Et la montagne accoucha d'une souris. Première question. Comment Danielle Sauvageau, policière de carrière, coach de l'équipe féminine du Canada aux Jeux de Nagano et de Salt Lake City, peut-elle signer ce rapport?

Comment Enrico Ciccone peut-il endosser un rapport qui va à l'encontre de toutes ses convictions?Comment un juge comme François Godbout peut-il permettre que des adultes agressent et battent des mineurs dans les matchs de la Ligue junior majeure du Québec? Hein, m'sieu le juge, comment faites-vous pour vous fermer la gueule? Sans avoir honte?

Évidemment que je parle du rapport sur la violence dans le hockey commandé par la ministre Michelle Courchesne et le bedeau en chef de la LHJMQ, Gilles Courteau, dévoilé samedi à 17 h à Victoriaville. Samedi, fin d'après-midi, Victo, c'est pour être bien certain que le camion de reportage de LCN ne serait pas là et que les médias et les amateurs, tous pris dans les derniers moments des Jeux olympiques de Pékin, n'auraient pas le temps de se pencher sur cette merde.

Y en reste une maudite question à poser. C'est qui le ministre de l'Éducation au Québec? Georges Laraque ou Michelle Courchesne?

Le gros Georges, il fait ce qu'il peut pour défendre le job qui lui a permis de gagner sa vie. Et il se bat pour que le fait de battre des adversaires de hockey à coups de poing demeure moralement légitime. Je respecte un gars qui protège son emploi.

Mais la ministre! Elle qui a fait des déclarations à l'emporte-pièce, elle qui a franchement souhaité dans des déclarations publiques que toute bagarre soit pénalisée par une suspension de deux ou trois matchs, elle va faire quoi? C'est quoi son job à elle si ce n'est pas de veiller sur l'instruction et l'éducation des jeunes Québécois?

Si le rapport est merdique, alors la ministre, qui doit veiller au bien des jeunes, a le devoir et la responsabilité d'aller plus loin que la trouille qui se sent à chaque page. Elle a les moyens et les pouvoirs d'obliger la Ligue junior majeure du Québec d'adopter les dernières décisions de Hockey-Québec. Point à la ligne et point final. Si la LHJMQ de monsieur le bedeau ne veut pas s'y astreindre, alors c'est facile qu'on interdise aux enfants de 16 et 17 ans d'aller faire la chair à canon pour enrichir certains propriétaires.

C'est qui, qui mène? Georges ou Michelle? Le bedeau ou la ministre?

Lundi soir, à l'émission 110%, j'ai mal exprimé ma pensée. Je ne veux pas la faillite des équipes de la LHJMQ. Au contraire. J'y compte des amis très chers. Que ce soit Michel Boivin et Guy Carbonneau, des Saguenéens de Chicoutimi, ou Jacques Tanguay, des Remparts de Québec. J'ai dit que si les propriétaires de la LHJMQ ne veulent pas évoluer, ben, qu'ils crèvent. C'était mal dit et je m'en excuse.

Mais ce que je veux dire, c'est que la Ligue junior majeure du Québec n'arrive pas à produire des joueurs pour la Ligue nationale. Si, de plus, elle n'arrive pas à garantir l'éducation et la sécurité des mineurs qu'on lui confie, alors, quelle est sa raison d'être? Organiser un divertissement et faire des profits? Qu'elle le fasse avec des professionnels qui sont majeurs. Et qu'elle cède sa place de circuit de développement aux circuits collégiaux et universitaires qui font très bien le travail aux États-Unis.

Ce serait si simple. Plus de bagarres. Fini ces reliquats d'une autre époque. Libérés de ce fardeau astreignant, les joueurs pourraient faire ce qui se fait ailleurs dans le monde. En Suède, en Finlande, en Allemagne, en Suisse, aux États-Unis, en Slovaquie, en Russie, en République tchèque et j'en oublie. Ils pourraient apprendre à patiner et à passer la rondelle.

Un des dirigeants d'équipe, que je ne nommerai pas pour lui éviter une amende du bedeau, me disait cette semaine qu'on ne s'attaquait pas aux vrais problèmes. C'est-à-dire les charges par derrière, les coups à la tête, les coups de bâton et toute cette autre violence. Ce dirigeant a raison. Mais il n'a pas totalement raison. Tant qu'on ne changera pas en profondeur l'esprit de violence sale qui pollue le hockey junior, on ne réglera pas les autres problèmes. Au football, on ne se bat pas. Et on y apprend à respecter l'adversaire qu'on vient de plaquer ou de bloquer.

L'objectif, c'est qu'au hockey, on ne se batte pas et qu'on apprenne à respecter l'adversaire qu'on vient de frapper de l'épaule ou de mettre en échec. C'est simple ; tout ce que ça prend, c'est la volonté de le faire.

C'est vrai pour Michelle Courchesne, c'est vrai pour Enrico Ciccone, c'est vrai pour le juge François Godbout, c'est vrai pour Danielle Sauvageau, c'est vrai pour Éric Desjardins

C'est même vrai pour monsieur le bedeau.