Il était évident que le revers de jeudi, au Centre Bell, laisserait des traces. Perdre en prolongation fait toujours mal au moral d'une équipe. Mais à ce point? Vraiment?

Pour tout vous dire, je n'ai pas reconnu le Canadien, samedi, à Boston. Où était l'équipe fière et courageuse qui s'est battue avec vigueur depuis le début des séries éliminatoires? Où étaient ces fameux «joueurs d'énergie» devant rappeler aux Bruins que le CH était toujours debout? Et où étaient les attaquants-vedettes, ceux dont la mission est d'inquiéter Tuukka Rask?

Le Canadien n'a pas été dans le coup au TD Garden. Pis encore: les joueurs n'ont jamais semblé y croire après le premier but des Bruins. Difficile de trouver si mauvais moment pour tomber amorphes.

Encore une fois, P.K. Subban a été, et de loin, le meilleur joueur du Canadien. Il s'est battu jusqu'au bout. Dans son bulletin d'après-match, où il lui a attribué la meilleure note de la soirée, mon collègue Pierre Ladouceur a estimé que Subban avait été «un bel exemple à suivre pour ses coéquipiers».

Pierre a dit vrai. Tout comme il a eu raison d'écrire que Thomas Vanek «semble déjà en vacances». Vous savez quoi? J'espère que Marc Bergevin en est venu aux mêmes conclusions. Il pourra ainsi trancher plus facilement lorsque viendra le temps de distribuer les millions cet été.

Compte tenu du plafond salarial, certains arbitrages devront être faits à l'interne avant d'amorcer les négociations. Si Vanek termine cette série comme il l'a commencée, le portrait s'éclaircira de lui-même. Lui consentir un contrat à long terme, compte tenu de ses 30 ans, représentera un risque.

Quant à Subban, souhaitons que sa performance en séries incite la direction du Canadien, toujours très sévère à son endroit, à changer son discours. En janvier dernier, Michel Therrien disait encore qu'il était un joueur avec «un beau potentiel»...

On sait aujourd'hui qu'avec Carey Price, Subban est le véritable leader de l'équipe lorsque ça compte vraiment. Le Canadien devra lui accorder un contrat en conséquence. Même si ça coûtera beaucoup plus cher que l'organisation ne le croyait il y a un mois.

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Alors, tous les espoirs du Canadien sont-ils perdus? Non. La quatrième victoire d'une série est toujours la plus difficile à obtenir. Mais pour empêcher les Bruins de célébrer ce soir, Michel Therrien et son groupe devront donner un sérieux coup de barre.

On verra quelle formation Therrien opposera aux Bruins. Mais puisque ce match est potentiellement sans lendemain, j'espère qu'il misera sur la véritable identité de l'équipe. Ça signifie laisser Douglas Murray et Brandon Prust de côté. Et utiliser Francis Bouillon et Daniel Brière.

Ses succès des dernières semaines, le Canadien ne les doit pas à la robustesse. Pour vaincre les Bruins, il doit d'abord miser sur la finesse. Murray donne peut-être de solides mises en échec, mais je crois néanmoins que Claude Julien est toujours heureux de le voir dans la formation du Canadien. Les Bruins exploitent avec succès ses lacunes défensives.

Quant à Brière, je ne crois pas que sa présence aurait changé quoi que ce soit au résultat du match de samedi. À l'étranger, Therrien croyait Prust en mesure d'en donner davantage à l'équipe, une opinion logique.

Mais puisque le numéro 8 n'a pas saisi sa chance, aussi bien faire confiance à Brière. Le petit attaquant n'est plus le joueur de jadis. Mais il peut encore insuffler du punch à l'attaque. Et voilà ce dont l'équipe a besoin.

Cela dit, le Canadien se retrouvera vite en vacances si les meilleurs attaquants ne lancent pas la machine. Ce soir, tous les regards seront braqués sur Max Pacioretty et Thomas Vanek. Les deux ont une ultime chance de démontrer leur capacité à s'imposer sous pression.

Therrien leur a lancé un message très clair avant le match de samedi, expliquant qu'ils devaient s'adapter au niveau d'intensité des séries, beaucoup plus élevé qu'en saison régulière.

Cet appel demeure pour l'instant sans réponse. Bergevin et Therrien sont sûrement très déçus. Parce qu'avec une contribution plus soutenue de leur part, ce serait sans doute les Bruins qui feraient face à l'élimination ce soir.

Les Bruins n'ont pas joué leur meilleur hockey depuis le début de cette série. Dans les trois premiers matchs, ils ont semblé surpris par l'ardeur du Canadien. Et même s'ils ont resserré leur jeu depuis, ils étaient - et demeurent - battables.

Le Canadien a connu un fort mauvais match samedi. On saura bientôt s'il ne s'agissait que d'un accident de parcours durant une longue série. Ou si c'est le signe d'une équipe au bout du rouleau.

La deuxième option semble la plus probable. Mais le Canadien a souvent rebondi cette saison alors qu'on le croyait au tapis. Chose sûre, une victoire du CH dans ce sixième match renverserait la pression. Les Bruins n'ont sûrement pas le goût de disputer un affrontement décisif mercredi, même devant leurs partisans.

Pour les joueurs de Michel Therrien, le défi est énorme. Pour le relever, ils devront y mettre beaucoup de coeur.

Nesta est-il disponible?

L'Impact a offert un spectacle pitoyable, samedi. Oui, je sais, l'équipe a eu un joueur en moins pendant la quasi-totalité de la rencontre. Mais cela n'explique pas son manque d'énergie.

Les Ultras en tête, une partie de la foule a scandé, et même chanté, le nom de Marco Schällibaum durant le duel. Pourquoi? Parce que sous son règne, l'équipe jouait avec intensité. Le Volcan suisse avait ses défauts, bien sûr, mais les gens se reconnaissaient dans son immense désir de gagner.

Frank Klopas est sûrement un bon homme de soccer. Mais sa personnalité semble plus effacée. Et comme une équipe reflète souvent celle de son entraîneur, ceci donne cela.

Après une saison encourageante en 2013 (malgré une fin en queue de poisson), l'Impact a eu du mal à vendre 9000 abonnements saisonniers en vue du calendrier 2014. Si l'actuelle descente aux enfers n'est pas stoppée, les gens des ventes auront un défi impossible à relever l'hiver prochain.

L'Impact a besoin d'un coup de barre. Il serait peut-être bon de songer à confier les pleins pouvoirs sportifs à un homme crédible, et qui a déjà servi la cause de l'équipe. Au hockey, l'Avalanche a choisi Joe Sakic; les Bruins, Cam Neely; les Canucks, Trevor Linden...

Au fait, Alessandro Nesta est-il bien occupé ces jours-ci? Chose sûre, Joey Saputo, qui a promis des changements, doit respecter ses engagements.