Vous avez signé la pétition? Pas moi. Pas d'accord avec une pétition demandant la démission de M. Charest. D'accord avec une pétition demandant la fameuse enquête publique. Une pétition pour un moratoire sur l'exploitation du gaz de schiste. Une pétition pour la laïcisation des institutions, une pétition sur tout ce que vous voulez et même sur le droit de virer à droite au feu rouge ou sur le rétablissement de la peine de mort. D'accord avec n'importe quelle pétition comme photographie de l'opinion publique. Pas d'accord, avec la pétition des pétitions: tu ne veux pas écouter le peuple souverain, gouvernement? Décrisse.

Je sais bien que c'est un exercice juste pour le fun, mais je n'aime pas l'idée qu'on pourrait lui donner des dents comme en Californie, comme en Colombie-Britannique.

Je n'aime pas l'idée du peuple commandant au politique, demandant la démission d'un président, d'un premier ministre élu (majoritairement). La voix du peuple, mon cul. Elle appelle, cette voix du peuple, à une démocratie toujours sur le feu, toujours immanente, à l'envers de la démocratie, et il a un nom cet envers de la démocratie: le populisme.

De la même façon qu'il y a un intégrisme religieux, il y a un intégrisme démocratique et il a un nom cet intégrisme: le populisme. Deux mille signatures à l'heure, ce n'est pas la démocratie en marche, c'est une ruée, une cavalcade démocratique. Vite ajouter sa voix au nombre, qu'est-ce qu'on est bon, qu'est-ce qu'on est fort, une sorte d'hystérie du nombre, on est sept millions, on va vous le prouver.

Le sacre du nombre. La négation de la représentation (du politique donc), le peuple se ravise soudain: vous ne nous représentez plus, on vous a élus pour quatre ans mais on ne veut plus vous voir la face. La souveraineté instantanée. La démocratie comme une envie de pisser, pour se soulager. Je ne comprends pas Amir d'avoir parrainé ce truc, cautionnant ainsi un mouvement profondément de droite, dont il serait la victime toute désignée s'il était au pouvoir.

Un mouvement qui débouche chaque fois sur l'avènement au pouvoir d'un Arnold en Californie, d'un Berlusconi en Italie (à la fin de l'opération Mani pulite).

Une opération qui sert qui ici? L'ADQ dont je vous annonce en primeur la grande résurrection. Un peu portée par cette pétition et surtout par le tumulte de la corruption.

Bien sûr dénoncer la corruption. Bien sûr la combattre. Bien sûr une commission d'enquête. Bien sûr le bien. Bravo les médias, belle job les boys. Mais maintenant que nous voilà dans une société pourrie du haut en bas, qui pensez-vous va nous sauver?

Amir? Voyons donc. Marois? Vous savez bien que non, on va bientôt lui attacher autant de casseroles qu'à Charest.

Qui alors? Zorro mon vieux. Zorron va arriver, héhé.

GASTRONOMIE - Vous ai-je dit que je vieillissais? Mais non, je ne pense pas toujours à ça, même que des fois je n'y pense pas du tout. Je suis en train de lire le journal, Marie-Claude Lortie, tiens, qui parle d'un resto canadien dans le Vieux-Montréal, huîtres de BC, pâtes faites avec du blé de Saskatchewan, saucisson au fenouil, tu ne peux pas te sentir vieux devant un saucisson au fenouil purc porc canadien, tu lis sans te méfier, t'arrives au dessert, je suis fou de dessert, voyons un peu, au dessert, le DNA, c'est le nom du resto, le DNA aime bien s'amuser, médaille de l'originalité à une panna cotta au chocolat et au sang de porc...

Pardon? De la panna cotta (de la crème cuite, le plus innocent des desserts italiens), de la panna cotta au chocolat et au boudin?

Quand je lis la chronique musicale d'Émilie (Côté), ou la chronique TV de Hugo (Dumas), c'est normal que je vieillisse, mais la chronique gastronomique? Holà!

Fiancée, vas-tu venir m'apporter de la panna cotta au boudin au CHSLD?

Par défi sans doute, hier j'ai acheté du boudin à la Queue de cochon sur la Plaza, et tu vas voir, Marie-Claude, que ça ne sera pas une traînerie, je vais trancher des pommes et des oignons dans une poêle, dans une autre je vais faire cuire mes quatre morceaux de boudin, à la fin je vais tout mettre ensemble. Entre le moment où je sors le boudin du fridge et celui où je m'assois pour le manger, 10 minutes gros max.

Pour dessert? Je ne sais pas. S'il reste un peu de boudin cru, penses-tu que ce serait bien avec une confiture de coings mouillée d'une larme de Xérès? Je te niaise. Pour dessert, ce sera un gâteau au pain. La recette à Bob.

LA FEMME - Bien sûr que j'ai aimé Ru, le récit de la si jolie madame vietnamienne qu'on voit partout. Comme je dois être le seul en Amérique du Nord et les environs à n'en avoir pas encore parlé, les gens disent: évidemment, Foglia n'a pas aimé ça. Pourquoi donc? Vous savez pourtant comme je suis fou de confiture et de n'importe quoi de sucré en général? Et bien voilà, j'ai aimé Ru, arrêtez de répandre des rumeurs.

Pas comme ce film qui vient de sortir en DVD, L'Antéchrist de Lars von Trier, l'auteur de Dogville, Dogville que j'ai vu cent fois, mais je ne verrai pas L'Antéchrist cent fois, j'ai à peine été capable une fois, les 20 dernières minutes sont franchement horribles, insupportables, une excision au ciseau, une émasculation et autres mutilations et tortures, rien de tout cela nécessaire à la compréhension du film, on avait tout compris à partir de ce petit renard dans les fougères qui dit: le chaos est partout, on avait surtout compris que le chaos, comme souvent dans les films de von Trier, était la faute des femmes, surtout celles qu'on aime.

Ce qui ne les empêche pas, les salopes, entre deux émasculations, de faire d'excellentes confitures et d'écrire des livres charmants. Un bien grand mystère.