On dit souvent que le Canadien formerait une équipe très ordinaire sans Carey Price. Cette analyse est vraie, mais incomplète. Deux autres joueurs sont tout aussi essentiels à l'équipe: P.K. Subban et Max Pacioretty.

Si un membre de ce super trio rate plusieurs matchs éliminatoires, le printemps de l'équipe s'annonce court. Le Canadien forme un très bon club, mais uniquement si ses trois canons sont au rendez-vous. Chacun d'eux apporte une contribution essentielle. En cas de malheur, aucun plan B n'existe pour assurer leur relève avec un minimum de dommages.

Voilà pourquoi la blessure à Pacioretty est si lourde de conséquences. Un jour, peut-être, Alex Galchenyuk inscrira-t-il régulièrement des buts importants, à l'image du numéro 67. Mais il n'a pas encore atteint ce niveau.

Pacioretty est costaud, une qualité rare chez les attaquants du Canadien. Il est surveillé étroitement, ce qui allège le fardeau de ses coéquipiers, moins souvent confrontés aux meilleurs joueurs défensifs de l'adversaire. Et il est un leader dans le vestiaire.

«Les véritables attaquants de puissance ne sont pas nombreux dans la Ligue nationale», me disait Marc Bergevin, la semaine dernière. «Mais Max en est devenu un cette saison. Il est fort, revient dans sa zone, va au but adverse et complète ses mises en échec.»

L'an dernier, Pacioretty n'a pas connu les séries espérées. Mais n'oublions pas que son expérience était minimale. Avant la première ronde contre Tampa Bay, il n'avait disputé que quatre matchs éliminatoires dans la LNH. La situation sera bien différente cette saison... s'il revient au jeu.

***

Le Canadien avait l'occasion d'assainir l'air, mercredi, à propos de la blessure de Pacioretty. La direction de l'équipe a cependant refusé de fournir la raison de son absence. Sa démarche vacillante après avoir heurté la bande lors du match de dimanche, en Floride, appuie cependant la thèse de la commotion cérébrale.

Si ce n'est pas le cas, le Canadien aurait dû le préciser, de manière à mettre fin à cette interprétation des faits. On voit mal quel avantage concurrentiel l'organisation gagnerait à laisser courir si longtemps de tels bruits en sachant qu'ils sont faux.

Dans le contexte, je présume donc que le meilleur attaquant du Canadien a bel et bien subi un choc au cerveau contre les Panthers. Mais en invoquant des motifs peu convaincants pour justifier ce manque de transparence - Michel Therrien dit vouloir protéger Pacioretty -, l'organisation rappelle à quel point ce fléau rend toujours mal à l'aise la direction de la LNH et les équipes du circuit.

Pourquoi? D'abord, parce que les commotions cérébrales sont infiniment plus complexes qu'une déchirure ligamentaire à un genou ou une cheville cassée. Dans ces cas, les diagnostics sont clairs. Et la durée de l'absence du joueur touché est évaluée avec précision.

Les blessures au cerveau sont d'un autre ordre. On ne sait jamais avec certitude à quel moment les symptômes s'estomperont. Pierre-Alexandre Parenteau, qui en a subi deux cette saison, a tenu ces propos révélateurs à mon collègue Richard Labbé en février dernier: «C'est un peu ça le problème avec les commotions cérébrales, c'est une zone grise. Ce n'est jamais très clair, c'est toujours très imprévisible.»

Ensuite, la gestion des coups à la tête demeure un sujet controversé. Rappelez-vous le cas de Dale Weise, lors des séries du printemps dernier. Un contact avec un joueur des Rangers l'a clairement sonné. À la télé, des millions de téléspectateurs ont pu constater son état.

Après examen, Weise a pourtant été jugé apte à retourner au jeu. Et ce n'est que le lendemain, lors d'analyses subséquentes, que le verdict de commotion est tombé.

Enfin, les commotions cérébrales constituent un enjeu juridique majeur pour la LNH. Le recours intenté par d'anciens joueurs, qui souhaitent obtenir compensation pour les dommages subis à leur santé, se poursuit devant un tribunal américain.

***

De toutes les blessures courantes dans la LNH, les commotions cérébrales sont les plus graves. Elles risquent en effet de nuire à la qualité de vie de l'athlète bien après la fin de sa carrière.

Voilà pourquoi les équipes ne devraient pas les décrire avec une expression éculée comme «blessure au haut du corps». Cela les banalise, ce que les circuits professionnels ont malheureusement fait trop longtemps.

Dans le cas de Pacioretty, si la nouvelle se confirme, ce sera d'autant plus inquiétant puisqu'il a déjà subi un choc semblable dans l'affaire Chara en 2011.

Michel Therrien a évoqué mercredi le retour possible de Pacioretty en séries éliminatoires. Tout le monde le souhaite, bien sûr. Le Canadien ne sera pas la même équipe sans lui. Mais si l'attaquant de puissance souffre bel et bien d'une commotion cérébrale, il serait préférable de ne pas émettre de prévisions semblables. L'évolution de cette blessure demeure un mystère et la prudence s'impose.

Une réussite fabuleuse

Des 24 clubs d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes participant à la Ligue des champions de la CONCACAF, il n'en reste plus que deux. Et l'Impact, contre toute attente, est du groupe.

Qui aurait cru ce scénario possible, au printemps dernier, lorsque le bleu-blanc-noir a péniblement éliminé le FC Edmonton en première ronde? Mardi soir, c'était beau de voir les joueurs de Frank Klopas résister juste assez à la pression de leurs rivaux costaricains pour accéder à la finale. Une défaite de 4-2 ne peut être plus chaudement célébrée.

Il faudra maintenant voir si cette réussite fabuleuse permettra à l'Impact de consolider sa place dans le paysage sportif montréalais. Chose certaine, il s'agit d'une occasion exceptionnelle. On sent un réel engouement pour l'équipe. Et les joueurs commencent à être connus du public.

Ces succès renforcent aussi la notoriété de l'Impact dans le soccer international, ce qui favorisera le recrutement. Lorsque le célèbre Jürgen Klinsmann, entraîneur de l'équipe nationale américaine, prend la peine de féliciter le onze montréalais sur son compte Twitter, c'est signe qu'il se passe quelque chose de grand.