convaincant. Mais d'habitude, il sait l'être.

> En 1978, j'ai couvert le match des Étoiles à Buffalo pour... Le Devoir. Mon journal était en grève et j'avais le goût d'aller retrouver des amis dont j'étais privé depuis plusieurs mois déjà. Hier soir, mes confrères du Journal de Montréal étaient sur la passerelle. Ils sont en lock-out. Ce sont des journalistes qui ont tous donné au moins 25 ans à une entreprise dont ils étaient à la fois le produit et la mise en marché. En permettant aux propriétaires de réaliser des dizaines et des dizaines de millions de profits. Ils étaient fort bien payés mais ils ont bien travaillé. Pour eux, c'est un match dont ils se souviendront. Pour les mauvaises raisons.