Chez le Canadien, cela fait l'unanimité: Carey Price est le leader de l'équipe.

Son regard est confiant et sa démarche, assurée. Ses propos sont mesurés, mais directs. Il regarde ses interlocuteurs droit dans les yeux.

Sa médaille d'or olympique ajoute à sa prestance, tout comme ses paroles avant la dernière période du septième match à Boston, au printemps dernier. Lorsqu'il s'est adressé à ses coéquipiers pour gonfler leur moral, l'impact a été majeur. Si un gardien pouvait être capitaine d'une équipe de la LNH, Price porterait le «C» sur son chandail, ce soir, à Toronto.

Si je vous rappelle tout ça, c'est pour mettre en lumière l'extraordinaire évolution de Price au cours des sept dernières années. Nous avons tous suivi son parcours depuis son arrivée à Montréal en 2007. Le chemin accompli, avouons-le, est étonnant.

Rappelez-vous: les premières saisons de Price à Montréal ont été marquées par quelques épisodes chaotiques. En 2009, par exemple, il a levé les bras au ciel après avoir été dérisoirement applaudi par la foule dans un match difficile en séries éliminatoires.

Vingt-quatre heures plus tard, le Canadien éliminé, Price n'avait pas impressionné en se présentant à une conférence de presse une casquette enfoncée sur la tête, l'allure nonchalante. Ce brin d'arrogance cachait aussi un manque de confiance.

L'année suivante, en séries éliminatoires, il a joué les seconds violons derrière Jaroslav Halak. Au point où, pour beaucoup d'amateurs, il n'était plus clair qui était le véritable gardien d'avenir du Canadien.

Puis, à l'issue de la saison 2013, Price a expliqué à quel point l'absence d'anonymat lui pesait à Montréal, en se comparant à un hobbit dans son trou. Dans ce contexte, pourrait-il s'épanouir avec le Canadien?

Aujourd'hui, les doutes sont balayés. Contrairement à P.K. Subban, Price ne s'arrêtera pas sur le plateau de plusieurs émissions de télé au Québec. Ce n'est pas son style. Mais il n'a jamais semblé si serein dans sa ville d'adoption.

«J'ai vu Carey dès ses premiers pas dans la Ligue nationale, dit Michel Therrien. Je dirigeais alors les Penguins de Pittsburgh. Il avait un bon potentiel. Mais ce que je retiens de lui, c'est qu'il est rendu un pro.

«Son approche et sa préparation sont sûrement différentes qu'à ses débuts dans la Ligue nationale. Son éthique de travail fait en sorte qu'il est un leader de notre équipe. Il est un des meilleurs de sa profession. Et la manière dont il se comporte nous donne beaucoup de confiance à chaque match.»

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Price est maintenant âgé de 27 ans. Le passage des années l'a rendu plus mature. Mais trois autres facteurs ont aussi favorisé son développement.

D'abord, l'arrivée à Montréal l'an dernier d'un nouvel entraîneur des gardiens de but, Stéphane Waite. Sa splendide feuille de route avec les Blackhawks de Chicago, où il a contribué à deux conquêtes de la Coupe Stanley, a lancé un message clair à Price: le Canadien voulait lui fournir le meilleur encadrement possible.

Waite incarne la crédibilité. Sa confiance tranquille et son souci du détail ont influencé Price. Ce n'est pas une coïncidence s'il est maintenant considéré comme un des trois meilleurs gardiens de la LNH.

Ensuite, sa participation aux Jeux olympiques de Sotchi. Je me souviens encore de son arrivée en Russie, en février dernier. Un éclair au fond des yeux, il ne cachait pas son enthousiasme. Représenter son pays en compagnie des meilleurs joueurs canadiens le stimulait au plus haut point.

Au contact de cette formidable équipe, Price a beaucoup appris sur les autres et sur lui-même. Il a vu comment les meilleurs joueurs au monde se préparaient à un match important. Son rendement a contribué à la conquête de la médaille d'or.

Price a tiré des leçons significatives de cette expérience, comme on l'a vu en séries contre les Bruins. Un an plus tôt, il n'aurait peut-être pas pris la parole devant ses coéquipiers dans une situation si tendue.

Enfin, le respect et la confiance de Marc Bergevin et Michel Therrien à son endroit lui rappellent sa place au sein du club: celle d'un chef de file. Chez le Canadien, Price est le véritable point d'ancrage.

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Le passage chez les professionnels est souvent une étape difficile. Certains jeunes joueurs mettent plus de temps à s'adapter. Surtout quand les projecteurs sont braqués sur eux. Analysé sous cet angle, le parcours de Price rappelle l'importance, pour une équipe et ses partisans, d'être patients avec eux.

Brendan Gallagher, un rouage important du Canadien, décrit ainsi l'influence de Price: «Son calme devant le filet compte pour beaucoup. On sait que si on commet une erreur, il peut la réparer. Et il comprend ce que représente le fait de jouer pour le Canadien.»

Cet apprentissage ne s'est pas fait du jour au lendemain. Mais aujourd'hui, Carey Price est au sommet de ses moyens. La saison qui commence ce soir devrait être la meilleure de sa carrière.

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Les bagarres en baisse?

La décision des Maple Leafs de Toronto de céder Colton Orr et Frazer McLaren aux mineures est une nouvelle importante.

Après avoir raté les séries éliminatoires au cours de huit des neuf dernières saisons, les Maple Leafs semblent enfin comprendre que leurs chances de réussite seront meilleures avec des gars qui savent jouer au hockey plutôt que se battre. On reconnaît ici l'influence de Brendan Shanahan, le nouveau président de l'équipe.

En 2011, alors préfet de discipline de la LNH, Shanahan avait déclaré à la CBC: «Nous sommes très sérieux dans notre intention d'approfondir l'étude des coups à la tête. Nous devons aussi examiner la question des bagarres. Je ne peux dire maintenant quelle sera la décision finale. Mais je ne nierai pas que nous examinons cette question de très près.»

Ces belles intentions se sont souvent butées au conservatisme des dirigeants de la LNH. Mais maintenant à la tête d'une équipe, Shanahan reste fidèle à ses principes. Sous le régime de Brian Burke, les Maple Leafs ont défendu avec vigueur les bagarres. Il s'agit donc d'un changement majeur d'orientation pour cette influente organisation.