Je m'entends dire aux coureurs cyclistes québécois d'aujourd'hui, hé, jeunes gens, René Cyr est mort, et je les entends me répondre avec cette ignorance absolue de l'histoire de leur propre sport: qui?

René Cyr. Né en 1920, mort l'autre semaine, tiens, mort le jour de la Saint-Valentin, cela tombe bien, je trouve, pour un homme de coeur. J'ai complètement oublié de demander à son fils de quoi il est mort, probablement d'avoir eu 94 ans, ça pardonne rarement.

Même moi qui suis pourtant très vieux aussi, je n'ai pas vu courir René Cyr. C'était surtout un pistard, un coureur de six-jours, un des plus grands qui s'est imposé aussi bien au Forum de Montréal qu'à Detroit, New York, Chicago, où les six-jours étaient, à l'époque, plus populaires que le hockey. Non, non, je n'exagère pas, vous imaginez ça? Le bécyk plus populaire que le hockey? Des bécyks avec des jantes en bois à l'époque, oui, oui, en bois, je sais bien, on ne fait plus rien en bois aujourd'hui, même pas les cure-dents, même pas les cercueils.

Anyway, René Cyr est mort comme René flat-top Paquin l'automne dernier, un autre glorieux de cette époque, comme aussi mon ami Guy Morin, ce sont eux qui me parlaient de Cyr pendant les courses: t'aurais dû voir Cyr, toi, ça, c'était un coureur...

J'ai fini par le rencontrer dans les années 80 quand on l'a nommé directeur du vélodrome olympique, auquel on a bien fait de ne pas donner son nom, puisque, on le sait, le vélodrome est devenu le Biodôme. Le Biodôme René-Cyr, ça ferait bizarre, pourquoi on donnerait le nom d'un coureur de bécyck à une place où on élève maintenant des ratons laveurs? Franchement.

Son fils René junior et sa fille Élise accueilleront les visiteurs au salon Guay, 2480, boulevard du Curé-Labelle, à Rosemère, à compter de 14h, samedi.