Mon premier sentiment à la suite du repêchage de vendredi ? Le soulagement ! P.K. Subban demeure en effet avec le Canadien.

Bien sûr, Marc Bergevin profite encore de six jours pour échanger son meilleur patineur sans son consentement. Le 1er juillet, Subban obtiendra un droit de veto valable pour les six dernières saisons de son contrat. Mais compte tenu de la frénésie qui précède le premier tour du repêchage, le moment était idéal pour conclure une transaction majeure.

Cela ne s'étant pas produit, les chances d'une surprise la semaine prochaine diminuent. D'autant plus que les Oilers d'Edmonton, qui s'intéressaient sûrement à Subban, ont vu les Blue Jackets de Columbus ravir sous leur nez le dynamique attaquant québécois Pierre-Luc Dubois, auquel le Canadien rêvait.

Sur le plan des relations publiques, la seule manière dont Bergevin aurait pu essayer de « vendre » au public le départ de Subban aurait été la présence de Dubois dans les joueurs acquis en retour de ses services.

À moins d'un énorme retournement de situation d'ici jeudi prochain, Subban endossera donc encore longtemps le chandail du Canadien. C'est une excellente nouvelle. Mais du coup, le premier défi de l'organisation est de tout mettre en oeuvre pour améliorer les relations entre les deux parties.

Déjà inquiétants, ces liens se sont sûrement encore fragilisés depuis la fin de la saison. Bergevin a souvent eu l'occasion de dire haut et fort sa confiance en Subban. Il ne l'a jamais fait, expliquant simplement ne pas offrir ses services à la ronde.

Ce n'est pas tout. En ajoutant qu'il écoutait toutes les offres, son message était clair : une proposition suffisamment généreuse pouvait mettre fin au séjour de Subban à Montréal.

Entre l'organisation du Canadien et Subban, il y a un pont à rebâtir. Le numéro 76 devra aussi faire son bout de chemin, notamment auprès de ses coéquipiers. Sinon, la prochaine saison risque d'être aussi tumultueuse que la dernière.

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Ayant résisté à la tentation d'échanger Subban, Bergevin a ensuite choisi le défenseur russe Mikhail Sergachev au neuvième rang du repêchage. Compte tenu du manque de punch du Canadien à l'attaque, le geste est audacieux.

Si jamais les centres Tyson Jost et Logan Brown, sélectionnés tout de suite après Sergachev, deviennent des joueurs de premier plan au Colorado et à Ottawa, le nouveau membre du Canadien aura avantage à connaître du succès !

Il ne faut cependant pas se surprendre de la décision du Canadien. Bergevin a souvent répété sa conviction : une organisation ne compte jamais assez de bons défenseurs. 

Et étant donné que la carrière d'Andrei Markov tire à sa fin, il faut préparer la relève. 

Nathan Beaulieu continuera de progresser, mais il n'atteindra sans doute pas le niveau du vétéran numéro 79.

Sergachev, dit-on, sera bientôt prêt pour la LNH. Tant mieux, mais évitons de nous emballer. Comme tous les autres jeunes, il aura besoin de temps pour s'adapter. C'est vrai pour un attaquant, mais encore plus pour un défenseur. Ça aussi, Bergevin l'a souvent répété. Parions que le Canadien laissera Sergachev mûrir tranquillement.

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L'été dernier fut le moins productif de Bergevin depuis qu'il dirige le Canadien. Il n'a fait aucun geste significatif pour améliorer l'équipe, ce qui ne pardonne pas en sport professionnel.

Le DG semble avoir tiré des leçons de cette erreur. Vendredi, il a obtenu un attaquant fiable, Andrew Shaw, des Blackhawks de Chicago en retour de deux choix de deuxième tour. Reconnu pour sa pugnacité, le jeune homme de 24 ans aidera le Canadien sur la glace et dans le vestiaire.

Après la dernière saison, Michel Therrien n'a pas caché sa déception face aux difficultés de son équipe à réagir à l'adversité. Il a dit souhaiter l'ajout de vétérans ayant gagné la Coupe Stanley pour améliorer l'attitude dans le vestiaire. Shaw est encore jeune, mais il a goûté aux grands honneurs au sein d'une équipe comptant de nombreux leaders. Ne serait-ce que pour cette raison, son arrivée est une bonne nouvelle.

Le départ de Lars Eller, échangé aux Capitals de Washington, ne laissera pas de traces significatives. Eller est un joueur solide, mais son impact n'était pas déterminant. La transaction permet aussi de créer, à l'intention de Shaw, de l'espace sous le plafond salarial.

Voilà donc une belle opération. Mais il ne faudrait pas que Bergevin s'arrête là. Les besoins du Canadien demeurent nombreux.

Jeudi, dans son point de presse précédant le repêchage, Bergevin a de nouveau répété que le retour en forme de Carey Price ferait du Canadien une bien meilleure équipe. C'est vrai ! Mais je rappelle tout de même ceci : même avec son gardien numéro un en pleine forme, le Canadien n'a pas franchi le deuxième tour lors de sa dernière participation aux séries éliminatoires en 2015. Son incapacité à marquer des buts au moment opportun l'a coulé. Il faudra corriger cette lacune.

Cela dit, j'ai l'impression que l'état-major du Canadien surévalue son équipe. Et que les attentes placées en Price sont excessives. En s'exprimant comme il l'a fait jeudi, Bergevin n'a rien fait pour les diminuer.

Le premier tour du repêchage terminé, on verra maintenant si Bergevin s'intéressera au marché des joueurs autonomes qui s'ouvre vendredi. Ou s'il demeurera sur les lignes de côté, la perspective la plus probable, compte tenu de ses déclarations passées.

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Avec la baisse de la valeur du huard, les équipes canadiennes de la LNH sont confrontées à des difficultés supplémentaires. Et le Brexit risque de prolonger la situation.

Il faut donc se réjouir du repêchage de vendredi. Les Maple Leafs de Toronto et les Jets de Winnipeg comptent parmi les grands gagnants de la journée, ayant mis la main sur les deux meilleurs espoirs de la cuvée 2016, Auston Matthews et Patrik Laine.

Contrairement à cette année, on verra peut-être un club canadien participer aux séries éliminatoires au printemps prochain...