Parmi les journées internationales de ceci et cela - de la femme, de l'autochtone, du patriote, de la famille -, savez-vous s'il y a aussi une journée internationale du moron? D'après moi, c'était dimanche.



Le chemin Saint-Armand relie le lac Champlain au village de Frelighsburg, une vingtaine de kilomètres plus loin. Aux deux extrémités de ce magnifique chemin de vélo, un grand panneau demande aux automobilistes de partager la route avec les cyclistes, une route souvent sans accotement dans ses virages les plus dangereux (faute d'espace pour en faire un). Une route accidentée de nombreuses petites côtes «aveugles», j'entends qu'on ne voit pas ce qui s'en vient avant d'arriver en haut.



Dimanche, au moins cinq véhicules, rageurs et speedés, m'ont doublé dans ces côtes «aveugles», dont un pick-up qui tirait une roulotte. Il m'a presque happé en se rabattant pour éviter des cyclistes qui s'en venaient en sens inverse. Ce n'est pas parce que j'ai déjà manifesté le désir de mourir à vélo qu'il faut que ça se fasse ce mois-ci.

Petit code à pédales à l'intention du moron moyen: tu ne doubles pas un vélo dans ce genre de côte par ailleurs très courte, t'attends. Au pire, au plus long, t'attends une minute. T'as pas une minute à perdre? Prends l'autoroute. Va te promener sur des routes droites et plates. Va à Venise-en-Québec, tiens. Tu vas adorer Venise-en-Québec. C'est noir de monde, y a de la musique, de la poutine, de la poupoune, du vroum-vroum. Oublie ça, le chemin Saint-Armand, y a rien à voir.

Après l'accident de la 112, vous avez été plusieurs à me dire que les automobilistes vous semblaient plus courtois, plus prudents. Pas sûr.

Le chauffeur qui a fauché les filles sur la 112 a refusé une entrevue à ma collègue Daphné Cameron en se justifiant: les gens qui ont à savoir savent.

Pas sûr non plus.

CONTAMINATION - Permettez que je revienne sur l'événement sportif de cet été, le Mondial. Mais ce n'est pas de sport que je veux parler, c'est de connerie. La mienne. Vous raconter ici comment, parfois, je deviens con par contamination.

Au début du Mondial, sur la lancée du match nul de l'Afrique du Sud contre le Mexique, cela s'est mis à délirer sur l'Afrique en général. Un volontarisme d'anthropologue débutant qui se rend sur le terrain pour la première fois, et Dieu qu'il les aime, les autochtones, non mais sont-ils assez fins? Et brillants? Regardez-les jouer au foot, regardez-les sortir de la jungle la balle au pied, n'est-ce pas extraordinaire? Tant de talent brut. L'Afrique tout entière n'est-elle pas un joyau brut?

Je n'en pouvais plus. Je parle des commentateurs de Radio-Canada, notamment de leurs invités africains. Je n'en pouvais plus, si bien que lorsque l'Afrique du Sud s'est fait planter 3-0 par l'Uruguay, yé, j'ai applaudi comme un con. C'est ce que j'appelle devenir con par contamination.

Après les Africains, les Sud-Américains. Quatre équipes sud-américaines sur huit en quarts de finale de ce Mondial. Le triomphe de Pedro, mon vieux. Et les experts de nous annoncer le déclin du foot européen. Et le pourquoi de ce déclin. Manque d'imagination, d'inspiration, schémas de jeu dépassés, pauvre Europe, vieux continent fatigué. Ils n'avaient pas fini de parler que l'Allemagne plantait l'Argentine 4-0.

Je vous rappelle le podium final, qui illustre si bien le déclin de la vieille Europe fatiguée: Espagne. Pays-Bas. Allemagne.

Parfois je suis très content d'être Blanc et Européen. Et un peu con, je sais. Mais comme a oublié de le dire Lévi-Strauss dans Tristes Tropiques, et c'est bien dommage, la connerie au moins te garde de la bonne ethnographie chez les «bons sauvages».

Je suis repassé par la même contamination avec le Tour de France. J'aime beaucoup Andy Schleck. Inspirant, drôle et, ce qui ne gâche rien, luxembourgeois. Je souhaitais sa victoire au début du Tour. Le parti-pris du Français de Canal Évasion m'a fait changer d'idée: allez Contador!

LA NORVÈGE - Un lecteur, que je félicite pour sa pertinence, a posé cette question aux animateurs de Canal Évasion pendant le Tour de France: comment Foglia se comporterait-il dans une étape du Tour?

Et l'autre pince-sans-rire - Louis Bertrand - de répondre le plus sérieusement du monde, si sérieusement que j'ai reçu quelques courriels admiratifs: Foglia est du genre routier complet, un peu comme le Norvégien Boasson Hagen - gros rouleur, pas pire grimpeur, bon dans le contre-la-montre.

Deux choses à propos de Louis Bertrand. Dans une des dernières étapes de montagne, des moutons ont traversé la route du Tour. Et Louis de s'exclamer, tout joyeux: hon, des chèvres! L'autre chose, c'est qu'il me doit un repas à la suite d'un pari, cela fait au moins trois ans de cela et j'attends toujours.

Ne faites jamais confiance à un type qui n'honore pas ses dettes de jeu et qui, en plus, confond des moutons et des chèvres sous prétexte que les deux font bêêêh. Tant qu'à ça, je connais quelques commentateurs sportifs qui font bêêêh tout aussi bien.

Un mot quand même sur mon style à vélo: non, je ne roule pas comme ce Boasson Hagen, même s'il est vrai que j'ai quelque chose d'un peu norvégien dans mon coup de pédale.