Dans le fond, on a eu droit, hier, à un des pires matchs de tennis de la semaine. Dominika Cibulkova, la jeune Slovaque, était complètement gelée devant la foule. Vidée de ses émotions et vidée de ses moyens. Plus rien pour se battre. Trop nerveuse.

C'était sa première finale et sans doute que la seule présence de Dinara Safina a dû suffire à lui scier les jambes. Et excusez l'allusion, mais comme il lui manquait déjà un pied pour regarder Safina dans les yeux, c'était trop.

En réalisant que la jeune Dominika n'avait pas ses moyens, Safina s'est contentée de jouer en s'appliquant. Sans jamais trop s'impliquer dans le match. En faisant ce qu'il fallait. Tout juste, pas trop.

«Ça s'est joué dans la tête. Sans doute que Cibulkova avait déjà atteint ses objectifs, qu'elle était déjà contente de se retrouver sur le court en finale. Il ne lui restait plus d'énergie mentale pour pousser la machine», expliquait Louis Cayer, l'analyste de Radio-Canada et coach pour la Fédération anglaise de tennis. Et ancien gourou du tennis au pays.

Il suffit de consulter la feuille de route de Cibulkova cette semaine à la Coupe Rogers. Elena Dementieva, cinquième, Nadia Petrova, 12e, Jelena Jankovic, deuxième, et Marion Bartoli, 10e, comme victimes, ça nourrit son estomac mental.

Et pour Safina?

«Dinara Safina en était à son troisième match en 36 heures. Elle venait de disputer deux matchs de trois sets et n'avait eu que quelques heures pour récupérer. D'ailleurs, son entraîneur me disait ce matin que Safina se sentait sans énergie et se demandait comment elle arriverait à gagner le tournoi», a affirmé Cayer.

Ça se peut. Pourtant, vers 11h, deux heures et demie avant le début de la finale, Safina s'est amenée sur le central et a cogné des balles avec son coach pendant près de 30 minutes. À un rythme qui aurait fatigué un bon joueur de club. Ça doit être comme le patinage du matin d'un match au hockey. Question d'avoir le feeling et de sentir le sang circuler plus vite dans les artères.

Ça a été un bon tournoi. J'ai beaucoup apprécié. L'absence des soeurs Williams et la retraite de Justine Henin a ouvert le tableau. Par ailleurs, il n'y a rien qui garantit que les Williams seraient venues à bout de l'armée rouge formée par les jeunes Russes qui ont pris d'assaut le top 20 mondial.

Un ami me demandait hier comment il se faisait qu'on retrouvait autant de Russes dans l'élite mondiale. La réponse est simple. C'est Anna Kournikova qui a servi de modèle et d'inspiration. Les jeunes Russes ont bien vu que Mlle Kournikova gagnait des millions et qu'elle était devenue une personnalité du jet-set international. Tout en s'offrant en passant Sergei Fedorov et Pavel Bure comme princes charmants. Et j'aimerais préciser pour les grincheux qui l'ignorent, Kournikova a atteint le huitième rang mondial. Nommez-moi une Québécoise qui a fait aussi bien.

Si on regarde chez les Suédois, Bjorn Borg a eu le même effet d'entraînement sur Stefan Edberg, Mats Wilander et tous ces merveilleux joueurs suédois qui ont suivi.

Regardez ce que Patrick Roy a provoqué comme gardiens de but au Québec.

On espérait Nathalie Normandeau mais c'est Michelle Courchesne qui a finalement représenté le gouvernement du Québec aux Internationaux du Canada. Mme Courchesne s'envole le 17 pour Pékin où, en tant que ministre responsable des sports, elle ira sans doute encourager les athlètes québécois. Ses prédécesseurs, Richard Legendre et Jean-Marc Fournier, ont bien labouré la terre, on espère que la récolte sera bonne. Par ailleurs, Mme Courchesne a indiqué que le rapport demandé sur la violence dans le hockey mineur, incluant la Ligue junior majeur du Québec, et devant comporter des recommandations importantes, lui sera remis avant son départ. Autrement dit, dans les deux prochaines semaines.

Quant à Nathalie Normandeau, il reste toujours la soirée des Gémeaux où elle pourrait remplacer Christine St-Pierre. Ce n'est pas que je n'aime pas Christine, mais j'ai couvert quelques Jeux en sa compagnie et c'est moins exotique. Alors que l'air salin de la Gaspésie, les couchers de soleil sur Percé et la vue de Gaspé quand on roule en moto en fin d'après-midi, c'est extraordinaire. Vous avez deviné que Mme Normandeau vient du coin. C'est pourquoi je me dis

Mais ça ne fait rien, j'étais bien content de retrouver Mme Courchesne. Tant que ce n'est pas Jacques Dupuis et ses jambes poilues.

Dinara Safina gagnait hier après-midi sur le court du stade Uniprix. En même temps, on annonçait la mort d'Alexandre Soljenitsyne. La jeune femme n'a que 22 ans. Le goulag, si ça se passe comme au Québec, ne doit même pas faire partie de son histoire. Pourtant, c'était hier les folies de Staline et la main de fer du Rideau de fer.

Il y a 28 ans, c'était hier, j'étais à Moscou pour les Jeux olympiques, les premiers accordés à un pays communiste. Le Canada boycottait les Jeux, comme les États-Unis d'ailleurs. Les médias canadiens avaient décidé de laisser tomber les Jeux. Sauf La Presse et Radio-Canada, qui avait dépêché Jean Bédard. On était sept du Canada, en tout. Un voyage sur la Lune aurait été moins dépaysant. On était en pleine guerre froide et le KGB nous suivait partout. Ça a été le trip de ma vie. Je me dis que les jeunes de La Presse qui accompagnent Foglia en Chine vont se rappeler leur couverture olympique pour le reste de leur vie.

J'ai ramené de Moscou un amour inconditionnel de la littérature et de la musique russes. J'ai relu Tolstoï, Dostoïevski, j'ai écouté Chostakovitch, Prokofiev et tous les grands Russes romantiques de Tchaïkovski à Moussorgski en revenant. Je n'ai jamais cessé.

Dans le calepin

Sylvain Lafrance, le vice-président et patron de Radio-Canada était au stade pour la finale. Son réseau était le diffuseur. Sans doute que le parking a dû coûter 10$. On fait quoi devant pareille gaspille? On fait une demande à l'accès à l'information pour avoir une copie du reçu? Et si Sylvain Lafrance décidait d'aller encourager et superviser le travail de ses troupes à Pékin, va-t-on exiger de faire signer son compte de dépense par tous les lecteurs des journaux du pays? Avec celui de Mme Courchesne, peut-être?