Quatre heures de tennis. Deux hommes puisant au bout de leur énergie. Des échanges fabuleux. Une ambiance électrique. Le sport dans ce qu'il a de plus beau.

C'est sur ce spectacle hors du commun que le tournoi de tennis des Jeux de Rio a pris fin, dimanche. Le Britannique Andy Murray, dans une étincelante démonstration de talent et de pugnacité, a battu son courageux rival, l'Argentin Juan Martin del Potro, 7-5, 4-6, 6-2 et 7-5. Mais ces chiffres ne traduisent pas l'intensité de l'affrontement. Ce fut, tout simplement, un match épique.

Dès l'échauffement des joueurs, tout le monde à l'intérieur de l'enceinte a compris que cette soirée ne serait pas comme les autres. La foule était déjà déchaînée. D'un côté, les Argentins entonnaient à pleins poumons des chants de ralliement, comme dans un grand match de soccer. De l'autre, les Britanniques, moins nombreux, faisaient aussi entendre leur voix avec vigueur. Partout, des drapeaux des deux pays étaient agités. C'était à couper le souffle !

Dans ce contexte, vous comprendrez que l'étiquette du tennis en a pris pour son rhume : fautes directes applaudies, silence difficile à obtenir avant les reprises de jeu, effervescence de tous les instants...

Mais l'ardeur des spectateurs aurait vite diminué si les deux rivaux n'avaient pas offert une telle démonstration de tennis. Ils se sont donnés à fond sur chaque balle. Au point où, après un étourdissant échange au quatrième set, ils étaient vidés. Del Potro s'est appuyé un instant sur le filet pendant que Murray, le visage éprouvé, reprenait lentement son souffle.

« C'est un des matchs les plus difficiles de ma carrière, a dit Murray. Les hauts et les bas ont été si nombreux, les bris de service se succédaient. C'est épuisant de jouer quatre heures, surtout sur cette surface lente, qui oblige à courir beaucoup. Physiquement, ce fut très dur. C'était aussi très humide. Et comme j'ai mal servi, le match est devenu encore plus exigeant pour moi. »

Murray est devenu le premier joueur à défendre avec succès son titre olympique de simple. En 2012, à Londres, il avait vaincu Roger Federer dans le match de la médaille d'or. À l'époque, il était toujours à la recherche d'une première victoire dans un tournoi majeur, ayant échappé les quatre finales auxquelles il avait participé. Ce succès l'avait convaincu de sa capacité à se rendre jusqu'au bout dans les grands rendez-vous. Et au mois de septembre suivant, il était devenu champion des Internationaux des États-Unis.

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Au premier tour du tournoi olympique, la semaine dernière, del Potro a éliminé Novak Djokovic. « Même si c'est un honneur d'affronter le numéro un mondial, j'étais convaincu que mon tournoi serait très court ! Mais je me suis mis à gagner. Et la foule m'a toujours encouragé. Pour moi, ç'a été la clé. Je ne voulais pas abandonner. »

Del Potro se nourrit des encouragements des fans. Sur ce plan, il a été servi à souhait dimanche. « Je me sentais comme dans un rêve. Je n'ai jamais rien vu de tel dans un autre tournoi ! Les gens ont été extraordinaires et ils méritaient qu'on leur offre du beau tennis. Je courais pour eux sur le terrain. »

« Je savais que tout mon pays était derrière moi. Je me souviendrai de cette semaine le reste de ma vie. Je n'ai jamais vécu quelque chose de plus beau dans ma carrière. »

- Juan Martin del Potro

En 2009, à l'âge de 20 ans, del Potro a remporté les Internationaux des États-Unis. Hélas, les blessures ont ralenti sa progression. Au fil des années, il a subi quatre opérations aux poignets, ratant des mois et des mois d'activité. Mais voilà qu'il se sent enfin mieux. Son retour au sein de l'élite impressionne Murray.

« Je peux seulement imaginer à quel point il doit être frustrant d'être aux prises si longtemps avec le même problème physique, a dit l'Écossais. De revenir et de jouer de cette façon, c'est impressionnant. Il mérite d'être fier de lui. »

À la fin du match, del Potro semblait plus épuisé que déçu. Il aurait souhaité gagner l'or, certes, mais il accueillait avec plaisir cette médaille d'argent inattendue. Pendant que ses compatriotes chantaient « O-lé, olé, olé, olé » comme le font les partisans du Canadien les soirs de victoire au Centre Bell, del Potro, enveloppé d'un drapeau argentin, les saluait avec chaleur.

Ce fut un très beau moment.

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Cette victoire, Murray l'a obtenue en terminant le match avec force. Au quatrième set, il tirait de l'arrière 3-5 et tout pointait vers la présentation d'une manche décisive. Mais l'Écossais ne l'entendait pas ainsi. Il a remporté les quatre jeux suivants pour monter sur la plus haute marche du podium.

« As-tu apprécié l'ambiance, Andy ?

-  Oui. On joue rarement dans une atmosphère semblable. Dans les tournois du Grand Chelem, les spectateurs ne chantent pas. Et en Coupe Davis, ils appuient seulement l'équipe locale. Ce soir, l'appui était divisé équitablement. »

Andy Murray et Juan Martin del Potro ont fait honneur à leur sport, dimanche.

Photo Charles Krupa, Associated Press

«C'est un des matchs les plus difficiles de ma carrière», a dit Andy Murray, après sa victoire contre l'Argentin Juan Martin del Potro au tournoi olympique de tennis. 

Photo Luis Acosta, Agence France-Presse

Andy Murray