On peut faire de grandes envolées à propos de l'impact de Carey Price au sein du Canadien. Son calme, sa force de caractère et son leadership font l'unanimité. Mais comment traduire son influence sur ses coéquipiers en une seule phrase bien ciselée?

Voici la réponse de Pierre-Alexandre Parenteau: «Quand il parle, les boys écoutent!»

Dans un vestiaire de hockey, difficile d'imaginer plus beau compliment. Même s'il n'a pas de lettre sur son chandail, Price est l'âme du Canadien. C'est sur lui que reposent les chances de l'équipe dans cette série contre les Sénateurs d'Ottawa. Et contrairement au dernier affrontement éliminatoire entre les deux équipes, il devrait combler ces attentes.

Rappelez-vous ce drôle de printemps 2013: avant la première rencontre, Michel Therrien a mis une pression inutile sur Price en déclarant qu'il serait le «meilleur joueur» de l'équipe. Comme s'il voulait lui rappeler publiquement l'importance de son rôle.

La stratégie s'est retournée contre Therrien. Price a connu un mauvais premier match et l'équipe ne s'est pas remise de cette défaite.

D'ailleurs, toute cette série est à ranger dans le tiroir des souvenirs noirs pour le Canadien. Ce fut une suite de déboires et de malchances.

Lars Eller a encaissé une charge absurde d'Eric Gryba; l'entraîneur des Sénateurs, Paul MacLean, a enfoncé l'idée qu'une passe dangereuse de Raphael Diaz, alors avec le Canadien, était la principale cause de l'assaut; Michel Therrien a répliqué 12 heures trop tard; Brandon Prust s'en est mêlé sans élégance; et quatre joueurs du Canadien ont terminé la série à l'infirmerie! La tempête parfaite, quoi.

Difficile d'imaginer que les choses iront aussi mal cette année. Hier, quand j'ai demandé à Therrien s'il avait changé depuis cette première série contre les Sénateurs, il a répondu ainsi: «On évolue tous. C'est important d'apprendre et de s'ajuster. Je connais mieux mon équipe qu'il y a 3 ans. Qu'on soit entraîneur ou joueur, il faut tirer du positif de nos expériences et tenter de nous améliorer.»

Comme l'impression que Therrien connaîtra aussi une meilleure série qu'en 2013.

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Aujourd'hui, la confiance est un atout majeur de Carey Price. Ses performances aux Jeux olympiques de Sotchi et durant les dernières séries éliminatoires ont élargi sa carrure.

Sur le plan technique, comme tout athlète d'exception, Price s'améliore constamment. Mais c'est surtout dans la confiance en lui qu'il a progressé. Et ses récents succès ont aiguisé son appétit.

Tenez, plus tôt ce mois-ci, lorsqu'il a éclipsé la marque de 42 victoires établie dans l'uniforme du Canadien par Jacques Plante et Ken Dryden, un collègue l'a interrogé à propos de ses deux illustres prédécesseurs. «J'ai beaucoup de respect pour ce qu'ils ont accompli durant leur carrière, a-t-il répondu. Et ils ont remporté des Coupes Stanley, ce qui est mon but ultime.»

Cette réponse illustre l'état d'esprit de Price. Il veut inscrire son nom sur le précieux trophée. Cette réussite serait la suite logique d'une carrière exceptionnelle: médaille d'or au Championnat junior mondial de 2007 et joueur par excellence du tournoi; Coupe Calder et joueur par excellence des séries dans la Ligue américaine, avec les Bulldogs de Hamilton, aussi en 2007; médaille d'or olympique en 2014; et, peut-être, trophées Vézina et Hart en 2015...

La saison dernière, sa première sous la gouverne de l'entraîneur adjoint Stéphane Waite, Price a accompli quelques miracles. Mais en demi-finale de la Coupe Stanley, une blessure à un genou a mis fin à sa saison et aux espoirs du Canadien.

Comme me le rappelait récemment Marc Bergevin, si le patin de Price avait glissé dans le filet plutôt que de heurter le poteau dans sa collision avec Chris Kreider, rien de dramatique ne se serait produit. Quelques centimètres ont tout fait basculer.

«Je ne dis pas qu'on aurait battu les Rangers de New York, ils ont bien joué et méritaient de gagner, mais peut-être que la série aurait été différente...», a ajouté le DG du Canadien.

Différente? Aucun doute là-dessus! L'absence de Price a crinqué les Rangers et a ébranlé le Canadien. C'est la marque des grands joueurs: leur influence va bien au-delà de leur rendement sur la glace. Elle joue aussi dans la tête de tous les joueurs impliqués dans un match, coéquipiers et adversaires. Voilà aussi pourquoi Price est le grand leader du CH.

Bien sûr, Andrew Hammond, le gardien des Sénateurs, a été encore meilleur que Price dans la dernière ligne droite du calendrier. Mais poursuivra-t-il dans la même veine en séries, lorsque la pression est beaucoup plus forte? De la réponse à cette question dépendent les chances des Sénateurs. Nous en saurons plus long dès le premier match.

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Chez le Canadien, une ombre au tableau: à moins d'une surprise, Max Pacioretty sera absent ce soir. Cette saison, il a marqué 4 des 9 buts des siens contre les Sénateurs. L'attaque du CH, déjà peu diversifiée, sera donc réduite à sa plus simple expression.

Mais ne demandez pas à Lars Eller s'il s'agit d'une source d'inquiétude. «Nous sommes l'équipe ayant accordé le moins de buts en saison. Et on devrait aussi être celle qui en marque le plus? On ne peut pas toujours avoir le meilleur des deux mondes! Notre identité, c'est de ne pas accorder beaucoup de buts et de trouver une façon de gagner.»

Marc Bergevin, lui, compte sur l'apport des joueurs de soutien, comme au printemps dernier. «Ça prend un gros but de ces gars-là à l'occasion, dit-il. C'est toujours comme ça en séries.»

Le tournoi de la Coupe Stanley commence ce soir. Combien de temps durera-t-il pour le Canadien? À mon avis, si Pacioretty revient au jeu, le parcours de l'équipe ressemblera à celui de l'an dernier.

Carey Price et Michel Therrien y veilleront.