La victoire des Alouettes est un baume pour les organisateurs des festivités de la Coupe Grey. Le retrait du chandail de Patrick Roy et la perte du Grand Prix du Canada sont des événements qui risquent de gruger l'espace et le temps médiatiques disponibles d'ici le match de football.

Je n'aurai pas le temps de couvrir le match et ses préparatifs comme je l'aurais souhaité. Larry Smith avait raison de souligner que le Canadien commettait un impair en retirant le chandail d'un héros controversé la veille du match de football le plus important de l'année au pays.

 

Mais avec la victoire des Z'Oizeaux, les craintes ont dû s'envoler. Anthony Calvillo a disputé un match colossal et les trois passes dans les numéros échappées par ses receveurs auraient dû être créditées à sa fiche comme passes complétées tellement elles étaient faciles à attraper. Mais bon, quand on gagne, toutes les erreurs sont moins graves.

Tout de même, on a vu que les Stampeders de Calgary se chauffaient d'un bon bois quand ils ont vaincu les Lions de la Colombie-Britannique. Les Lions formaient une solide formation et ils étaient certainement plus dangereux que ne l'étaient les Eskimos. Il faudra éviter de donner un touché en commençant le match comme on l'a fait samedi chez les Alouettes. Et les receveurs de passe, Kerry Watkins le premier, devront montrer une meilleure concentration au jeu. J'ai bien aimé que Ben Cahoon affiche son mécontentement en retournant au vestiaire après la première demie. Il en a le droit.

Calvillo a disputé un autre très bon match. J'écoutais un ineffable commentaire à CKAC après le match et j'avais le goût d'appeler Mme Calvillo pour lui demander de consoler «à l'avance» son mari. Pour certains, Calvillo n'a encore rien prouvé au football canadien. Si les Alouettes perdaient contre Calgary dimanche, ça montrerait que Calvillo n'est qu'un perdant qui s'étouffe sous la pression.

Coudon, faudrait-il qu'il gagne les 20 matchs d'une saison pour qu'on lui reconnaisse quelques qualités. Avec une fiche de 49 passes complétées sur les 50 tentées?

C'est simple. Calvillo est le meilleur quart de l'histoire des Alouettes. Encore meilleur que mon idole d'enfance, Sam Etcheverry, que Sonny Wade, que Joe Barnes et que Tracy Ham. C'est quand même une belle compagnie.

La Formule 1... chevaleresque!

Heureux hasard. Montréal perd son Grand Prix de Formule 1 et voilà que je viens de recevoir les tomes II et III des aventures de Michel Vaillant que les Éditions du Lombard reprennent en volumes comprenant deux ou trois aventures du preux pilote de F1 français. Je les avais lus dans le temps et je me suis replongé dans la saga avec un plaisir encore neuf.

Michel montait dans sa Vaillante en polo avec un casque en cuir moins imposant qu'une casquette d'équitation et livrait des duels spectaculaires à Steve Warson. Jean Graton peint un univers de gentlemen où le sport doit être porteur de belles valeurs, comme le diraient les filles d'Occupation double. Je ne sais pas à quel tome apparaît Bernie Ecclestone, mais je me rappelle que Gilles Villeneuve et certains de mes confrères ont eu droit à quelques coups de pinceau de M. Graton dans les années 80. Je me demande même si Jacques Duval ne figure pas dans une des aventures de la collection.

C'est évident que les bons sont très bons et les méchants très méchants, mais dans les années 60, la bande dessinée n'avait pas encore connu le lieutenant Blueberry. J'ai acheté le tome I sur Amazon.ca. Soyez prudents, tous les volumes simples (il y a en au moins une soixantaine) sont offerts à 14,95$. Celui qu'il faut acheter s'appelle Le grand défi et se détaille 29$. Il comprend les deux premières histoires de la collection. Les autres tomes vont suivre bientôt à raison de trois histoires par volume.

Par ailleurs, j'ai reçu une quantité industrielle de courriels concernant le Grand Prix de F1 de Montréal. Les doux rêveurs qui proposent une course de voitures électriques ou de voitures à voiles sont charmants, mais on ne remplace pas un Grand Prix et ses 75 millions de retombées directes par un congrès de boy scouts. Personnellement, puisqu'on ne peut plus rouler dans les rues de Montréal, j'aimerais qu'on y tienne une édition spéciale du festival western de Saint-Tite. On pourrait organiser des courses à obstacles en chariots et calèches sur le boulevard De Maisonneuve entre les trous et les parties défoncées de la chaussée et autres babioles du genre.

DANS LE CALEPIN - Il y a 25 ans, Ken Dryden a écrit un des deux meilleurs livres de sport de tous les temps. The Game. Selon mon jugement évidemment. L'autre étant The Greatest par Muhammad Ali.

Il y a un an, Kenny m'a écrit et m'a fait parvenir les trois premiers chapitres de son livre dans une nouvelle traduction. Il m'écrivait qu'il n'était pas satisfait, à l'époque, de la traduction française de son livre. Il avait raison. Il voulait savoir ce que je pensais de cette nouvelle traduction. J'avais lu les chapitres qu'il m'avait fait parvenir et je l'avais rassuré. La nouvelle version de The Game était de loin supérieure à l'ancienne. Hier, j'ai relu Le match, la traduction du livre de Dryden, comme s'il s'agissait d'une nouveauté. Surtout que Dryden offre aux lecteurs le discours intégral qu'il a prononcé lors du retrait de son chandail et qu'il a ajouté un chapitre à son oeuvre, où il donne son point de vue, 25 ans plus tard, sur ses anciens coéquipiers et sur ce qu'ils sont devenus. C'est toujours aussi bon.

En fait, il y a seulement que le titre qui soulève un petit doute. Comment traduire un concept aussi vaste que «The Game»? C'est plus que «Le match», ce n'est pas «La joute» ni «Le jeu»... en fait, «The Game», c'est «La Game». Je n'ai jamais trouvé un mot pour traduire l'esprit anglais du terme. C'est l'ensemble du sport, c'est la philosophie du jeu, c'est la finance, la politique et l'amour du hockey, c'est... la game.