En quittant le Maracanã hier, j'essayais de trouver les mots pour décrire ce stade mythique, où le Brésil venait de pulvériser le Honduras 6-0 pour atteindre la finale du tournoi de soccer masculin.

Rude défi ! Le Maracanã est un édifice légendaire, mélange de bruit, de couleurs, d'enchantement et d'histoire. J'avais hâte de le visiter. Peu avant le coup d'envoi, j'ai franchi ses portes, montant jusqu'aux tribunes de presse du cinquième étage. De là, le coup d'oeil sur les 70 000 personnes attendant fébrilement l'entrée des joueurs sur le terrain était formidable.

Quand la Seleçao - c'est ainsi qu'est surnommée l'équipe nationale du Brésil - a fait son apparition, une clameur assourdissante a retenti. Neymar, brassard du capitaine au bras, conduisait les siens. Tous les regards étaient braqués sur lui. Aux Jeux de Rio, son mandat est clair : mener son pays à la médaille d'or. Aucune autre ne conviendra. Et c'est lui qui sera blâmé si l'objectif n'est pas atteint.

Après les hymnes nationaux - les Brésiliens ont entonné le leur à pleins poumons -, le match a commencé sous un ciel d'azur.

Le ballon s'est tout de suite retrouvé dans le territoire du Honduras, où un malheureux défenseur, voyant Neymar surgir devant lui, a paniqué. L'élégant numéro 10, attaquant-vedette du FC Barcelone, s'est interposé et a inscrit le premier but des siens après 14 secondes, un record olympique. L'ambiance quand le ballon a atteint le fond du filet ? Vous l'imaginez sans mal, j'en suis sûr ! Le stade en tremblait presque.

Quand on aime le sport, impossible de demeurer impassible devant cette scène unique.

Les joueurs du Honduras, auteurs de 10 fautes contre Neymar, n'avaient ni le moral ni les ressources pour se remettre de ce choc. Les Brésiliens se sont amusés jusqu'au bout, multipliant les attaques et marquant cinq autres fois. Comme des feux d'artifice en plein après-midi.

Après le match, Luis Lopez, l'infortuné gardien du Honduras, a déclaré : « Neymar ? Nous le connaissons tous, il est très bon. Il y a une grosse différence quand il a le ballon et quand il n'a pas le ballon. »

Si la maîtrise de l'euphémisme était une discipline olympique, Lopez serait médaillé d'or.

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Walter Sieber est un des Québécois les mieux branchés du sport international. Membre de la délégation de la FIFA, il collabore à l'organisation du tournoi olympique de Rio.

Un des principaux défis de son groupe de travail a été la préparation de la nouvelle pelouse du Maracanã. L'ancienne surface a en effet été retirée plus tôt cet été en raison des exigences techniques de la cérémonie d'ouverture, tenue au même endroit le 5 août dernier.

« Quatre jours ont été nécessaires pour sortir les modules utilisés à cette occasion, explique M. Sieber. Ensuite, 50 camions ont livré le nouveau gazon. Heureusement, le temps clément a facilité son installation et son entretien. On dirait qu'il est là depuis longtemps. »

Walter Sieber connaît bien le Brésil. Dans l'année précédant les Jeux, il y est venu à quatre reprises pour assurer le suivi des dossiers. Mais il n'a pas oublié une autre visite, en 1999. « À l'époque, le stade Maracanã accueillait beaucoup plus de spectateurs. Environ 70 % des places étaient debout. J'ai assisté à une rencontre amicale entre le Brésil et l'Uruguay devant 130 000 personnes ! »

Le chiffre est impressionnant, mais il ne s'agit pas d'un record. La finale de la Coupe du monde de 1950, perdue à la surprise générale par le Brésil contre ces mêmes Uruguayens, ainsi qu'un match Brésil-Paraguay en 1969 ont attiré près de 200 000 spectateurs. Et Frank Sinatra y a déjà donné un concert devant 180 000 fans !

Aujourd'hui, les places debout n'existent plus. Le Maracanã a subi des rénovations majeures au fil des ans et sa capacité officielle est de 78 050 sièges.

Plus sécuritaire, il n'a rien perdu de sa magie.

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En écartant le Honduras, le Brésil a mérité sa place en finale. Son adversaire sera l'Allemagne, qui a disposé du Nigeria 2-0. Le match sera présenté en fin d'après-midi samedi.

Neymar et les Brésiliens - notamment le fougueux attaquant de 19 ans Gabriel Jesus - tenteront alors d'écrire un nouveau chapitre de la fabuleuse histoire du Maracanã.

UN PAS DE GÉANT EN VOLLEYBALL

Contre des adversaires russes plus aguerris, le Canada a été éliminé, hier, en quarts de finale du tournoi de volleyball masculin.

Cette correction en trois petits sets, si décevante soit-elle, ne ternit pas l'essentiel : à Rio, le volleyball canadien a accompli un pas de géant. Après le match, regroupés autour des anneaux olympiques dessinés sur la surface de jeu, les joueurs n'étaient pas pressés de quitter l'enceinte. Ils souhaitaient prolonger au maximum cette période forte de leur carrière sportive.

« On ne s'est rien dit de particulier, on voulait simplement souligner le moment », a expliqué Nicholas Hoag, lorsque le groupe a enfin retraité vers le vestiaire. « On est une équipe soudée... »

Les péripéties des huit derniers mois ont tissé des liens forts. En janvier dernier, les joueurs canadiens ont raté une merveilleuse occasion de se qualifier pour les Jeux de Rio en échappant un match décisif contre Cuba. Ébranlés un moment, ils se sont néanmoins ressaisis, obtenant leur invitation dans un tournoi disputé au Japon en mai dernier. « Se relever ainsi, ç'a été une sensation indescriptible », a ajouté Nicholas.

Le jeune homme, qui célébrera ses 24 ans demain, souhaite être des Jeux de 2020 et de 2024. Mais d'autres ont dit adieu à leur carrière olympique en quittant le Maracanãzhino, amphithéâtre célèbre dans le monde du volleyball. Parmi eux, Glenn Hoag, le père de Nicholas, qui laisse son poste d'entraîneur-chef après 10 années à la barre de l'équipe nationale.

En répondant aux premières questions des journalistes, l'émotion a saisi cet homme de 57 ans, qui a consacré tant d'énergie à l'essor de son sport au pays. Il s'est interrompu un moment, a pris quelques grandes respirations, avant de lancer : « L'aventure a été extraordinaire. Tous les combats qu'on a menés depuis 10 ans, tous ces hauts et ces bas... J'ai appris tellement de mes joueurs... »

Le coach n'avait pas besoin d'en dire beaucoup plus. Quand on sait que cette qualification olympique était la première du Canada en volleyball depuis 24 ans, on comprend que tout était à recommencer de zéro à son arrivée aux commandes. Une de ses plus grandes satisfactions est d'avoir haussé le niveau des attentes. « Les jeunes joueurs sur la montée sauront qu'il faut du caractère pour réussir. »

Glenn Hoag ne met pas un trait sur sa carrière de coaching. Il retournera bientôt à Izmir, en Turquie, où il dirige une équipe et agit comme directeur sportif d'une association regroupant 700 joueurs. Mais combiner ce poste à celui d'entraîneur de l'équipe nationale commençait à lui peser. « Une semaine de vacances par année, ce n'est pas beaucoup... », dit-il.

De la Turquie, Hoag gardera l'oeil ouvert sur le volleyball partout en Europe. Il cherche aussi à dénicher des clubs susceptibles d'accueillir les joueurs canadiens les plus prometteurs. « On n'a pas de ligue professionnelle au Canada, rappelle-t-il. Nos gars doivent donc jouer en Europe pour se développer et vivre de leur sport. »

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En sports collectifs traditionnels, le palmarès olympique du Canada aux Jeux d'été est modeste. En 2012, à Londres, l'équipe de soccer féminine est devenue la première à remporter une médaille (le bronze) depuis 1936.

Sans parler de révolution, avouons que les performances canadiennes sont plus encourageantes. À Rio, les filles en soccer joueront de nouveau le match de la médaille de bronze. En basket féminin et en volley masculin, les formations canadiennes ont atteint les quarts de finale. Et dans un nouveau sport olympique, l'équipe féminine de rugby à sept a remporté la médaille de bronze.

L'objectif est maintenant de franchir de nouvelles étapes. D'abord, qualifier un plus grand nombre d'équipes en vue des Jeux. Celle de basketball masculin, par exemple, est venue près de réussir cette année. Ensuite, atteindre plus régulièrement les demi-finales. En clair, cela signifie être capable de remporter un gros match sous pression et contre un solide adversaire.

Il faudra beaucoup de travail et de ressources financières pour en arriver là. À ce haut niveau de compétition, la lutte est féroce entre les pays ayant des ambitions.

PHOTO THOMAS COEX, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le réceptionneur-attaquant Nicholas Hoag verse quelques larmes après la défaite du Canada aux mains des Russes en quart de finale du tournoi de volleyball masculin.