Je parlais l'autre jour de ces vieux médecins que le Collège des médecins pousse vers la retraite notamment en les astreignant à des stages dans des unités de médecine familiale, ce qu'un certain nombre d'entre eux refusent, préférant prendre leur retraite. D'autres, assez nombreux me rapporte-t-on, ne parviendront pas à satisfaire aux exigences du stage et se retrouveront eux aussi à la retraite.

«Je suis médecin de famille enseignant dans une unité de médecine familiale rattachée à l'Université de Montréal. C'est dans un établissement comme le mien que sont envoyés les stagiaires du Collège, généralement des médecins de plus de 70 ans ayant une pratique solo. Ces médecins que je supervise font franchement peur. Tenue de dossiers inexistante, mais surtout manque de connaissances flagrant. Aucun de ceux passés dans mon unité n'a réussi son stage. Pardon, un seul a réussi en 10 ans»... m'écrit cette madame médecin qui me demande de taire son nom.

Voyez bien, monsieur le chroniqueur, que pénurie de médecins ou pas, le Collège a raison de protéger le public.

C'est ce que je disais aussi dans ma première chronique, madame. On ne peut pas être contre la vertu. Sauf que je m'interrogeais aussi sur la vertu.

«Tenue de dossiers inexistante» dites-vous. Franchement, je me contrecrisse de la tenue de mon dossier. Quant au flagrant manque de connaissances... je vais vous surprendre plus encore: ce n'est pas ce qui m'inquiète non plus. Que mon prochain médecin, puisqu'il m'en faut un nouveau, fasse la différence entre le bohu-bohu et la scarlatine, cela me suffira bien. Je vais m'inquiéter de bien autre chose avant de m'inquiéter de ses connaissances.

Je vais commencer par me demander si c'est un granole. Ça marchera pas si c'est un granole: toujours à me parler de cholestérol, de sucre et de gras. Si c'est un «petit moteur» non plus. Les jeunes le sont souvent - toujours à vouloir démonter quelque chose, à aller explorer tous les tuyaux, à faire des millions de tests. Regarde, Chose, tu démontes rien, tu rentres pas de caméra nulle part, tu me touches le moins possible. Si le Collège des médecins t'engueule, tu diras que c'est moi qui voulais pas.

Mais on s'éloigne. Les patients qui ont perdu leur médecin par la faute du Collège se désolent bien sûr d'avoir à en trouver un nouveau, mais bien plus encore du deuil qu'il leur faudra faire de celui-là.

Ils me disent aussi que oui, très bien les critères du Collège, mais les critères des patients ne devraient-ils pas compter un petit peu?

C'est où, Sainte-Thérèse?

Il s'en trouvera pour dire que je fais exprès de parler d'athlétisme en pleines séries de la Coupe Stanley. ON SE CALME, ce n'est pas de la provocation, c'est une plogue pour annoncer un événement de la Fédé québécoise d'athlétisme dont mon ami Laurent Godbout est le vaillant président.

De toute façon y a-t-il encore un «bon» moment pour parler d'athlétisme au Québec? Et au Canada? Et même dans le monde? Je veux dire en dehors des Jeux olympiques et des grands marathons?

Juste pour le fun, nommez-moi trois vedettes actuelles de l'athlétisme québécois... Ah! voyez? Même pas la fille du 800? On a pourtant écrit 12 000 papiers sur elle. Elle travaillait dans un hôpital, elle est venue tard à la compétition... Béliveau - c'est ça, Karine Belleau-Béliveau. Et la lanceuse de disque et de poids? Labonté, voilà. Non, pas Charline; ça, c'est la joueuse de hockey. Julie Labonté. Et Kimberly Hyacinthe au 200 et Genest au steeple... y en a encore, c'est surprenant, et de niveau Championnats du monde ou Jeux olympiques...

Quand je suis arrivé au Québec il y a un demi-siècle, l'athlétisme était l'affaire des anglophones, qui en avaient fait un club privé. À l'époque, je tripais sur une gamine d'Ottawa qui courait le 1500 en 4 min 7 s aux Jeux de Munich. Elle avait 17 ans, elle s'appelait Glenda Reiser, elle est morte.

Avec les Jeux de 1976 en vue ont commencé à émerger des André Lajoie (javelot), des Ferragne (hauteur), des Charland (longueur), Marcel Jobin, bien sûr, puis il y a eu les marathoniennes: Gareau, Rouillard, ma voisine Lysanne (Bussières), qui s'entraînait dans le verger de son père...

Le 30 mai prochain, la Fédé québécoise d'athlétisme fêtera ses 80 ans au cours d'une soirée homard et vin au centre communautaire de Sainte-Thérèse. L'idée est évidemment de ramasser de l'argent. Le billet est à 100$ (bonifié à 138$ par le programme Placement sport de Sport-Québec). La fédé espère recevoir 200 personnes, on me demande ici de battre tout particulièrement le rappel des vieux de la vieille...

Pour les renseignements et l'inscription, faut aller sur le site de la fédé https://athletisme-quebec.ca/evenements-en-cours.php

Non, je n'y serai pas. Je ne sais pas où c'est, Sainte-Thérèse. Mais j'envoie mon chèque à l'instant.

LA MASSE - Nebraska raconte l'histoire d'un vieux un peu confus qui croit avoir gagné un million et qui veut aller l'encaisser à Lincoln, au Nebraska, une assez longue trotte de chez lui puisqu'il habite Billings, la capitale du Montana. Mais peu importe ce que raconte Nebraska, c'est par ce qu'il montre, comme un album de photos, que ce film est un petit chef-d'oeuvre en noir et blanc sur l'Amérique profonde, celle des États disgraciés - Montana, Dakota-du-Sud, Nebraska... l'Amérique des petites villes, des petites gens et des rues trop larges.

J'ai fini par louer Nebraska dans un des deux clubs vidéo que je fréquente, mais dans le premier où je l'avais demandé, la dame m'a dit: «Nebraska? On ne l'a pas. Et on ne l'aura pas», a-t-elle ajouté sur un petit ton définitif.

Ah bon, pourquoi?

Parce que «ce n'est pas demandant».

Comprenez: parce qu'y pas une cenne à faire avec les chefs-d'oeuvre en noir et blanc.

Culture de masse prend ici un sens nouveau: «masse» doit s'entendre au sens de l'outil pour aplatir... la culture.