Prenons comme exemple la mise en échec de Max Pacioretty sur Kristopher Letang, joueur de défense des Penguins de Pittsburgh.

Nez cassé. Commotion cérébrale. Letang ne joue plus depuis deux semaines.

Un coup salaud? Absolument. Un coup particulièrement salaud? Absolument pas. Si vous êtes amateur de hockey, vous ne pouvez pas dire, oh mon dieu, je n'ai jamais vu un coup salaud comme celui-là. Au contraire, vous avez vu ça des centaines de fois. Le modèle même du coup salaud, illégal, sanctionné par un deux minutes, quatre si ça saigne, qui fait la réputation de la Ligue nationale auprès des classes moyennes blanches du New Jersey, de Colombus, Nashville, Detroit.

Résumons-nous avant de nous perdre: un coup illégal, mais très courant. Pas l'essence du hockey de la LNH, mais son ordinarité même, ce que le hockey nous donne à voir au moins une fois par match; en séries éliminatoires, trois ou quatre fois par match.

La question: pourquoi ces coups salauds donnés de toute éternité, pourquoi, soudainement, causent-ils cette épidémie de commotions cérébrales, je dis épidémie exprès, comme si la cause en était organique (un virus) plutôt que mécanique (un traumatisme crânien)?

La question éclipse toutes les autres dans ce dossier: pourquoi maintenant? La réponse la plus souvent avancée: la vitesse du jeu. De plus en plus gros, les joueurs sont aussi de plus en plus rapides, d'autant plus rapides que l'accrochage est maintenant sanctionné. Comme à la boxe, ou dans un accident d'auto, la vitesse de l'impact joue un plus grand rôle dans le déplacement du cerveau que la force même de l'impact. La vitesse, donc.

D'autres accusent l'équipement qui protège mieux les coudes, les genoux, les épaules, mais qui est moulé dans un matériau beaucoup plus dur et contondant.

Il s'en trouve également pour faire le lien entre la quasi-disparition des goons et l'augmentation des commotions cérébrales. Reprenant mon exemple, ceux-là vous expliquent que du temps des Semenko, les Pacioretty y pensaient deux fois avant de jouer les matamores.

Aucune de ces réponses ne me satisfait. Toutes ensemble? Je ne sais pas. Ce qui est certain, c'est que vous ne reconnaîtrez bientôt plus le bon vieux hockey auquel vous êtes habitués.

Vous vous rappelez toutes ces discussions sur la violence au hockey qui n'ont jamais rien changé à la violence au hockey, parce qu'elles en appelaient à l'éthique et à la raison et que la Ligue nationale de hockey n'a rien à foutre de l'éthique et de la raison. Ce qu'elle vend, c'est un spectacle où le coup salaud n'est pas permis, mais hé, ho, faut pas en faire une maladie, ça-fait-partie-du-show-c'est-pas-du-badminton.

Aujourd'hui, la LNH n'a plus le choix. Ce ne sont plus les journalistes ou les parents des jeunes joueurs qui en font une maladie, mais les joueurs de la LNH eux-mêmes. Ils tombent comme des mouches. Cinq à Pittsburgh. Trois à Philadelphie. Deux chez les Rangers. Deux à Boston. Certains sur la touche depuis des mois.

Dès lors que l'intégrité physique des principaux acteurs est en péril, le hockey ne peut pas ne pas changer. La fin des batailles à coups de poing est pour après-demain. Le jeu ne sera plus le même dans son esprit même.

Pensez à Sidney Crosby quand il est revenu au jeu, il y a trois semaines. Les commentateurs qui ont déliré sur son talent, sa vision du jeu, sa fluidité ont pudiquement fait semblant de ne pas remarquer combien cette fluidité était d'autant plus fluide que Crosby savait intimement que personne n'allait le frapper durement, personne n'allait chercher à le planter. C'est en toute sérénité qu'il a pu exprimer son talent, qui est immense.

À quoi pourrait ressembler un match de hockey joué par des joueurs qui n'appréhenderont plus de se faire arracher la tête?

Retournez voir le premier match de la Série du siècle à Montréal. URSS 7 - Canada 3. C'est à cela que ça ressemble, du hockey joué sans crainte de se faire tuer.

Tandis que vous y serez, donnez donc aussi un coup d'oeil au sixième match de cette même série, vers le milieu de la seconde période, Kharlamov, le meilleur joueur russe, va s'échapper, Bobby Clarke lui assène alors, à deux mains, comme s'il tenait une hache, un coup de bâton qui va briser la cheville du Russe... un des plus glorieux moments de l'histoire du hockey canadien.

Je vais faire hurler à Flin Flon, mais il aura fallu des commotions cérébrales pour liquider ce qu'il restait de notre hockey à la hache.

NOËL BLANC - Tant de ciels à neige qui ne neigent pas, ciels lourds et gris qui annoncent de monstrueuses chieries, et puis non, seulement quelques flocons, même quelques divines gouttes de pluie, ah comme j'aime les pluies de décembre, comme j'aime ces journées volées à l'hiver, ah mon bon Mimile, mon bon Mimile, comme la neige n'a pas neigé et comme je m'en réjouis.

Qu'ils aillent au diable, ces gens à la radio, le matin, pendus aux jupes de leur madame météo, petits lutins téteux, madame, madame, promettez-nous un Noël blanc. Et elle de minauder, on verra si vous êtes sages. Elle a fini par promettre quelques centimètres pour le 20. Tout de suite après, une autre qui fait, celle-là, dans la déliquescence culturelle de nous annoncer, gourmande, qu'elle avait hâte, ah comme elle avait hâte, à je ne sais trop quel show à clochettes du temps des Fêtes où l'on verra la délicieuse Jeanette Bertrand danser un slow libidineux avec je ne sais plus qui.

René, sacrament, pourquoi tu t'en vas tout le temps?