C'est pas pour me vanter, mais le premier article que j'ai écrit dans ma vie, le tout premier, j'étais encore typographe dans une imprimerie de la rue De Bullion, j'avais 24 ans, je venais presque d'arriver au Québec. Mon tout premier article, c'était sur un pape, je me souviens du titre: «Pie XII comparse et complice». Je me souviens aussi d'un intertitre: «Hitler tue, Pie XII se tait». On me reconnaît bien là, je trouve, documenté et néanmoins déterminé, pif, paf, tiens toé: «Hitler tue, Pie XII se tait».

L'article, paru dans la revue Révolution Québécoise (signé Pierre Fortin, un pseudonyme pour cacher que j'étais un communiste importé, une longue histoire que je vous raconterai une autre fois...), l'article avait été vivement dénoncé par Paul Sauriol, un des grands manitous du Devoir de l'époque, qui m'avait accusé d'avoir bâti «un réquisitoire à l'emporte-pièce».

À l'emporte-pièce! Franchement! Moi! Le plus nuancé des hommes.

Tout cela pour vous dire que mon expertise en papes ne date pas d'hier. Aussi il ne vous étonnera pas que j'anticipe ici vos questions sur la chose papale, et d'abord réponde à la question qui vous brûle tous les lèvres:

Le prochain pape sera-t-il québécois?

Je ne sais pas.

Mais si vous me permettez, la question devrait être plutôt celle-ci: devons-nous nous souhaiter un pape québécois? D'un côté, cela serait bon pour l'ego et pour le tourisme, mais d'un autre côté, ce serait Marc Ouellet. Je veux dire, le Québec pourrait-il, légitimement, s'enorgueillir de donner pour chef aux deux milliards de baptisés dans le monde un Marc Ouellet?

Je veux dire un intégriste. Rappelons-nous son incroyable appel à la réévangélisation du Québec, surtout à la réévangélisation des écoles, juste avant son départ pour Rome. Rappelons-nous qu'il a violemment attaqué les laïcs, qu'il accusait de vouloir bannir le religieux de l'espace public (confondant volontairement espace public et espace civique).

Un intégriste, disais-je, mais à parcourir les différentes listes des favoris à la succession de Benoît XVI, peut-être pas le plus intégriste des papabili. Il y a pire, il y a mieux aussi, notre Marc Ouellet est comme dans le peloton du milieu. C'est bien ce qu'il y a de désolant. Si c'est ça, le milieu de l'Église romaine, cela nous dit comme elle est loin de la modernité, loin d'une réelle ouverture sur ces grands sujets qui agitent les fidèles, la pauvreté dans le monde, les femmes dans l'Église, l'avortement, les homosexuels, l'euthanasie, etc.

Le prochain pape sera-t-il noir?

Je ne sais pas... Mais la chose serait distrayante. Et puis, un pape noir reposerait la question de la couleur de Dieu. En attendant de reposer celle de son sexe. Dieu est-il une femme noire? Un transsexuel brésilien?

Anyway, qu'est-ce que ça peut bien te foutre, t'es athée...

Justement, j'aimerais bien, pour une fois, un pape qui, comme ils le font tous depuis saint Paul - qui n'a pas été pape -, j'aimerais bien un pape qui ne me traitera pas de singe parce que je ne suis pas habité par l'Esprit.

UNE SECONDE D'AMOUR - Saint-Valentin est un beau village des basses terres de la vallée du Richelieu, en arrière de Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix. Si on y fête la Saint-Valentin? Ben tiens! Depuis samedi dernier jusqu'à ce soir, le village se déclare capitale mondiale de l'amour. Des coeurs rouges en carton sont accrochés dans les arbres, quelques cupidons tirent leurs flèches sur les galeries des maisons. Cela a commencé samedi par un salon de la mariée, suivi par un bingo de l'amour, lundi une visite du consul du Japon à propos de je ne sais trop quel jumelage. J'y suis allé dimanche pour l'exposition de Robert Lorrain, des sculptures gigantesques sur madriers de chêne. C'est en revenant de l'exposition, au sous-sol de l'édifice municipal occupé pour l'occasion par les étals d'artisans de la région, que j'ai rencontré Jérémie. Un petit rouquin d'une dizaine d'années avec des picots. Il vendait des sacs à main...

C'est toi qui les fais?

Oui, avec des cravates.

Tu fais des sacs à main pour dame avec des cravates de monsieur?

Ouais. Il m'a présenté les deux dames qui l'accompagnaient. Elle, c'est ma maman. Elle, c'est Michelle, ma maîtresse à l'école à Saint-Rémi, où je vais. C'est avec elle qu'on fait des sacs à main avec des cravates, on fait aussi des bijoux. On est en adaptation scolaire.

Adaptation?

C'est parce que je souffre de déficit d'attention.

Tu souffres vraiment?

Non. J'ai du fun.

Le visage de Michelle Beaudin, l'institutrice, s'est illuminé d'un immense sourire... Mais c'était surtout le miracle de se trouver là à la seconde où cela s'est produit. Comme se trouver là exactement à la seconde où le printemps arrive.

PÉPÈRE-LA-VIRGULE - C'était du côté de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, le restaurant Chez Claudette, le stationnement du resto était plein de motoneiges, déjà une bonne indication que la poutine serait excellente, mais c'est lorsque nous avons lu l'affiche Nouvelle horaire sur la porte que nous avons su que nous allions nous régaler. (Envoi d'Alain Perron)

Le Salon de l'auto. Le stand de Mitsubishi. Placé à côté de chaque modèle, un écriteau qui détaille les caractéristiques du modèle en question. En-tête de l'écriteau: Modèle exposez. Je sais, je sais, se défend le responsable du stand... Mais vous savez, y'a pas une personne sur dix qui le remarque... (Envoi d'Yves Lamarre)

Chez Canadian Tire, sur un grand tableau placé au-dessus de la boîte qui recueille l'argent de la fondation Canadian Tire: Vos dons ont aidés. La caissière, fataliste: ça vient de Toronto... (Envoi d'Yves Lamarre)