À quel moment commence la préparation de la prochaine saison?

Dès maintenant! L'échec de lundi devant les Predators de Nashville rend encore plus improbable la participation du Canadien aux séries. Dans les circonstances, Marc Bergevin sera assurément dans le camp des vendeurs en vue de la date limite des transactions, lundi prochain.

Le DG du Canadien sera sur la sellette comme jamais depuis son entrée en poste en mai 2012. Sa tâche est d'ailleurs semblable: redonner à l'organisation l'élan perdu au cours des derniers mois. Le navire a besoin d'un solide coup de barre. Les prochains jours représentent une chance unique de donner le ton pour la suite des choses.

La tâche de Bergevin ne sera cependant pas facile. Dans un monde idéal, il allégerait la masse salariale de l'équipe afin d'augmenter sa marge de manoeuvre durant l'été. Et il ajouterait des choix au repêchage à sa banque, un atout utile pour conclure une transaction susceptible d'amener un joueur d'impact à Montréal.

En revanche, Bergevin doit aussi être prudent: s'il échange des joueurs souvent utilisés par Michel Therrien, il doit pouvoir les remplacer la saison prochaine. Et comme la relève ne semble pas exceptionnelle, ni dans la Ligue américaine ni chez les juniors, il devra bien étudier son coup.

Chose certaine, les prochains jours nous en diront plus long sur les plans de l'organisation. Il sera intéressant de suivre le travail du DG, d'autant plus que c'est la première fois qu'il se retrouve dans la position de vendeur. Comment composera-t-il avec cette nouvelle dynamique? La réponse bientôt.

Quelle est l'ambiance dans le vestiaire?

Pas besoin d'être devin pour comprendre que quelque chose ne tourne pas rond. Une équipe ne s'écroule pas à la manière du Canadien depuis deux mois si le groupe est uni, si le leadership est fort, si les directives de l'entraîneur pèsent lourd.

Il n'est pas facile de déterminer les raisons internes derrière cette descente aux enfers. Le Canadien, comme plusieurs équipes professionnelles, est une organisation opaque, où l'accès est rigoureusement contrôlé. Son plan de communications vise d'abord et avant tout à aplanir les aspérités. On veut donner une image lisse, même dans la tempête.

Non, P.K. Subban ne fait sans doute pas l'unanimité. Mais une chute pareille a certainement beaucoup d'explications.

Dommage à dire, mais les motifs d'une dégringolade semblable auraient été plus clairs il y a 25 ans.

À l'époque, les journalistes sur le «beat» côtoyaient de plus près l'équipe, notamment durant les voyages. Ils étaient ainsi témoins de plusieurs interactions entre les joueurs, l'entraîneur et même le directeur général. Cela leur permettait de mieux saisir l'état d'esprit du groupe. Et des gars comme Guy Carbonneau, Larry Robinson et Claude Lemieux n'hésitaient pas à livrer le fond de leur pensée, même au risque de casser des oeufs.

On pouvait aussi, à l'occasion, obtenir une entrevue individuelle avec l'entraîneur. Et le DG n'était pas encore devenu un personnage largement inaccessible, répondant aux questions à peine quelques fois par saison. Croyez-le ou non, mais si - pour un motif sérieux - on appelait Serge Savard à la maison le soir, il répondait à nos questions!

N'allez pas croire que je blâme Marc Bergevin et Michel Therrien pour ce changement. Cette attitude a commencé avant eux, et on ne reviendra pas en arrière. Ils ne font qu'emprunter un chemin balisé par leurs plus récents prédécesseurs. Sauf qu'ils appuient fort sur l'accélérateur, comme en fait foi l'absence injustifiée d'information à propos de la blessure de Carey Price.

Le désir de l'organisation d'éviter toute controverse explique en grande partie ce changement, propre à toute l'industrie. Ce n'est pas le seul motif, bien sûr. L'augmentation du nombre de médias s'intéressant à l'équipe est aussi un facteur. Gérer les demandes et les attentes de tout ce monde est évidemment une lourde tâche.

Il n'empêche que la culture du secret fait aujourd'hui partie de l'ADN du Canadien, même si cela ne produit aucun résultat positif sur le plan sportif. Et laisse trop souvent l'image d'une organisation confuse.

Quelle est l'identité du Canadien?

Cette question m'est venue en tête à la lecture de l'excellente entrevue de mon collègue Mathias Brunet avec Stéphan Lebeau, dans notre numéro de dimanche. L'ancien attaquant du Canadien soutient que l'équipe se cherche, et depuis de nombreuses saisons, sur le plan de «l'identité».

Durant les saisons où Lebeau a porté le maillot tricolore, une conversation avec lui était toujours digne d'intérêt. Il donnait l'heure juste, que ce soit durant l'éprouvante dernière saison de Pat Burns à la barre de l'équipe ou lors des resplendissants débuts de Jacques Demers.

Le fait que Lebeau évoque cette question m'a intéressé. Ainsi, quelle était l'identité du Canadien en début de saison? Un club rapide, sans doute. Et capable de contre-attaquer avec succès. Un club dur à affronter, pour reprendre le voeu de Michel Therrien.

Mais aujourd'hui, on comprend mieux que le Canadien était d'abord et avant tout une équipe fondée sur l'excellence d'un joueur, Carey Price.

On dira avec raison qu'aligner un gardien de premier plan a fait partie de l'identité du Canadien lors de la majorité de ses conquêtes de la Coupe Stanley. De Georges Vézina à Jacques Plante, de Ken Dryden à Patrick Roy, l'excellence devant le filet a caractérisé les succès du club.

Mais il y avait plus que cela. Les grandes formations du Canadien avaient une foi immense en leurs possibilités. C'était vrai lors des triomphes des années 50, 60 et 70. Et si les équipes victorieuses de 1986 et 1993 n'étaient pas aussi puissantes, elles ont aussi mis en place une confiance exceptionnelle au fil de la saison, même si le fruit n'est devenu mûr qu'en mars ou en avril.

Atteindre cet état de grâce n'est pas une mince affaire. Et le Canadien en est bien loin aujourd'hui. Notamment parce qu'en l'absence de Carey Price, le leadership ne répond pas aux attentes. Voilà un élément que Marc Bergevin devra renforcer en vue de la prochaine saison. Difficile d'avoir une identité forte sans leaders forts et rassembleurs.

Où sont les joueurs francophones?

L'identité du Canadien, c'est aussi d'avoir quelques joueurs francophones. Sans doute pour la première fois de son histoire, l'équipe n'en comptait aucun en uniforme, jeudi dernier, au Colorado. De nombreux observateurs, et j'en suis, s'en inquiètent. Oui, le hockey s'internationalise, oui, les joueurs viennent de partout dans le monde. Mais il demeure troublant que le CH ne compte aucun francophone dans sa formation.

Marc Bergevin, qui a fait confiance à plusieurs d'eux dans des postes d'encadrement au sein du Canadien et de sa filiale de la Ligue américaine, est-il sensible à cette question? Je crois que oui. Mais avouons qu'il pourrait mieux le démontrer! Comme l'impression que le retour des Nordiques forcerait le CH à s'intéresser davantage aux joueurs francophones.

Ceux-ci, comme les grands gardiens, ont toujours fait partie de l'identité du Canadien. La direction de l'équipe ne doit pas l'oublier, notamment lors du repêchage. Et, svp, cessons d'évoquer le cas Louis Leblanc pour illustrer le danger de choisir un francophone au premier tour. Des erreurs ont aussi été commises en repêchant des gars d'ailleurs dans le monde.

Un haut choix au repêchage transformera-t-il le CH?

C'est évidemment le souhait de tous les partisans. Mais attention! D'une part, le résultat n'est pas automatique. De l'autre, il faut généralement se montrer patient avant que l'impact du nouveau venu soit déterminant.

Tenez, les Panthers de la Floride composent cette saison une des meilleures équipes de la LNH. Les Oilers d'Edmonton sont sur une lancée et beaucoup d'observateurs estiment que les Maple Leafs de Toronto progresseront rapidement.

Toutes ces équipes misent sur des jeunes talentueux pour franchir les prochaines étapes. Mais n'oublions pas ceci: de 2005-2006 à 2014-2015, ces trois clubs ont participé aux séries à peine une fois chacun. Et cette saison, seuls les Panthers seront du tournoi printanier.

Bref, perdre aujourd'hui ne veut pas nécessairement dire gagner dès demain. Il faut souvent plus de temps.