Entre quatre murs, loin des caméras promotionnelles de 24/CH, comment Marc Bergevin et Michel Therrien réagissent-ils à la non-sélection de P.K. Subban au sein d'Équipe Canada en vue de la Coupe du monde de septembre prochain? Tenez, juste pour le plaisir, je vous propose un choix de réponses.

A - Ils sont amèrement déçus. Les deux hommes apprécient Subban et auraient tellement souhaité que leur défenseur-vedette puisse briller dans un tournoi de cette envergure.

B - La nouvelle les laisse de glace. Après tout, sa présence ou son absence ne changera rien à la prochaine saison du Canadien. Et au mieux, cette exclusion pourrait le motiver pour la suite des choses.

C - Ils ne détestent pas le message envoyé à Subban, un gars qu'ils croient trop confiant en ses moyens. Ils estiment qu'il doit corriger plusieurs défauts avant de s'inscrire parmi la véritable élite de la LNH. Et qu'il vient de se le faire rappeler net et sec.

Alors, quelle est votre réponse? De mon côté, j'écarte vite le «A». Les relations entre le duo Bergevin-Therrien et Subban n'ont jamais semblé optimales. Je serais très étonné que la tournure des événements ait fait perdre une seconde de sommeil au DG ou à l'entraîneur-chef.

Le «B»? On peut croire que Bergevin et Therrien espèrent que Subban soit piqué par cette décision et connaisse une saison remarquable en 2016-2017. Le scénario est possible. Car aucun doute n'existe: le numéro 76 voulait participer à cette compétition.

Subban aime les grandes scènes, et celle-là s'annonce immense. Les journalistes lui auraient posé mille questions car ses commentaires élaborés tranchent avec ceux de la majorité des joueurs. Grâce à la seule force de sa personnalité, il aurait été une tête d'affiche du tournoi. Et il aurait aussi brillé sur la glace, j'en suis convaincu. 

La participation de Subban aurait été excellente pour le hockey en général et pour Équipe Canada en particulier.

Hélas pour Subban, il devra s'entraîner à Brossard pendant que les autres membres du «groupe de leadership» du Canadien (Carey Price, Max Pacioretty, Tomas Plekanec et Andrei Markov) tenteront de mener leur pays à la victoire devant des centaines de milliers de téléspectateurs.

Cela dit, j'ai l'impression que la réponse «C» se situe plus près de la véritable réaction de Bergevin et Therrien. On devine à quel point ils apprécient Price, Pacioretty et Markov. Mais Subban? C'est beaucoup plus compliqué.

Bergevin, on le sait, n'a jamais voulu lui verser autant d'argent en lui consentant un contrat de huit ans en 2014. Mais sous la pression de son patron Geoff Molson, il a rendu les armes.

Quant à Therrien, il a trouvé le moyen de blâmer publiquement Subban après un revers au Colorado en deuxième moitié de saison, un traitement rarement réservé à un vétéran dans la LNH. Voilà qui n'était pas de nature à hausser sa cote auprès des dirigeants d'Équipe Canada, dont Bergevin fait partie.

Subban est pourtant un joueur d'exception. Et une vedette dont le rayonnement dépasse le cadre du hockey. On le voit encore ces jours-ci.

Alors que les nouvelles à propos du CH sont rares, Subban, lui, est partout. Il profite à fond de cette intersaison pour vivre des expériences formidables et, sur bien des plans, s'ancrer encore davantage dans la communauté montréalaise. Comme l'impression que le CH compose mal avec ce côté flamboyant, qui ne cadre pas avec l'ADN très conservateur de l'organisation.

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Le 1er juillet prochain, la clause de «non-échange» au contrat de Subban prendra effet. C'est donc dire que le Canadien a encore un mois pour l'échanger sans son autorisation, si telle est le volonté de Bergevin.

Je le redis: le CH commettrait une grave erreur en cédant Subban. Un gars de son talent, capable de jouer 28 minutes par match, de générer de l'attaque et qui a encore de nombreuses saisons profitables devant lui représente un atout unique pour une organisation.

Bergevin et Therrien veulent ramener la Coupe Stanley à Montréal. Pour atteindre cet objectif, ils ont besoin de Subban. Espérons qu'ils en sont conscients et que le défenseur demeurera encore longtemps avec le CH.

Mais pour que l'équipe retrouve le chemin du succès, la direction devra travailler le «vivre ensemble». C'est un uppercut au menton que ses coéquipiers ont servi à Subban en ne le choisissant pas candidat du Canadien à l'obtention du trophée King-Clancy. Cette récompense salue notamment l'engagement communautaire, domaine dans lequel il s'est illustré au cours des 10 derniers mois.

Cela dit, ce n'est pas d'hier que des joueurs doués et aimés du public sont moins appréciés de leurs coéquipiers. Dans sa biographie de Babe Ruth, l'auteur Leigh Montville raconte une anecdote révélatrice. Lorsque les Red Sox de Boston ont cédé le Bambino aux Yankees de New York avant la saison 1920, un journaliste du Boston Post a écrit: «On croit qu'à peu près tous les joueurs des Red Sox seront heureux de la vente de Ruth à New York.»

On connaît la suite: après cette transaction, les Red Sox n'ont pas gagné la Série mondiale avant 2004 pendant que leurs rivaux new-yorkais accumulaient les championnats!

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Le Canadien doit combler plusieurs lacunes en vue de la prochaine saison. Mais pour redevenir une équipe gagnante, le cas Subban ne doit justement plus être... un cas! Il a son bout de chemin à accomplir. Mais ses coéquipiers aussi. Tout comme Marc Bergevin et Michel Therrien, qui ne semblent toujours pas savoir comment le prendre.

Diriger une star est une entreprise délicate. Menée à bien, elle peut produire des résultats extraordinaires. On verra d'ici le 1er juillet si les deux dirigeants du CH acceptent ce défi ou choisissent une voie plus facile.



Galchenyuk n'a pas convaincu

Comme P.K. Subban, Alex Galchenyuk a appris une mauvaise nouvelle vendredi. Il n'a pas été choisi dans l'équipe des 23 ans et moins en vue de la Coupe du monde.

Ce tournoi lui aurait fourni une spectaculaire occasion d'apprentissage. Il aurait vécu une expérience unique. C'est dans des matchs avec des enjeux cruciaux qu'un jeune joueur progresse le plus.

L'absence de Galchenyuk relativise aussi ses succès en fin de dernière saison. Ceux-ci sont survenus à un moment où la pression était moindre, le CH étant déjà éliminé de la course aux séries. Résultat, ce n'est manifestement pas tout le monde dans la LNH qui voit en lui un des joueurs les plus prometteurs du circuit. Sinon, sa sélection pour la Coupe du monde aurait été automatique.

Galchenyuk a fourni de bons moments aux partisans du CH dans le dernier droit du calendrier. Mais il a encore beaucoup de choses à prouver.