Assise dans la modeste tribune du court no 10, un terrain écrasé par l'ombre du prestigieux stade Suzanne-Lenglen où des matchs épiques sont disputés chaque année, Josée Robillard raconte le parcours de sa fille, Charlotte, une des meilleures joueuses juniors au monde.

«Quand elle était petite, on lui a donné une raquette de tennis pour qu'elle s'amuse avec une balle durant les matchs de hockey de son frère aîné William, explique Mme Robillard. Et elle a aimé ça.»

Plus tard, les deux enfants ont été inscrits à un camp d'été où le tennis comptait parmi les activités. Lorsque les parents se sont informés de leur progression, un responsable a lancé: «William est très bon. Mais la p'tite gauchère, vous savez, n'est pas mal du tout!»

C'est ainsi que la route de Charlotte Robillard-Millette dans ce sport a commencé. Une route qui l'a conduite à Roland-Garros, où elle est la sixième favorite du tournoi junior. Au cours de la dernière année, sa progression a été spectaculaire. Et elle représente aujourd'hui un réel espoir.

Hier, dans des conditions difficiles, avec cette pluie froide intermittente et ce vent tourbillonnant, Charlotte a remporté son match de premier tour sur ce court no 10, où la clameur des terrains principaux sert de bruit ambiant.

La rencontre a pourtant mal commencé: elle a perdu le premier set 2-6 contre la Tchèque Monika Kilnarova, plus jeune de quelques mois. Mais sa réplique a été convaincante.

Après sa victoire, Charlotte ne l'a pas caché: se retrouver dans cette ambiance indescriptible, et participer à un volet du grand rendez-vous parisien, l'a un peu stressée.

«J'étais tendue au début, peut-être parce que c'est mon premier Roland-Garros. Je n'avais pas de rythme et je trouvais le terrain lent. Et j'ai eu de la misère avec mon service parce que je recevais de la pluie dans les yeux. Mais je me suis bien ajustée, et c'est l'important.»

Charlotte a gagné les deux manches suivantes, 6-2 et 6-3, tout en testant un peu trop souvent la patience de l'arbitre. Elle lui a souvent demandé de vérifier l'endroit exact où une balle était tombée, mais aucun de ses appels n'a provoqué un changement de décision. Il faut dire que la jeune athlète est assez flamboyante sur le terrain. Elle salue ses bons coups avec des cris énergiques et on devine vite sa déception après un échange se terminant mal.

«Elle a du tempérament, dit sa mère. Elle a toujours été comme ça. Toute petite, je n'ai pas eu besoin de lui montrer à attacher ses souliers ou à patiner. Elle disait: «Je suis capable, maman...»

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Dès l'âge de 7 ans, Charlotte a travaillé avec un entraîneur réputé, Sébastien Leroux. Et elle a franchi avec succès les étapes, d'abord au Québec, puis sur la scène canadienne, devenant championne dans presque toutes les catégories d'âge.

«Ça coûte cher, Mme Robillard, assurer le développement d'une jeune athlète d'exception?

- Il y a eu des années, c'était fou. Un salaire y passait. On ne veut plus compter! On a été chanceux, on a eu l'appui des grands-parents des deux côtés. Et Tennis Canada est là.»

Cette semaine, Josée Robillard accompagne sa fille en Europe pour la première fois depuis des années. Son conjoint prendra la relève à Wimbledon. «Charlotte a de la volonté, dit sa mère. Et elle est très disciplinée.»

Malgré ses nombreux voyages et le nombre ahurissant de journées qu'elle passe loin du domicile familial de Blainville, Charlotte poursuit son parcours scolaire en 4e secondaire. Elle est inscrite à l'Académie les Estacades de Trois-Rivières, qui travaille avec les étudiants-athlètes à l'aide d'une plateforme électronique. Un tuteur de Tennis Canada lui fournit aussi de l'aide.

Josée Robillard, une entrepreneure dans le domaine des fleurs, souhaite que sa fille complète sa 5e secondaire dans les délais normaux. Elle a compris que par la suite, pour atteindre le circuit de la WTA, Charlotte devra se consacrer à fond au tennis. Mais qu'elle aura toujours «sa bonne tête» à l'issue de sa carrière. Et qu'elle pourra reprendre là où elle aura laissé, forte d'expériences de vie uniques.

Pour ses parents, l'équilibre est fondamental, ajoute Josée Robillard. «On veut qu'elle garde les deux pieds solidement sur terre.»

Le père de Charlotte, un employé d'Hydro-Québec, est un ancien joueur de football, qui a connu une belle carrière amateur et été membre de l'organisation des Concordes de Montréal, de la Ligue canadienne, au début des années 1980.

Son frère William a été recruté par une école du Connecticut grâce à ses talents au hockey et au golf. Bref, le sport est une valeur essentielle de la famille.

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Charlotte Robillard-Millette a déjà atteint un de ses objectifs de 2015: se retrouver dans le groupe des 20 joueuses juniors les mieux classées (elle occupe le cinquième rang).

«Je veux continuer de m'améliorer. Et à long terme, je souhaite bien sûr devenir professionnelle, obtenir un bon classement WTA et disputer les vrais tournois du Grand Chelem. J'espère que ce sera le plus tôt possible. Mais je suis réaliste, j'ai encore 16 ans, et il y a beaucoup de filles avec de l'expérience...»

Au cours des derniers mois, Charlotte a amélioré sa condition physique. Et sur le plan psychologique, elle sait maintenant qu'elle peut compétitionner à un très haut niveau. Sa participation à la ronde quart de finale des Internationaux juniors d'Australie, en janvier dernier, l'a notamment aidée à le réaliser.

Pour poursuivre sa progression, Charlotte Robillard-Millette ne devra jamais oublier cette phrase lancée par sa mère, hier: «Le tennis, ça se joue avec les jambes, mais ça se gagne avec la tête.»

Au besoin, ses parents le lui rappelleront. Cette jeune fille semble magnifiquement encadrée.

Coderre doit oublier la Coupe du monde

Sur le plan sportif, Denis Coderre a deux ambitions majeures pour Montréal: le retour des Expos et la présentation de matchs de la Coupe du monde de soccer de 2026.

Les démarches du maire auprès du baseball majeur sont menées avec adresse, comme en témoigne sa visite réussie au commissaire Rob Manfred la semaine dernière. En revanche, il devrait abandonner son rêve d'accueillir, avec d'autres villes canadiennes ou américaines, la Coupe du monde. La réélection de Sepp Blatter à la tête de l'organisme illustre le fait que la FIFA n'est pas réformable à court ou à moyen terme.

À l'évidence, les chances du Canada d'organiser un événement prestigieux de soccer international seront minuscules aussi longtemps que Blatter sera président de la FIFA. Soccer Canada, avec raison, a en effet appuyé son rival lors de l'élection de vendredi dernier. Le tout-puissant dirigeant ne pardonnera sûrement pas ce geste.

Compte tenu des révélations des derniers mois concernant le fonctionnement du soccer international, épisode ayant culminé avec la récente action musclée de la justice américaine, il serait malsain que le Canada demande quelque faveur que ce soit à la FIFA. L'opinion publique y serait d'ailleurs férocement opposée.

En Europe, des médias ont soutenu que le rêve de Blatter est d'accorder la Coupe du monde de 2026 à la Chine. Le président de la FIFA fera sûrement en sorte que le choix du pays hôte se fasse avant l'expiration de son nouveau mandat, qui prendra fin en 2019.

Aussi longtemps que Blatter demeurera en poste, le maire Coderre doit rayer de ses objectifs l'obtention de la Coupe du monde.