Ce n'est sûrement pas en obtenant un marqueur de neuf buts la saison dernière que Marc Bergevin a réglé les énormes problèmes offensifs du Canadien. Mais dans le contexte actuel, où l'équipe a un immense besoin de renouveau, cet échange est le bienvenu.

Alex Galchenuyk a obtenu plusieurs chances de s'imposer comme un leader de l'équipe. Il les a toutes ratées. La direction a sa part de responsabilité dans cette tournure des évènements. Comment un jeune joueur peut-il bâtir sa confiance alors que ses patrons, pourtant payés pour trancher, ont ergoté durant des années avant de décider s'il était un centre ou un ailier ? Mais Galchenyuk n'a pas toujours aidé sa cause et ce nouveau départ en Arizona arrive à point pour lui.

Cela dit, Max Domi a ses limites même si, après un curieux moment d'hésitation, Bergevin l'a identifié hier comme un attaquant top 6. Après une première saison encourageante, son absence de progression depuis deux ans est inquiétante. Mais après avoir consulté Joël Bouchard et Dominique Ducharme, Bergevin le croit capable de passer à une vitesse supérieure. Alors laissons la chance au coureur.

Sans avoir le profil d'une future vedette du circuit, Domi est sûrement capable de tenir un rôle utile au sein du Canadien.

« Cet échange est une occasion d'améliorer l'équipe à court, moyen et long termes, a dit le directeur général. Max est un joueur rapide, il a de l'énergie et bouge bien la rondelle. Il a du caractère et veut jouer à Montréal. Il est fier et veut faire partie de la grande famille du Canadien. C'est important pour nous. »

Quand on obtient un attaquant avec une aussi mince récolte de buts, il faut évidemment trouver des arguments pour « vendre » la transaction aux fans. Bergevin a donc utilisé un de ses mots préférés pour justifier l'échange : « Max apporte des intangibles », a-t-il dit.

Le DG souhaite sûrement que ces « intangibles » contribuent à améliorer l'« attitude » de l'équipe, qu'il a identifiée comme une lacune majeure la saison dernière. Et cela malgré la présence dans la formation de vétérans aguerris comme Carey Price, Shea Weber et Max Pacioretty. Cela en dit long sur le gouffre dans lequel l'équipe est enfoncée.

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Ce changement est-il le premier d'une série chez le Canadien ? Il faut l'espérer puisque le club a montré toutes ses limites la saison dernière.

Dans un monde idéal, Bergevin aurait obtenu davantage en retour de Galchenuyk, qui a déjà marqué 30 buts en une saison. Mais n'oublions pas que Claude Julien l'a très peu utilisé en avril 2017, lors de la seule série éliminatoire disputée par le Canadien depuis trois ans. Cela n'a pas exactement envoyé un bon message aux quatre coins de la LNH.

Malgré une vision du jeu pas toujours optimale, Galchenyuk est néanmoins plus habile que Domi autour du filet adverse. Mais Bergevin a soutenu qu'il ne fallait pas toujours juger une transaction « par les buts et les passes » et que les équipes avaient « souvent des besoins différents ».

« J'aime ce que Max apporte à l'organisation. Il a beaucoup produit au niveau junior. Il a beaucoup de upside et, avec ce changement d'adresse, nous avons bon espoir qu'il atteindra un autre niveau dans son jeu. C'est ce qu'on espère de lui. »

Sur le plan contractuel, Bergevin est aussi convaincu d'avoir réussi une bonne affaire. Domi recevra 3,15 millions la saison prochaine et Galchenyuk, 4,9 millions. Mais ce n'est pas le plus important. « Max est plus jeune et nous profitons de quatre saisons avant qu'il ne devienne joueur autonome, a expliqué le DG. Dans le cas d'Alex, c'était deux ans. Alors il y a aussi de la valeur là-dessus. »

Dans son point de presse, Bergevin s'est surtout animé en évoquant la détermination de son nouveau joueur. Le DG est lui-même un ancien joueur qui s'est bâti une carrière en chaussant ses bottes de travail à tous les matchs. Et on connaît son affection pour les joueurs qui bataillent ferme sur la glace et qui sont généralement plus faciles à diriger que les plus grands talents.

« Je vous invite à aller voir sur YouTube des clips de Max Domi. Son intensité et son énergie sur la glace, c'est flagrant. »

Lorsqu'un collègue a enchaîné en demandant à Bergevin si ces qualités manquaient à Galchenyuk, il a répondu : « Je ne veux pas parler d'Alex, je veux parler de Max. »

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En dressant le bilan de la pitoyable saison du Canadien en avril dernier, Geoff Molson a déclaré : « Le statu quo n'est pas une option. »

Bergevin, qui a répété hier avoir le plein contrôle sur les décisions hockey, est néanmoins conscient qu'il doit rebattre les cartes.

Le pire serait d'amorcer le prochain camp d'entraînement avec une équipe semblable à celle de 2017-2018. Il faut une énergie nouvelle dans le vestiaire et sur la patinoire.

Bien sûr, l'échange de Galchenyuk représente un risque. Les Coyotes espèrent qu'il élèvera son jeu d'un cran et deviendra une tête d'affiche de la LNH. Mais un tel scénario serait plus difficile à Montréal où, après six saisons, il n'a pas répondu aux trop considérables attentes placées en lui.

Il vient un moment où la théorie du changement d'adresse évoquée par Bergevin est pleine de bon sens. Dans ce cas-ci, elle devrait bien servir les intérêts du Canadien et des Coyotes, ainsi que les carrières de Domi et de Galchenyuk.