C'était la «Classique hivernale, formule entraînement», hier, à Laval, où le Canadien a célébré l'ouverture d'une nouvelle patinoire communautaire. Le ciel était d'un bleu cristallin, et le froid, mordant.

Pendant que les joueurs de Michel Therrien s'amusaient sur la glace, Geoff Molson, une tuque aux couleurs du CH enfoncée sur la tête, répondait aux questions des journalistes. Sourire aux lèvres, il ne donnait pas l'impression d'être atterré par les ennuis des siens.

«J'ai confiance en notre équipe, a-t-il dit. C'est une longue saison. Tous les clubs connaissent des hauts et des bas. On est dans un moment bas actuellement, mais on va s'en sortir.»

S'il ne se mêle pas de la gestion quotidienne des affaires hockey, Geoff Molson demeure un propriétaire engagé. De son propre aveu, les journées où il ne s'entretient pas au téléphone avec Marc Bergevin sont rares. «Peu importe si les choses vont bien ou mal, on discute constamment de l'état de l'organisation et de l'équipe», a-t-il expliqué.

Or, si l'on se fie à son ton confiant, le président du Canadien est loin d'être en mode panique malgré la glissade des six dernières semaines. Cet échange que j'ai eu avec lui le démontre bien.

- Geoff, sentez-vous plus de nervosité au sein de l'organisation?

- Non, c'est plutôt la frustration. On l'a vu dans le vestiaire après le dernier match. C'est la passion qui a parlé. Tout le monde veut s'en sortir. Ils vont réussir.

- Existe-t-il un point où ça devient inquiétant?

- On n'est pas rendu là.

Geoff Molson n'a évidemment rien manqué de la sortie de P.K. Subban après le revers contre les Penguins de Pittsburgh. Mais il n'en fait pas un gros plat. Lorsqu'une équipe s'enlise, il est presque inévitable qu'un joueur ou l'autre s'emporte.

L'élément le plus significatif des propos du président est cependant celui-ci: à son avis, malgré le mauvais mois de décembre, il est encore trop tôt pour s'inquiéter. Il estime que «l'excellent noyau de leaders» du Canadien permettra à l'équipe de rebondir, ce qui est sûrement le souhait de Marc Bergevin.

Reste maintenant à savoir à quel moment la haute direction du Canadien estimera que trop, c'est trop. L'équipe disputera ses trois prochains matchs contre des rivaux de gros calibre, les Blackhawks de Chicago (deux fois) et les Blues de St. Louis. Deux de ces affrontements auront lieu à l'étranger. Ce ne sera pas facile de «s'en sortir», pour reprendre l'expression de Geoff Molson.

Sans être prophète de malheur, qu'arrivera-t-il si le Canadien s'incline trois fois de suite? Michel Therrien devra-t-il s'inquiéter de son avenir? Ce serait injuste, puisqu'il manque d'atouts.

Geoff Molson a toujours voulu de la stabilité au sein de son organisation. Souhaitons qu'il ne déroge pas à son plan. Car pour l'instant, c'est d'abord à Marc Bergevin, qui a peut-être surévalué son équipe, d'aider son entraîneur en lui fournissant un attaquant efficace additionnel.

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En 2009, afin de souligner son centenaire, le Canadien a parrainé la construction d'une première patinoire communautaire. Celle inaugurée hier à Laval est la septième financée par la Fondation des Canadiens pour l'enfance, en collaboration avec ses partenaires. Son coût: 1,4 million. Ces magnifiques surfaces glacées, extérieures mais réfrigérées, représentent un legs durable.

La nouvelle patinoire est située au parc Émile, à deux pas de la station de métro Cartier. Elle fera le bonheur des enfants du voisinage, notamment ceux de l'école primaire Léon-Guilbault. C'était d'ailleurs très sympathique d'entendre deux élèves, Béatrice et Nathan, remercier la Fondation au nom de leurs camarades.

«Si la Fondation continue d'avoir du succès avec la collecte de fonds, nous souhaitons ajouter une patinoire chaque année», a expliqué Geoff Molson, fier avec raison de cette splendide contribution sociétale.

L'objectif est réaliste puisque la Fondation compte depuis février dernier une nouvelle source de financement quasi permanente: le tirage «moitié-moitié» organisé lors des matchs du Canadien lui permet de toucher plus de 20 000 $ par rencontre.

«Ça consolide nos revenus», explique Geneviève Paquette, directrice exécutive de la Fondation. En clair, l'organisme devient moins tributaire des soirées-bénéfice et des encans, où un doute existe toujours au sujet de la réponse des entreprises et du public.

Pour la Fondation, un des plus beaux signes de succès est la manière dont les gens s'approprient les patinoires: à peine deux graffitis depuis 2009, signe du respect que les citoyens leur vouent. L'été, elles deviennent des terrains de basketball.

«En vertu de notre protocole avec les arrondissements, nous faisons un suivi sur leur utilisation, ajoute Mme Paquette. Le jour, les écoles ont le premier choix pour les réserver. La priorité est toujours donnée aux enfants et aux activités familiales.»

La construction de ces patinoires Bleu Blanc Rouge, comme le Canadien les surnomme, demeure encore aujourd'hui une idée géniale.

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Jusqu'à maintenant, P.K. Subban ne connaît pas une saison digne d'un candidat au trophée Norris. Mais il reste un as de la communication.

Pendant que Max Pacioretty refusait de répondre aux questions concernant l'incident survenu dans le vestiaire après le match de samedi - le capitaine a observé d'un drôle d'air la sortie de son coéquipier à propos des ennuis offensifs du Canadien -, Subban, serein, s'est simplement excusé de son ton grossier, disant regretter le mauvais exemple ainsi donné aux jeunes.

Ses propos, a-t-il expliqué en substance, résultent de la frustration ressentie après un autre échec. L'assurance avec laquelle Subban a débité tout ça était impressionnante. Pendant ce temps, ses coéquipiers l'attendaient dans l'autocar ramenant l'équipe à Brossard et une poignée de jeunes scandaient «P.K., P.K.» à pleins poumons.

Une autre journée dans la vie de Subban et du Canadien.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Les patinoires Bleu Blanc Rouge représentent un legs durable.

Pression sur Calgary

Tiens, tiens, voilà que Gary Bettman met de la pression sur Calgary afin que l'on dote les Flames d'un nouvel amphithéâtre.

Le commissaire de la LNH a prononcé une allocution devant la chambre de commerce de cette ville, hier, afin d'appuyer un projet soumis par les propriétaires de l'équipe à l'administration municipale.

D'un coût frôlant les 900 millions - sans compter les frais de décontamination du terrain -, le concept repose sur la construction d'un gigantesque complexe comprenant un amphithéâtre, un stade de football pour les Stampeders et une salle omnisports.

«Je ne comprends pas pourquoi ce dossier n'a pas progressé davantage, a dit Bettman, selon La Presse Canadienne. Peu importe ce que les gens en pensent, il ne coûtera jamais moins cher qu'aujourd'hui.»

Le maire Naheed Nenshi n'a pas semblé apprécier cette incursion de Bettman dans les affaires de sa ville. L'ouverture du nouveau domicile des Oilers d'Edmonton l'automne prochain place Calgary dans une situation délicate. Bettman le sait et n'hésite pas à taper sur ce clou.

À son tour, Calgary s'apprête à vivre le grand débat du financement des nouveaux amphithéâtres. Et la LNH finira sûrement par obtenir ce qu'elle veut.

Photo Jeff McIntosh, La Presse Canadienne

Gary Bettman, commissaire de la LNH